Le traitement du psoriasis – quoi de neuf ?

Les avancées dans le domaine de la pathogénèse du psoriasis au cour de la dernière décennie, ont abouti au développement de nombreux nouveaux traitements biologiques, ciblant les étapes clés de la pathogenèse. Dans cette revue, nous analyserons le mécanisme d’  action, l’  efficacité et le profil de sécurité de ces nouveaux médicaments.

Le psoriasis est une dermatose auto-immune, chronique, qui peut être associée aux comorbidités systémiques, notamment l’  arthrite psoriasique ou un risque accru pour des évènements cardiovasculaires et qui affecte 2-3% de la population. La recherche au cours de la dernière décennie a permis de mieux comprendre le processus immunitaire impliqué et, en association avec les nouvelles technologies, le développement de thérapies ciblées aux étapes clés de la pathogenèse. Ces traitements ont changé radicalement la prise en charge de patients atteints de psoriasis modéré à sévère, notamment grâce à leur efficacité. Dans cette revue, nous analyserons le mécanisme d’  action, l’   efficacité et le profil de sécurité des nouveaux médicaments biologiques.

Pathogénèse

Le psoriasis est une maladie auto-immune, médiée par les cellules T et des cytokines pro-inflammatoires (1, 2). La majorité des patients souffre d’  un psoriasis en plaques. Les lésions typiques sont des plaques érythémato-squameuses, bien délimitées, qui peuvent couvrir de larges ou plus petites zones du corps (fig 1). Le modèle physiopathologique actuel propose que ce phénotype de psoriasis soit déclenché par des cellules dendritiques dermiques, qui sont activées et produisent des cytokines (Tumor nécrosis factor, TNF, et IL-23) et stimulent l’  activation de cellules CD4+ Th17 et CD8+ Tc17 (3). Une fois activées, ces lymphocytes T, migrent dans l’  épiderme, où ils reconnaissent des autoantigènes épidermiques, comprenant la kératine 7, le peptide antimicrobien LL37 et l’  antigène mélanocytaire ADAMTSL5, et produisent l’  IL-17 et l’  IL-22 (4-11). Les cytokines Th17 vont générer la réponse proliférative de kératinocytes et amplifier la réponse inflammatoire (par production de chémokines et de peptides antimicrobiens), ainsi établissant le phénotype psoriasique.
Le psoriasis pustuleux palmoplantaire (PPPP), le psoriasis pustuleux généralisé (PPG) et l’  acrodermatite continue de Hallopeau constituent un autre phénotype psoriasique, distinct du psoriasis en plaques, le psoriasis pustuleux (fig 1). Concernant ce phénotype, une autre voie inflammatoire a été récemment identifiée, impliquant des mutations de l’  antagoniste du récepteur de l’  IL-36 (IL-36RN) (12, 13), qui aboutissent à une signalisation accrue de l’  IL-36, et à une production accrue d’  IL-1 (14).
Concernant la phase précoce de psoriasis et les formes aiguës de la maladie, telles que le psoriasis érythrodermique et le psoriasis en gouttes, une autre voie inflammatoire qui est basée sur l’ expression de l’  interféron de type I (IFN-α) et a été récemment identifiée. Les cellules dendritiques plasmacytoïdes , une sous-population de cellules dendritiques, secrètent d’ importantes quantités d’  IFN de type I
dans la peau pré-psoriasique, et stimulent l’  activation chronique des cellules dendritiques dermiques (15). Cette voie inflammatoire, liée à l’  IFN de type I est dominante à la phase précoce de psoriasis et est par la suite remplacée dans les plaques chroniques par l’  inflammation liée aux TNF-IL-23-Th17 (16). L’  IFN de type I est également impliqué dans le psoriasis paradoxal, soit le psoriasis induit par les inhibiteurs du TNF-α. Des lésions psoriasiques aiguës peuvent survenir (paradoxalement) comme un effet indésirable chez 2 à 5% des patients sous traitement anti-TNF. Il a été récemment démontré que l’  IFN de type I est élevée en raison du blocage du TNF et que le psoriasis paradoxal est induit par les anti-TNF en l’ absence d’ auto-immunité médiée par les lymphocytes T (17). Le traitement anti-TNF utilisé doit être interrompu dans le psoriasis paradoxal et, si possible, remplacé par un traitement anti-IL-12/23 ou anti-IL-17.
Donc, il existe au moins trois voies inflammatoires distinctes qui peuvent conduire à des phénotypes cliniques distincts dans le psoriasis : les plaques chronique de psoriasis par TNF, le psoriasis pustuleux via IL-36/IL-1 et le psoriasis aigu via l’  IFN de type I.
Cependant, ces voies inflammatoires peuvent coexister et varier dans le temps, chez le même patient.

Thérapies ciblées (traitements biologiques et petites molécules)

La morbidité du psoriasis s’  évalue par des échelles. Un indice qui mesure l’  atteinte et l’  activité de la maladie (PASI : Psoriasis Area and Severity Index) est l’ outil le plus largement utilisé pour la mesure de la sévérité du psoriasis. PASI combine l’ évaluation de la sévérité des lésions et de la zone affectée en un score unique compris entre 0 (pas de maladie) et 72 (maladie sévère). Cet indice sert également à décrire l’  efficacité d’  un traitement. Une réponse PASI 75 / 90 / 100 correspond à une réduction du score PASI de 75 / 90 / 100%.

Anti-TNF : Il y a actuellement trois inhibiteurs du TNF-α qui font partie de l’ arsenal thérapeutique disponible dans le psoriasis modéré à sévère : des anticorps monoclonaux, l’ infliximab (Remicade®) ou l’ adalimumab (Humira®), ou une protéine chimérisée avec le récepteur soluble au TNF (aussi appelée immunoadhésine), l’ etanercept (Enbrel®). Ces médicaments montrent des taux de réponse différents dans le psoriasis, avec l’  infliximab étant la plus efficace (une réponse PASI 75 chez 80% des patients et PASI 90 chez 54%) (18). Un quatrième inhibiteur du TNF, le certolizumab (Cimzia®), qui est pégylé, initialement approuvé pour la maladie de Crohn et l’  arthrite psoriasique est actuellement en phase 3 d’ essais cliniques pour psoriasis. En essai clinique de phase 2, le certolizumab a montré une réponse PASI 75 à 83% des patients (19).

Inhibiteur des interleukines IL-12/IL-23 p 40 : L’ ustékinumab (Stelara®) est un anticorps monoclonal dirigé contre les interleukines 12 et 23 (via la sous-unité commune, p 40). L’ ustékinumab a montré une réponse PASI 75 chez 69% à 90 mg et 75% à 45 mg et une réponse PASI 90 chez 39% à 90 mg et 46% à 45 mg (18).

