L’ incontinence: une urgence discrète, mais impérative

Dans ce numéro, nous abordons une problématique souvent reléguée au second plan, mais dont l’  impact sur la qualité de vie des personnes âgées et sur nos systèmes de santé est considérable: l’ incontinence urinaire.

L’ incontinence urinaire:
sortir du tabou pour structurer la prise en charge

L’incontinence urinaire touche jusqu’à 45 % des femmes et 32 % des hommes, avec une prévalence dépassant 50 % en milieu hospitalier (1). Trop souvent banalisée, elle mérite une évaluation rigoureuse et une prise en charge structurée. Au-delà des conséquences physiques et psychiques, le poids économique est colossal: 69.1 milliards d’ euros en Europe en 2023, avec une projection à la hausse de 25 % d’ ici 2030 (2). Face à ce constat, la systématisation des pratiques et la formation des équipes sont des leviers essentiels pour améliorer la qualité des soins et préserver la dignité des patients.

Aux Hôpitaux universitaires de Genève, un groupe multidisciplinaire a développé un algorithme innovant pour guider les soignants dans l’identification des facteurs favorisants (DIAPPERS), la reconnaissance des drapeaux rouges et la mise en œuvre de mesures simples avant tout traitement spécifique. Ce travail, porté par le programme ResoContinence, s’appuie sur des enquêtes internes, des recommandations validées et une collaboration étroite entre médecins et infirmiers.

L’algorithme, conçu pour être utilisé par les soignants de première ligne, propose une approche en plusieurs étapes : évaluation initiale, identification des types d’incontinence, gestion des facteurs favorisants, et initiation de traitements adaptés. Il est déjà intégré dans des formations ciblées et pourrait être transposé aux soins à domicile ou en institution.

Ce projet suisse romand illustre parfaitement comment la standardisation des pratiques et l’innovation peuvent améliorer la qualité des soins tout en préservant la dignité des patients.