- STOP OU ENCORE: obésité, peut-on stopper le traitement?
Lors du 27ième Colloque de formation continu du Collège de Médecine de Premier Recours (CMPR) avec la Clinical Skills Academy (CSA) la Dre Daniela Sofra, Médecin Agrégée à l’Hôpital de Lavaux, s’est exprimée sur le thème «Peut-on arrêter le traitement de l’obésité?»

L’intervenante a commencé par l’efficacité des traitements pour la perte de poids. Elle a présenté les données de Mounjaro® et de Wegovy® qui entraînent des pertes de poids extraordinaires.
Le mécanisme de la sémaglutide (Wegovy®) consiste au niveau du cerveau d’une sensation de satiété accrue, une diminution de l’apport énergétique, au niveau du pancréas la synthèse de l’insuline, la sécrétion d’insuline et de glucagon dépendantes du niveau de glucose. Inhibition de la production de glucose dans le foie et vidange gastrique retardée.
Mais que se passe-t-il à l’arrêt du traitement?
Il y a une prise de poids avec les deux médicaments qui atteint presque la valeur initiale du poids.
La perte de poids avec d’autres moyens, le régime pauvre en graisses, le régime méditerranéen, le régime pauvre en glucides montrent également des réductions de poids, mais dans une bien moindre mesure, le régime méditerranéen et le régime pauvre en glucides étant légèrement plus efficaces que le régime pauvre en graisse. Il y a également une augmentation lors de l’arrêt de ces régimes, mais elle est beaucoup moins importante. Avec la chirurgie bariatrique (anneau ou équivalent, sleeve ou équivalent, bypass en Y). Les diminutions avec ces méthodes se situent entre –20% et –35% (chirurgie bariatrique). Les augmentations du poids après l’arrêt du traitement sont moins importantes et de l’ordre de 5 à 10 %.
L’obésité est une maladie neurométabolique
Le cerveau contrôle à la fois la faim et le métabolisme énergétique de l’organisme.
Le circuit hypothalamo-intestinal-adipeux peut être considéré comme constitué de:
• un bras «afférent» où les tissus périphériques signalent à l’hypothalamus l’état métabolique
• un bras «efférent», par lequel l’hypothalamus renvoie des signaux aux tissus périphériques via le système nerveux autonome pour maintenir l’homéostasie de l’équilibre énergétique du corps humain.
Possibles mécanismes impliqués dans la reprise de poids post analogues GLP1/GIP
Déséquilibre hormonal après l’arrêt du GLP-1RA. Dysrégulation de la voie et incapacité des cellules du système nerveux central (SNC) à réguler la prise alimentaire chez les personnes obèses. Perte de la suppression de l’appétit et augmentation de la faim. Dysfonctionnement des cellules bêta en raison d’une utilisation continue du GLP-1RA. Capacité réduite à produire de l’insuline après l’arrêt du GLP-1RA, ce qui peut entraîner du diabète et une prise de poids.
De quoi est composé le poids perdu après un traitement contre l’obésité?
Les études montrent que, lors d’un traitement d’une durée d’environ 68 à 72 semaines, les personnes peuvent perdre au moins 10 % de leur masse musculaire. Cela équivaut à une perte musculaire correspondant à environ 20 ans de perte musculaire liée à l’âge.
Pourquoi la perte musculaire est-elle importante?
Perdre du poids est une bonne chose, mais il faut faire attention à ne pas perdre trop de muscle, car cela peut affaiblir le corps et ralentir le métabolisme.
Facteurs qui peuvent aggraver la perte musculaire
Pour préserver la masse musculaire pendant une réduction de poids, deux éléments essentiels doivent être pris en compte.
L’alimentation: il faut consommer suffisamment de protéines de haute qualité (comme celles présentes dans la viande, le poisson, les œufs, ou les produits laitiers) ainsi que des micronutriments (vitamines et minéraux). Parfois, des compléments alimentaires peuvent être nécessaires pour assurer un apport optimal.
L’exercice physique: Les exercices de musculation ou de résistance sont très efficaces pour limiter la perte de masse musculaire et maintenir la force. Le cardio (course, marche rapide) permet de brûler les réserves de sucre, mais pour brûler efficacement la graisse, il faut aussi faire de la musculation.
Le programme EMBLA
Ce programme combine des médicaments pour aider à perdre du poids avec un accompagnement global:
• Suivi par des professionnels comme des infirmiers, médecins, coachs de santé et psychologues.
• Soutien dans des groupes ou communautés pour encourager et accompagner dans le parcours.
Une approche globale pour traiter le surpoids
Il ne suffit pas seulement de prendre des médicaments. La prise en charge doit être holistique, c’est-à-dire prendre en compte tous les aspects de la santé:
• Respecter les besoins de l’organisme, comme dormir au moins 6 à 7 heures dans de bonnes conditions, en évitant de manger trop tard ou en réduisant la quantité de nourriture le soir.
• Manger équilibré, en suivant le rythme naturel du corps, avec une alimentation riche en légumes, fruits, protéines, et en évitant les excès.
• Soutenir la santé mentale, car le stress ou la dépression peuvent influencer la prise de poids.
• Pratiquer une activité physique adaptée, notamment des exercices de renforcement musculaire. Le cardio est utile pour brûler le sucre, mais la musculation est essentielle pour brûler la graisse et maintenir la masse musculaire.
Que faire après l’arrêt du traitement?
Souvent, après arrêter un traitement, il peut y avoir une reprise de poids. La physiologie du corps réagit en augmentant l’appétit, en diminuant la sensation de satiété, et en réduisant la dépense énergétique, ce qui peut favoriser la reprise du poids.
L’importance d’un accompagnement personnalisé
Il est crucial d’avoir un suivi structuré et adapté à chaque personne, car chaque corps réagit différemment. Un accompagnement sur mesure permet d’optimiser les résultats et de limiter les effets secondaires.
Obésité
Stop ou encore pour les traitements de l’obésité?
→ Reprise de poids
À l’arrêt du traitement, la physiologie révèle des rebonds: l’appétit augmente, la satiété diminue, la dépense énergétique est souvent réduite.
Cela implique un accompagnement structuré et sur mesure.
Stop ou encore? Pour le moment, nous n’avons pas une réponse unique.
riesen@medinfo-verlag.ch