Thérapies ciblées IL-17 : Il s’  agit des anticorps monoclonaux ciblant l’  IL-17A (sécukinumab et ixékizumab) ou son récepteur (brodalumab). Le sécukinumab (Cosentyx®) a montré une réponse PASI 75 chez 81.6% et une réponse PASI 100 chez 28.6% des patients dans 12 semaines de traitement (20). Sécukinumab montre une réponse thérapeutique très rapide et le résultat peut être maintenue pendant une longue période chez un nombre significatif de patients ayant interrompu leur traitement (21% des patients ont maintenu leur réponse après 1 an et 10% après 2 ans) (21, 22). L’ixékizumab (Taltz®) a montré une réponse PASI 75 chez 89.1% et une réponse PASI 100 chez 35.3% des patients après 12 semaines de traitement (23). Les deux se sont montrés également très efficaces pour le traitement du psoriasis du cuir chevelu et des ongles (24-26). Le brodalumab n’  est pas disponible en Suisse.

Thérapies spécifiques IL-23 : Des agents se sont développés qui lient la sous-unité p19, inhibant seulement l’ IL-23 et pas l’  IL-12 (27, 28). Le guselkumab (Tremfya®), qui a été dernièrement ap-prouvé par Swissmedic, est un anticorps monoclonal dirigé contre l’ interleukine 23 et a montré une réponse PASI 75 chez 85.1% et une réponse PASI 90 chez 73.3% des patients, après 16 semaines de traitement (29). Le tildrakizumab et le risankizumab ne sont pas encore disponibles en Suisse.

Thérapies ciblées IL-36-IL-1 : Sur la base de l’ identification de la voie IL-36-IL-1 dans le psoriasis pustuleux et des cas de rémission rapide après traitement par l’ antagoniste du récepteur de l’ IL-1, l’anakinra, des essais randomisés, contrôlés contre placebo, sont en cours aux Etats-Unis et au Royaume-Uni et un anticorps contre l’ IL-36 (ANB019) a été développé pour le traitement du psoriasis pustuleux généralisé (études de phase 1).

Thérapies ciblées de l’  IFN type I : le rôle primordial de l’  IFN de type I dans les formes aiguës de psoriasis, y compris le psoriasis érythrodermique et le psoriasis en gouttes, justifie le développement d’ approches thérapeutiques ciblant cette voie. Des anti-IFN-α
et antagonistes du récepteurs α/β de l’  IFN sont actuellement développés et testés dans des essais cliniques pour des maladies autoimmunes telles que le lupus.

Petites molécules : Les avantages des petites molécules par rapport aux traitements biologiques sont le fait qu’  elles peuvent diffuser dans la cellule et cibler les voies de signalisation intracellulaires, qu’elles peuvent être administrées per os et qu’elles sont moins coûteuses. Cependant, les thérapies à petites molécules ont aussi l’ inconvénient d’ avoir une sélectivité de la cible inférieure et d’ exercer des effets hors cible, ainsi qu’  une efficacité plus faible. L’ aprémilast (Otezla®) est un inhibiteur à petites molécules de la phosphodiestérase 4 (PDE4) pris par voie orale, qui est indiqué pour le traitement des patients at-teints de psoriasis en plaques ou d’  une arthrite psoriasique. L’aprémilast n’a montré qu’  une réponse PASI 75 chez 33.1% des patients, après 16 semaines de traitement (30), mais semble être efficace pour le psoriasis palmoplantaire, du cuir chevelu et des ongles (31, 32) et ne nécessite aucune surveillance. Le tofacitinib (Xeljanz®) est un inhibiteur sélectif de la famille des JAK kinases, administré par voie orale. Actuellement, il est indiqué chez les patients atteints d’  une polyarthrite rhumatoïde. Dans les essais cliniques, tofacitinib a montré une réponse PASI 75 chez 59% et PASI 90 chez 39% des patients, à 16 semaines.

Sécurité des thérapies

Il y existe maintenant plusieurs rapports de sécurité à long terme d’ agents biologiques utilisés dans le traitement du psoriasis. Beaucoup d’ entre eux sont des rapports provenant de grands registres prospectifs multicentriques, tels que le Psoriasis Longitudinal Assessment and Registry (PSOLAR), évaluant la sécurité des traitements systémiques conventionnels et des agents biologiques (33).

Réactions allergiques et réactions sur site d’  injection : Des réactions bénignes au site d’ injection, des éruptions cutanées non spécifiques, de la cellulite et des réactions d’ hypersensibilité sont des événements indésirables relativement fréquents. Une grande variété de réactions cutanées causées par des agents biologiques ont été rapportées, allant de réactions bénignes et réversibles au site d’ injection à des réactions allergiques, nécessitant l’ arrêt de l’ agent biologique impliqué (34).

Risque d’  infection : Les données de PSOLAR ont montré que, dans leur ensemble, les produits biologiques n’ augmentent pas le risque d’ infection par rapport aux agents non biologiques. Cependant, lorsque que chaque agent biologique a été examiné séparément, des taux plus élevés des infections graves ont été observés dans les groupes infliximab (2,49 pour 100 patients/années) et adalimumab (1,97) que dans ceux sous étanercept (1,47), ustékinumab (0,83), ou des agents non biologiques (< 1,30) (35). Le TNF-α est une molécule clé dans la formation des granulomes impliqués dans le contrôle des infections par mycobactéries. Les traitements immunosuppresseurs sont associés à un risque accru de réactivation de la tuberculose, conduisant dans la plupart des cas à une maladie disséminée ou extrapulmonaire. Ainsi, le dépistage de la tuberculose est devenu obligatoire avant le traitement avec des médicaments biologiques et une chimioprophylaxie est nécessaire en cas de dépistage positif. D’ autre part, IL-17 joue un rôle important dans la surveillance immunitaire à la barrière cutanéomuqueuse des voies respiratoires et gastro-intestinales ainsi que de la peau (36, 37). Donc, les infections à Candida sont plus fréquentes sous ce traitement (38). Ces infections étaient toutes non graves et n’  ont pas nécessité l’ interruption du traitement (39). En cas d’  infection chronique connue, et si les dermocorticoïdes ne sont pas suffisants, la photothérapie, l’  acitretin ou l’  aprémilast sont proposés.

Risque oncologique : Les anti-TNF sont liés à un risque légèrement accru de cancers cutanés non mélanocytaires et possiblement après une longue exposition (> 12 mois) à une augmentation globale des taux de malignité (40, 41). Plus de données sont nécessaires pour confirmer ces résultats. Chez des patients avec des antécédents de malignité, la photothérapie, le méthotrexate, l’ acitrétine et l’ aprémilast devraient être favorisés. Cependant, il ne s’  agit pas d’  une contre-indication absolue à la thérapie biologique. Les traitements biologiques doivent être évités chez les patients atteints de tumeurs malignes actives ou de lymphomes. Concernant les autres tumeurs, un intervalle de cinq ans de rémission doit être respecté.

Risque cardiovasculaire : Dans des essais cliniques de phase précoce, l’  ustékinumab a présenté un risque accru d’ événements cardiovasculaires indésirables majeurs, fait qui n’  a pas pu être confirmé dans de plus grands essais (42) et l’ analyse des données PSOLAR n’ a pas montré de risque statistiquement significatif des événements cardiovasculaires majeurs avec l’ un des agents biologiques (43). Des études chez des souris ont montré que la signalisation du TNF-α joue un rôle régulateur crucial dans la régénération musculaire cardiaque (44). Les anti-TNF doivent donc être évités en cas d’  insuffisance cardiaque sévère. Cependant, les anti-TNF inhibitors, le méthotrexate et la photothérapie diminuent le risque cardiovasculaire en diminuant l’  inflammation au niveau cutané.

Risque neurologique : Des maladies démyélinisantes du système nerveux central ou périphérique, comme la sclérose en plaques, ont été signalées sous traitement anti-TNF, même si elles sont extrêmement rares (45). De plus dans certains cas les tentatives de traitement de la sclérose en plaques avec des inhibiteurs du TNF ont augmenté l’ activité de la maladie (46). La survenue de symptômes évocateurs nécessite donc impérativement l’  arrêt du traitement qui est contre-indiqué chez les patients ayant un antécédent personnel d’  une maladie démyélinisant. Néanmoins, comme il reflète un événement rare, l’ association causale entre l’ inhibition du TNF et la sclérose en plaques reste à prouver.

Effets secondaires immunologiques : le traitement anti-TNF peut aggraver des maladies préexistantes ou induire de nouvelles maladies auto-immunes, telles que le lupus érythémateux et le psoriasis paradoxal (47). Ces effets secondaires sont spécifiques de l’ inhibition du TNF et proviennent d’ un déséquilibre entre le TNF et les interférons de type I. En outre, touts les traitements anti-TNF peuvent induire des anticorps antinucléaires chez des patients atteints d’  arthrite psoriasique et/ou de psoriasis, sans conséquences cliniques dans la majorité des cas (48).

Effets secondaires gastroentérologiques : Des perturbations des tests hépatiques ont été décrites, donc un contrôle des tests hépatiques est recommandé avant l’  introduction d’  un traitement biologique. La réactivation des infections d’ hépatite B a été rapportée avec les anti-TNF (fatale chez certains patients). Pour cette raison ils sont donc contre-indiqués chez les patients atteints d’ hépatite B non traitée. Il n’  y a pas d’  évidence de réactivation ou de péjoration en cas d’  hépatite C chronique (49). Parmi les agents biologiques, le blocage de l’ IL-17 ou de l’ IL-12 / IL-23 pourrait en général présenter un meilleur profil d’ innocuité que les anti-TNF concernant leur utilisation chez les patients atteints d’ hépatite virale. La survenue ou l’ aggravation d’ une maladie inflammatoire intestinale a été rapportée chez des patients atteints de psoriasis traités par des inhibiteurs de l’ IL17 (50, 51). Chez les patients souffrant d’ une maladie intestinale inflammatoire anamnéstique ou active, d’ autres options de traitement, surtout des anticorps anti-TNF ou de l’  ustékinumab montrant un effet positif sur la maladie inflammatoire de l’ intestin, doivent être considérées en premier.

Perspectives

Vers un traitement personnalisé du psoriasis
Actuellement, le choix du traitement est basé sur le profil de sécurité du traitement, les comorbidités du patient et l’ indication au traitement. Cependant, les récentes découvertes du transcriptome et de la génétique indiquent des voies inflammatoires supplémentaires et suggèrent qu’ une meilleure caractérisation moléculaire et qu’une stratification clinique de la maladie peuvent nous aider à déterminer si un patient est plus susceptible de répondre à un produit biologique donné. Un exemple vient d’ une étude récente, qui a évalué l’ association entre les polymorphismes LCE3B, HLA-Cw6 et TNFAIP3 et la réponse du traitement aux agents biologiques (52): l’ étude a montré que les patients HLA-Cw6-positifs répondaient mieux et plus rapidement à l’ ustékinumab et que TNFAIP3 était associé à une meilleure réponse à l’ inhibition du TNF. Comme HLA-Cw6 est exprimé chez 90% des patients de type 1 (psoriasis précoce, avant l’ âge de 40  ans), cette étude suggère que l’ ustékinumab devrait être utilisé de préférence chez ce type de patient.
En plus de la découverte de biomarqueurs et du développement de traitements personnalisés, le domaine du psoriasis progresse rapidement grâce aux découvertes scientifiques et au développement de nouvelles technologies pharmaceutiques. Un domaine de recherche émergeant se concentre sur les altérations du microbiome (appelé dysbiose) dans la peau psoriasique (54). L’ un des principaux progrès récents dans le domaine des modalités thérapeutiques a été la conception d’ anticorps multi-spécifiques, qui ciblent au moins deux épitopes. Des anticorps bispécifiques qui bloquent à la fois le TNF-α et l’ IL-17 ont été développés et sont actuellement testés dans des essais de phase 1 / 2 pour le psoriasis (ClinicalTrials.gov Identifier: NCT02243787). Plus récemment, la technologie de génération d’ anticorps trispécifiques a été développée (55). Une autre question est de savoir si la génétique pourra prédire le psoriasis et donc permettre une intervention thérapeutique précoce. Actuellement, plus que 40 loci de susceptibilité ont été identifiés, mais l’ effet de taille de chaque variantes est trop petit pour expliquer l’ hérédité. Un certain nombre d’ études ont toutefois suggéré que la combinaison de plusieurs variantes génétiques pourrait permettre de calculer un score de risque génétique pouvant prédire le développement du psoriasis (56, 57). La capacité de guérir ou de prévenir le psoriasis reste le défi majeur pour le futur.

Pr Curdin Conrad

Service de dermatologie et vénéréologie
Hôpital de Beaumont
Avenue de Beaumont 29
1011 Lausanne

Curdin.Conrad@chuv.ch

  • Le psoriasis, une dermatose auto-immune, chronique, peut être associé aux comorbidités systémiques, et affecte 2-3% de la population.
  • Les nouvelles thérapies biologiques et aux petites molécules ciblent les étapes clés de la pathogenèse.
  • Un domaine de recherche dans la peau psoriasique émerge sur les altérations du microbiome.
  • Des anticorps multi-spécifiques ciblant au moins deux épitopes présentent un des principaux progrès récents et la technologie de génération d’ anticorps trispécifiques a été développée.
  • Savoir si la génétique pourra prédire le psoriasis permettrait une intervention thérapeutique précoce.

Références
1. Lowes MA et al. Immunology of psoriasis. Annu Rev Immunol 2014;32(1):227–255. https://doi.org/10. 1146/annurev-immunol-032713-120225
2. Tonel G, Conrad C. Interplay between keratinocytes and immune cells—recent insights into psoriasis pathogenesis. Int J Biochem Cell Biol 2009;41(5):963–968. https://doi.org/10.1016/j. biocel.2008.10.022
3. Conrad C, Gilliet M. Psoriasis: from Pathogenesis to Targeted Therapies. Clinic Rev Allerg Immunol 2018;54:102-13
4. Aggarwal S et al. Interleukin-23 promotes a distinct CD4 T cell activation state characterized by the production of interleukin-17. J Biol Chem 2003;278(3):1910–1914. https://doi.org/10.1074/jbc. M207577200
5. Hijnen D et al. CD8(+) T cells in the lesional skin of atopic dermatitis and psoriasis patients are an important source of IFN-gamma, IL-13, IL-17, and IL-22. J Invest Dermatol 2013;133(4):973–9. https://doi.org/10.1038/jid.2012.456
6. Di Meglio P et al. Targeting CD8(+) T cells prevents psoriasis development. J Allergy Clin Immunol 2016;138(1):274–276 e276. https://doi.org/10.1016/j.jaci.2015.10.046
7. Boyman O et al. Spontaneous development of psoriasis in a new animal model shows an essential role for resident T cells and tumor necrosis factor-alpha. J Exp Med 2004;199(5):731–6. https://doi.org/10. 1084/jem.20031482
8. Conrad C et al. Alpha1beta1 integrin is crucial for accumulation of epidermal T cells and the development of psoriasis. Nat Med 2007;13(7):836–842. https://doi.org/10.1038/nm1605
9. Cheuk S et al. Epidermal Th22 and Tc17 cells form a localized disease memory in clinically healed psoriasis. J Immunol 2014;192(7): 3111–3120. https://doi.org/10.4049/jimmunol.1302313
10. Lande R, Botti E, Jandus C, Dojcinovic D, Fanelli G, Conrad C, Chamilos G, Feldmeyer L, Marinari B, Chon S et al. The antimicrobial peptide LL37 is a T- cell autoantigen in psoriasis. Nat Commun 2014;5:5621. https://doi.org/ 10.1038/ncomms6621
11. Arakawa A et al. Melanocyte antigen triggers autoimmunity in human psoriasis. J Exp Med 2015;212(13):2203–12. https://doi.org/10.1084/jem. 20151093
12. Marrakchi S et al. Interleukin-36-receptor antagonist deficiency and gener- alized pustular psoriasis. N Engl J Med 2011;365(7):620–8. https://doi. org/10.1056/NEJMoa1013068
13. Onoufriadis A et al. Mutations in IL36RN/IL1F5 are associated with the severe episodic inflammatory skin disease known as generalized pustular psoriasis. Am J Hum Genet 2011;89(3): 432–7. https://doi.org/10.1016/j.ajhg.2011.07.022
14. Setta-Kaffetzi N et al.Rare pathogenic variants in IL36RN underlie a spectrum of psoriasis-associated pustular phenotypes. J Invest Dermatol 2013;133(5):1366–9. https://doi.org/10.1038/jid.2012.490
15. Nestle FO et al. Plasmacytoid predendritic cells initiate psoriasis through interferon-alpha production. J Exp Med 2005;202(1):135–43. https://doi.org/10.1084/jem.20050500
16. Conrad C et al. Plasmacytoid dendritic cells in the skin: to sense or not to sense nucleic acids. Semin Immunol 2009;21(3):101–9. https://doi.org/10.1016/j.smim.2009.01.004
17. Conrad C et al. TNF block- ade induces a dysregulated type I IFN response without autoimmunity in paradoxical psoriasis. Nat Commun 2018 Jan 2;9(1):25
18. Reich K et al. Efficacy of biologics in the treatment of moderate to severe psoriasis: a network meta-analysis of randomized controlled trials. Br J Dermatol 2012;166(1):179–88. https://doi.org/10.1111/j.1365-2133.2011.10583. x
19. Reich K et al. Successful treatment of moderate to severe plaque psoriasis with the PEGylated Fab’  certolizumab pegol: results of a phase II randomized, placebo-controlled trial with a retreatment extension. Br J Dermatol 2012;167(1):180–90. https://doi.org/10.1111/ j.1365-2133.2012.10941.x
20. Langley RG et al. Secukinumab in plaque psoriasis–results of two phase 3 trials. N Engl J Med 2014;371(4):326–38. https://doi.org/10.1056/NEJMoa1314258
21. Thaci D et al. Secukinumab is superior to ustekinumab in clearing skin of subjects with moderate to severe plaque psoriasis: CLEAR, a randomized controlled trial. J Am Acad Dermatol 2015;73(3):400–9. https://doi.org/10. 1016/j.jaad.2015.05.013
22. Lebwohl M et al. Long-term psoriasis control following secukinumab discontinuation indicated disease modification of moderate to severe psoriasis. Presented at: 13th Annual Maui Derm for Dermatologists 20- 24th March, 2017
23. Gordon KB et al. Phase 3 trials of Ixekizumab in moderate-to- severe plaque psoriasis. N Engl J Med 2016;375(4):345–356. https:// doi.org/10.1056/NEJMoa1512711
24. Bagel J et al. The effect of secukinumab on moderate-to-severe scalp psoriasis: results of a 24-week, randomized, double-blind, placebo-controlled phase 3b study. J Am Acad Dermatol 2017;77(4):667–74. https://doi.org/10. 1016/j.jaad.2017.05.033
25. Reich K et al. Secukinumab shows high and sustained efficacy in nail psoriasis: Week 80 results from the TRANSFIGURE study. Presented at: American Academy of Dermatology 2017 Annual Meeting Orlando, FL, March 3-7, 2017
26. Langley RG et al.Improvement of scalp and nail lesions with ixekizumab in a phase 2 trial in patients with chronic plaque psoriasis. J Eur Acad Dermatol Venereol 2015;29(9):1763–70. https://doi.org/10.1111/jdv.12996
27. Tonel G et al. Cutting edge: a critical functional role for IL-23 in psoriasis. J Immunol 2010;185(10):5688–91. https:// doi.org/10.4049/jimmunol.1001538
28. Kopp T et al. Clinical improve- ment in psoriasis with specific targeting of interleukin-23. Nature 2015;521(7551):222–6. https://doi.org/10.1038/nature14175
29. Blauvelt A et al. Efficacy and safety of guselkumab, an anti-interleukin-23 monoclonal antibody, compared with adalimumab for the continuous treatment of patients with moderate to severe psoriasis: results from the phase III, double-blinded, placebo- and active comparator-controlled VOYAGE 1 trial. J Am Acad Dermatol 2017;76(3):405–17. https://doi.org/10.1016/j.jaad. 2016.11.041
30. Bissonnette R et al. Apremilast for the treatment of moderate to severe palmoplantar psoriasis: results from a double-blind, placebo-controlled, randomized study. J Eur Acad Dermatol Venereol 2018;32(3):403-10. https://doi.org/10.1111/jdv.14647
31. Rich P et al. Apremilast, an oral phosphodiesterase 4 inhibitor, in patients with difficult-to-treat nail and scalp psoriasis: results of 2 phase III randomized, controlled trials (ESTEEM 1 and ESTEEM 2). J Am Acad Dermatol 2016;74(1):134–42. https://doi.org/10.1016/j. jaad.2015.09.001
32. Papp K et al. Safety surveillance for Ustekinumab and other psoriasis treatments from the Psoriasis Longitudinal Assessment and Registry (PSOLAR). J Drugs Dermatol 2015;14(7):706–14
33. Otani IM et al. Cutaneous Manifestations of Reactions to Biologics. Curr Allergy Asthma Rep. 2018;18(2):12. doi: 10.1007/s11882-018-0764-z
34. Kalb RE et al. Risk of serious infection with biologic and systemic treatment of psoriasis: results from the Psoriasis Longitudinal Assessment and Registry (PSOLAR). JAMA Dermatol 2015;151(9):961–9. https://doi.org/10.1001/jamadermatol. 2015.0718
35. Cantini F et al. Risk of tuberculosis reactivation in patients with rheumatoid arthritis, ankylosing spondylitis, and psoriatic arthritis receiving non-anti-TNF-targeted biologics. Mediat Inflamm 2017:8909834. https://doi.org/10.1155/2017/8909834
36. Puel A et al. Chronic mucocutaneous candidiasis in humans with inborn errors of interleukin-17 immu- nity. Science 2011; 332(6025):65–8. https://doi.org/10.1126/science. 1200439
37. Langley RG et al. Secukinumab in plaque psoriasis–results of two phase 3 trials. N Engl J Med 2014;371(4):326–38. https://doi.org/10.1056/NEJMoa1314258
38. Conrad C et al. Secukinumab-treated subjects experience low rates of Candida and recurrent Candida infections: a pooled analysis from 10 phase 2 and 3 clinical studies in psoriasis. Presented at American Academy of Dermatology 2016 Annual Meeting, Washington, DC, 4-8th March, 2016
39. Burmester GR et al. Adalimumab: long-term safety in 23 458 patients from global clinical trials in rheumatoid arthritis, juvenile idiopathic arthritis, ankylosing spondylitis, psoriatic arthritis, psoriasis and Crohn’  s disease. Ann Rheum Dis 2013;72(4):517–24. https://doi.org/ 10.1136/annrheumdis-2011-201244
40. Fiorentino D et al. Risk of malignancy with systemic psoriasis treatment in the Psoriasis Longitudinal Assessment Registry. J Am Acad Dermatol 2017;77(5):845–54 e845. https://doi.org/10.1016/j.jaad.2017.07.013
41. Ryan C et al. Association between biologic therapies for chronic plaque psoriasis and cardiovascular events: a meta-analysis of randomized controlled trials. JAMA 2011;306(8):864–71. https://doi.org/10.1001/ jama.2011.1211
42. Bissonnette R et al. Evaluation of risk of major adverse cardiovascular events with biologic therapy in patients with psoriasis. J Drugs Dermatol 2017; 16(10):1002–13
43. Chen SE et al. Role of TNF-{alpha} signaling in regeneration of cardiotoxin-injured muscle. Am J Physiol Cell Physiol 2005;289:C1179–87
44. Zhu TH et al. Demyelinating disorders secondary to TNF-inhibitor therapy for the treatment of psoriasis: A review. J Dermatolog Treat 2016;27(5):406-13. doi: 10.3109/09546634.2015.1136385
45. TNF neutralization in MS: results of a randomized, placebo- controlled multicenter study. The Lenercept Multiple Sclerosis Study Group and the University of British Columbia MS/MRI Analysis Group. Neurology 1999;53 (3):457–65
46. Conrad C et al. TNF blockade induces a dysregulated type I IFN response without autoimmunity in paradoxical psoriasis. Nat Commun 2018;9:25. https://doi.org/10.1038/ s41467-017-02466-4
47. Pirowska MM et al. Autoimmunogenicity during anti-TNF therapy in patients with psoriasis and psoriatic arthritis. Postepy Dermatol Alergol 2015;32(4):250-4. doi: 10.5114/pdia.2015.53320
48. Iannone F et al. Safety of etanercept and methotrexate in patients with rheumatoid arthritis and hepatitis C virus infection: a multicenter randomized clinical trial. J Rheumatol 2014;41(2):286-92
49. Blauvelt A. Safety of secukinumab in the treatment of psoriasis. Expert Opin Drug Saf 2016;15(10):1413–1420. https://doi.org/10. 1080/14740338.2016.1221923
50. Reich K et al. Inflammatory bowel disease among patients with psoriasis treated with ixekizumab: a presentation of adjudicated data from an integrated database of 7 randomized controlled and uncontrolled trials. J Am Acad Dermatol 2017;76(3):441–448 e442. https://doi. org/10.1016/j.jaad.2016.10.027
51. Talamonti M et al. Pharmacogenetics of psoriasis: HLA-Cw6 but not LCE3B/3C deletion nor TNFAIP3 polymorphism predisposes to clinical response to interleukin 12/23 blocker ustekinumab. Br J Dermatol 2013;169(2):458–63. https://doi.org/10. 1111/bjd.12331
52. Langan EA et al. The role of the microbiome in psoriasis: moving from disease description to treatment prediction? Br J Dermatol 2018;178(5):1020-27. https://doi.org/10.1111/bjd.16081
53. Dimasi N et al. Development of a trispecific antibody designed to simultaneously and efficiently target three different antigens on tumor cells. Mol Pharm 2015;12(9):3490–3501. https://doi.org/10.1021/acs. molpharmaceut.5b00268
54. Kisiel B et al. The association between 38 previously reported polymorphisms and psoriasis in a Polish population: high predicative accuracy of a genetic risk score combining 16 loci. PLoS One 2017;12(6):e0179348. https://doi.org/10.1371/journal.pone. 0179348
55. Yin X et al. A weighted polygenic risk score using 14 known susceptibility variants to estimate risk and age onset of psoriasis in Han Chinese. PLoS One 2015;10(5):e0125369. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0125369

Interventions d’aide au sevrage tabagique et prévention des maladies cardiovasculaires

Le tabagisme concerne 25% de la population suisse et représente un des principaux facteurs de risque cardiovasculaire (1). Plus de 9000 décès annuels sont attribuables au tabagisme dont 39% sont d’origine cardiovasculaire (2). Parmi les bénéfices de l’ arrêt du tabac, la diminution du risque de développer un événement coronarien est l’ un des plus précoce avec un risque réduit de moitié déjà après deux ans de sevrage tabagique (3, 4). Cet article résume les connaissances actuelles sur interventions médicales d’aide au sevrage tabagique.

Interventions médicales

Différentes interventions augmentent significativement les chances d’arrêt du tabac, notamment le conseil médical et les traitements pharmacologiques (5).
L’  intervention médicale se base sur le modèle des 5 A’s (fig. 1) (6-8):

• Ask : interroger sur tabagisme
• Assess : évaluer le degré de dépendance et la motivation à arrêter de fumer
• Advise : conseiller l’  arrêt du tabac
• Assist : soutenir la démarche d’arrêt
• Arrange : assurer un suivi.

Traitements pharmacologiques

Trois traitements pharmacologiques sont recommandés pour le sevrage tabagique, la substitution nicotinique, la varénicline et le bupropion. Leur efficacité est largement démontrée avec des chances d’ arrêt doublées voire triplées à 6–12 mois (9).

Substitution nicotinique
Les substituts nicotiniques se présentent sous formes de patchs et différentes formes orales comme la gomme, le comprimé, l’ inhalateur ou le spray buccal, avec une efficacité supérieure lors d’une association d’un patch à une forme orale par rapport à l’ usage d’un seul substitut (10). Bien que la nicotine ait des effets sympathomimétiques, la nocivité du tabagisme sur le système cardiovasculaire est principalement liée aux effets du monoxyde de carbone et à l’ action thrombogène induite par de nombreux composants présents dans la fumée du tabac (11). Plusieurs études rapportent qu’en comparaison du placébo, l’ usage de substituts nicotiniques n’augmente pas le risque d’événements cardiovasculaires majeurs (12–14).

Varénicline
La varénicline agit sur les récepteurs nicotiniques avec une action à la fois agoniste atténuant les symptômes de sevrage, et antagoniste bloquant les effets de la nicotine en cas de reprise de cigarettes. Une légère augmentation du risque d’événements cardiovasculaires en association avec la varénicline a été rapportée. Le lien de causalité n’a cependant pas été établi et les résultats de plusieurs études n’ont pas mis en évidence d’augmentation du risque d’événements cardiovasculaires (13–16). Des effets secondaires neuropsychiatriques, parfois avec des idées suicidaires ont été signalés lors de traitement de varénicline. Une importante étude n’a cependant pas montré de différences de risque d’effets secondaires neuro-psychiatriques entre les participants sous varénicline, bupropion, patch de nicotine et le placebo (17). L’ étude ayant exclu les participants avec une maladie psychique non stabilisée ou avec un risque suicidaire, ce traitement reste déconseillé chez ces patients.

Bupropion
Enfin, le bupropion est un antidépresseur augmentant les chances de réussite du sevrage tabagique, il peut être associé à un substitut nicotinique avec une efficacité supérieure aux substituts seuls (10, 18). Il présente plusieurs contre-indications, notamment les antécédents ou les situations à risque d’ épilepsie. Il existe aussi un risque d’inter-actions médicamenteuses dues à l’  inhibition du CYP2D6.

Réduction de la consommation

Lorsque le patient ne parvient pas à arrêter de fumer ou n’est pas prêt à arrêter à court terme, une phase de réduction de la consommation soutenue par une substitution nicotinique peut être proposée, tout en maintenant l’  objectif d’un arrêt complet, cette phase de réduction augmentant légèrement les chances de sevrage tabagique à moyen terme (19). Lors d’un traitement de varénicline, un arrêt progressif de la consommation d’une durée d’un à trois mois est également une option possible (20).

Vapotage

Les vaporettes (nous proposons de remplacer le terme « cigarette électronique » au profit de « vaporette », afin de mieux distinguer ce dispositif de la cigarette de tabac) sont des dispositifs produisant un aérosol pouvant contenir de la nicotine. De nombreux modèles et un très large choix de liquides existent. La vente de liquides avec nicotine est désormais autorisée en Suisse depuis fin avril 2018. La quantité de substances nocives présentes dans l’  aérosol produit par la vaporette est généralement très faible, elle varie selon le type de vaporette, du liquide, de l’  utilisation et de l’ entretien du dispositif comme le renouvellement de la résistance. Il est actuellement communément admis que l’ usage de la vaporette à la place des cigarettes réduit considérablement l’ exposition aux substances nocives de la fumée du tabac (21, 22). Malgré des données encore insuffisantes sur l’ efficacité du vapotage pour le sevrage tabagique, une méta-analyse suggère que le vapotage avec nicotine favorise l’ arrêt du tabac (23). En attendant les résultats d’autres études, nous ne devrions pas décourager le vapotage chez les patients qui ne veulent pas ou n’ont pas réussi à arrêter de fumer avec les aides médicamenteuses habituellement recommandées. Dans cette situation, il importe de soutenir la démarche de sevrage tabagique, d’informer le patient sur les connaissances actuelles sur le vapotage et de donner quelques conseils d’utilisation, comme l’ importance de l’ entretien du dispositif.

Cet article est déjà publié dans
« info@coeur+vaisseau 2018;3:8-9 »

Dr Isabelle Jacot Sadowski

Policlinique médicale universitaire
Rue du Bugnon 44
1011 Lausanne

isabelle.jacot-sadowski@chuv.ch

L’ auteure n’a déclaré aucun conflit d’intérêts en relation avec cet article.

  • L’arrêt du tabac est une des principales recommandations pour la
    prévention des maladies cardiovasculaires.
  • Le conseil médical et les traitements pharmacologiques d’aide au sevrage tabagique augmentent significativement les chances de succès d’une tentative d’arrêt.
  • La substitution nicotinique, la varénicline et le bupropion sont trois traitements pharmacologiques recommandés, certaines associations augmentent l’efficacité.
  • Le vapotage réduit considérablement l’exposition aux substances toxiques par rapport au tabagisme et pourrait aider à arrêter de fumer, le médecin ne devrait donc pas décourager son usage chez les patients ne voulant pas ou n’ayant pas réussi à arrêter de fumer avec les aides médicamenteuses.

Références:
1. Gmel G et al. Monitorage suisse des addictions : consommation d’alcool, tabac et drogues illégales en Suisse en 2016. Addiction Suisse, Lausanne 2017
2. Office fédéral de la statistique. Les décès dus au tabac en Suisse entre 1995 et 2012. OFS 1056-1200. Office fédéral de la statistique, Neuchâtel 2015
3. Kawachi I et al. Smoking cessation and time course of decreased risks of coronary heart disease in middle-aged women. Arch Inter Med. 1994;154(2):169-75
4. Critchley JA, Capewell S. Mortality Risk Reduction Associated With Smoking Cessation in Patients With Coronary Heart Disease: A Systematic Review. JAMA 2003;290(1):86-97
5. Patnode CD et al. Behavioral Counseling and Pharmacotherapy Interventions for Tobacco Cessation in Adults, Including Pregnant Women: A Review of Reviews for the U.S. Preventive Services Task Force. Ann Int Med 2015;163(8):608-21
6. Fiore M et al. Treating Tobacco Use and Dependence: 2008 Update. Rockville, Md.: U.S. Department of Health and Human Services, Public Health Service; 2008
7. Zwar N RR et al. Supporting smoking cessation: a guide for health professionals. Melbourne : The royal australian college of general practitioners. 2011
8. Cornuz J et al. Conseil médical aux fumeurs et fumeuses. Document de référence pour les médecins. VIVRE SANS TABAC, Programme national d’arrêt du tabagisme, Berne 2015
9. Stead LF et al. Nicotine replacement therapy for smoking cessation. The Cochrane database of systematic reviews. 2012;11:Cd000146
10. Cahill K et al. Pharmacological interventions for smoking cessation: an overview and network meta-analysis. The Cochrane database of systematic reviews. 2013;5:Cd009329
11. Benowitz NL, Burbank AD. Cardiovascular toxicity of nicotine: Implications for electronic cigarette use. Trends Cardiovasc Med 2016;26(6):515-23
12. Joseph AM, Fu SS. Safety issues in pharmacotherapy for smoking in patients with cardiovascular disease. Progress Cardiovascr Dis. 2003;45(6):429-41
13. Mills EJ et al. Cardiovascular events associated with smoking cessation pharmacotherapies: a network meta-analysis. Circulation 2014;129(1):28-41
14. Benowitz NL et al. Cardiovascular Safety of Varenicline, Bupropion, and Nicotine Patch in Smokers: A Randomized Clinical Trial. JAMA 2018
15. Sterling LH et al. Varenicline and Adverse Cardiovascular Events: A Systematic Review and Meta-Analysis of Randomized Controlled Trials. J Am Heart Ass 2016;5(2)
16. Cahill K et al. Nicotine receptor partial agonists for smoking cessation. The Cochrane database of systematic reviews. 2016(5):Cd006103
17. Anthenelli RM et al. Neuropsychiatric safety and efficacy of varenicline, bupropion, and nicotine patch in smokers with and without psychiatric disorders (EAGLES): a double-blind, randomised, placebo-controlled clinical trial. Lancet 2016;387(10037):2507-20
18. Hughes JR et al. Antidepressants for smoking cessation. The Cochrane database of systematic reviews. 2014;1:Cd000031
19. Lindson-Hawley Net al. Interventions to reduce harm from continued tobacco use. The Cochrane database of systematic reviews. 2016;10:Cd005231
20. Ebbert JO et al. Effect of varenicline on smoking cessation through smoking reduction: a randomized clinical trial. JAMA 2015;313(7):687-94
21. Shahab L et al. Nicotine, Carcinogen, and Toxin Exposure in Long-Term E-Cigarette and Nicotine Replacement Therapy Users: A Cross-sectional Study. Ann Intern Med 2017;166(6):390-400
22. Glasser AM et al. Overview of Electronic Nicotine Delivery Systems: A Systematic Review. Am J Preventive Med 2017;52(2):e33-e66
23. Hartmann-Boyce J et al. Electronic cigarettes for smoking cessation. The Cochrane database of systematic reviews. 2016;9:Cd010216

Véganisme et risque cardiovasculaire

Le veganisme connart un interet mediatique croissant en pronant un style de vie depassant un regime exclusivement vegetal favorable a la sante pour rejeter toute forme d’exploi­tation animale. Base sur un recent rapport de la Commission federale sur l’alimentation, cet article decrit l’insuffisance des evidences scientifiques pour recommander ce type de regimes pour la prevention et le traitement des maladies car­diovasculaires ischemiques.

Créé en 1944 en Grande-Bretagne, le végétalisme ou véganisme en tant que style de vie prône un régime exclusivement végé- tal. Au-delà de ce simple choix alimentaire, le véganisme rejette par principes éthiques et philosophiques la légitimité de toute forme d’exploitation animale. Selon ses adeptes les plus militants, le véga- nisme constituerait la solution à privilégier, dans le respect des ani- maux, de l’environnement, tout en favorisant une alimentation équilibrée comme source de santé et de bien-être pour les humains. Au cours de ces dernières années, l’activité et les revendications des mouvements véganes ont trouvé un écho de plus en plus large dans les médias, en suscitant débats et incertitudes chez les consomma- teurs qui montrent un intérêt croissant pour les conséquences sur leur santé de tout ce qu’ils mangent.

La publication récente du rapport de la Commission fédérale de l’alimentation intitulé «Régimes végétaliens: analyse des avanta- ges et des inconvénients sur le plan nutritionnel et pour la santé» a servi de base à la rédaction du présent article focalisé sur le risque cardiovasculaire (CV) des régimes véganes et sur les recomman- dations pour la prévention des maladies cardiovasculaires isché- miques (MCVI) (1).

Caractéristiques des régimes véganes

Par définition, un régime « végane» exclut tout ingrédient d’origine animale, mais dont le spectre des autres nutriments peut varier. Ce type de régime se différencie donc des autres formes de régimes tels que :

  • « végétarien » ou « ovo-lacto-végétarien » si aucun ingrédient ni auxiliaire technologique d’origine animale ne sont inclus, à l’exception du lait, des composants du lait tels que le lactose, des œufs, des composants de l’œuf et du miel ;
  • « ovo-végétarien» si aucun ingrédient ni auxiliaire technologique d’origine animale ne sont inclus, à l’exception des œufs, des com- posants de l’œuf et du miel ;
  • «lacto-végétarien» si aucun ingrédient ni auxiliaire technolo- gique d’origine animale ne sont inclus, à l’exception du lait, des composants du lait et du miel.
  • « végétalien» si aucun ingrédient d’origine animale n’est présent.

La suppression de la viande, du poisson, des œufs et des produits laitiers comporte une perte de macro- et micronutriments nécessi- tant d’être remplacés par d’autres sources alimentaires ou par sup- plémentation pour s’assurer d’une alimentation équilibrée (Tab. 1). De nombreuses études européennes publiées depuis 2015 ont exa- miné les régimes véganes et calculé l’apport des nutriments en s’appuyant sur des listes d’aliments spécifiques des pays concernés. En ce qui concerne les macronutriments, les valeurs de consom- mation moyennes satisfont souvent aux recommandations nutriti- onnelles générales. Toutefois, leur variabilité est très importante, ce qui peut s’avérer problématique dans le cas des apports en protéi- nes. Selon le peu d’études ayant collecté des données sur l’ingestion de fruits et légumes, il apparaît qu’en moyenne, l’apport journa- lier recommandé (trois portions de légumes et deux portions de fruits) est couvert, mais là encore avec une très grande variabilité de cette consommation. Ces éléments laissent supposer qu’il n’y a pas de preuve qu’un régime végane soit toujours associé à un apport riche en fruits et légumes. C’est pourquoi, il est difficile de présumer qu’un régime végétalien procure de facto les avantages de ce mode alimentaire sur la santé. Or, il s’agit là d’un des axiomes de la plupart des prises de position en faveur d’un régime végane (1, 2).


Les données relatives aux micronutriments sont souvent limitées par le manque d’informations spécifiques concernant les choix alimen- taires des sujets d’études, ainsi que le type et les doses des supplé- mentations. La plupart des études montrent que la supplémentation en vitamine B12, bien que nécessaire, n’est que partiellement suivie (50-70 % des participants), ce qui peut occasionner un risque CV accru. Si d’autres carences sont possibles (vitamine D, calcium, etc.) à l’inverse, par comparaison aux omnivores, les véganes montrent des apports et un profil sanguin plus riches en micronutriments tels que le magnésium, les vitamines C, B1 et B6, l’acide folique, les caroté- noïdes et les polyphénols, d’où un potentiel bénéfique pour la santé. En somme, les régimes véganes bien planifiés pourraient couvrir les besoins énergétiques et nutritionnels, mais ils exigent de très bon- nes connaissances nutritionnelles, ainsi qu’une supplémentation basée sur un monitoring sanguin régulier des micronutriments les plus importants.

Prévalence du véganisme, caractéristiques et motivations de ses adeptes

En Europe, il est estimé que 2 à 5 % de la population suivent un régime végétarien, végane inclus. En Suisse, la récente enquête de l’association Swissveg a fait état de 11% de végétariens et de 3% de véganes parmi les 1296 personnes âgées de 15 à 74 ans sondées en 2017. Ces résultats contrastent fortement avec les données de l’étude menuCH de 2015 comptant 2000 participants adultes, puisque la prévalence des végétariens s’est chiffrée à 1.77% et celle des véga- nes à 0.38 %. Des données plus précises manquent, mais selon les Enquêtes suisses sur la santé, il apparaît qu’entre 1992 et 2017 la proportion de personnes déclarant ne jamais manger de viande a tout de même triplé, passant de 2 à 6 %.
Les différents sondages montrent, qu’en Suisse aussi, il s’agit avant tout de femmes jeunes jouissant d’un bon niveau de formation et habitant ou travaillant plutôt en ville. Leurs principales motivations de renoncer à la viande correspondent au bien-être des animaux (78 %), ainsi qu’à des considérations éthiques (60 %) et écologiques (58 %). Mais seuls 35 % d’entre elles ont invoqué la santé.

Régimes véganes et leur impact sur le risque cardiovasculaire

Privilégiant la consommation de fruits, de légumes, de fibres et d’hydrates de carbone, l’apport réduit en graisses et graisses satu- rées, ainsi que l’éviction des protéines animales, notamment de viande rouge et de charcuterie, les régimes véganes ont montré, par comparaison aux régimes omnivores, des effets plutôt positifs sur les lipides sanguins, le poids et le contrôle glycémique. Ceci peut présager d’un impact favorable sur le risque de maladies cardiova-

sculaires ischémiques (MCVI), de type cardiopathie ischémique (CPI) ou acci- dent cérébrovasculaire (AVC). Historiquement, Key TJ et al avaient publié en 1999 les résultats d’une ana- lyse groupée de 5 études prospectives de cohorte faisant état d’une diminution, toutefois non-significative, des taux de mortalité par CPI (-26 %), ainsi que par AVC (-30 %) chez les personnes véganes par comparaison aux personnes omni- vores (3). Largement reportés comme étant favorables, en dépit des limitations méthodologiques majeures, ces don- nées méritent cependant d’améliorer le niveau d’évidence scientifique en faveur du véganisme. Or, la revue de littéra- ture scientifique établie jusqu’en 2018 ne recense malheureusement aucune étude d’intervention de type RCT, ce qui permettrait de valider adéquatement le bénéfice des diètes véganes sur le risque de MCVI. De fait, l’essentiel des con- naissances actuelles repose sur des étu- des observationnelles.
A ce jour, nous ne disposons malheureusement d’aucune étude observation- nelle ayant cherché à déterminer si les régimes véganes pourraient être associés à une incidence réduite d’un premier évènement CV, qu’il s’agisse d’une CPI ou d’un AVC. Bien que l’opinion générale, voire même certaines prises de position, accordent volontiers des ver- tus bénéfiques aux régimes véganes, des recherches plus approfon- dies s’imposent clairement afin de prouver les avantages potentiels de tels régimes pour la prévention ou le traitement des MCVI (2). En revanche, le risque de mortalité CV associé spécifiquement aux régimes véganes a pu être analysé dans les trois études mentionnées dans le tableau 2 (4-5). Se basant sur les données de «l’Adventist Health Study-2», une grande étude prospective de cohorte réali- sée auprès de 73 308 membres de la communauté adventiste nord-américaine, dont 5548 véganes et 35359 omnivores, Orlich MJ et al ont rapporté des résultats contradictoires au terme des 5.6 ans de suivi (4). Alors qu’ils ont observé une réduction statistiquement significative du taux de mortalité CV globale (-42%) et coronari- enne (-55%) chez les hommes, ce fut l’inverse chez les femmes au vu d’une augmentation non significative de ces risques atteignant respectivement + 18 % et + 39 %.
Ces données contrastent fortement avec les résultats d’Appleby PN et al découlant des 2 études de cohortes prospectives «l’Oxford Vegetarian Study»et «l’EPIC-Oxford Cohort Study» (5). Poo- lées pour cette analyse, ces 2 cohortes totalisèrent 60’310 person- nes recrutées au sein de la population de Grande Bretagne, dont 2258 exclusivement véganes et 18431 omnivores suivis pendant 15 ans ou plus. Globalement, le risque de mortalité coronarienne fut légèrement réduit (-10 %) chez les véganes par comparaison aux omnivores, alors que le risque fut nettement accru, mais de manière non significative, tant pour la mortalité par AVC (+ 61 %) que par mortalité CV globale (+ 21 %). Ces études de cohorte comportent toutes trois diverses limitations méthodologiques qui affaiblissent le niveau d’évidence en faveur des bénéfices, voire des désavantages liés aux régimes véganes sur le risque CV.

En conclusion, les données scientifiques acquises à ce jour demeu- rent trop incertaines pour préconiser les régimes véganes tant à titre de prévention que de traitement des MCVI. C’est sans doute une des raisons principales au fait que de tels régimes n’ont pas été inclus dans les recommandations alimentaires pour la prévention des MCVI édictées par les Sociétés suisses, européennes américai- nes de cardiologie.

 

Prof. Dr. med. Roger Darioli

Chemin des Fleurs 5
1007 Lausanne

roger.darioli@unisante.ch

L’auteur n’a aucun lien d’intérêt financier, ni de connivence avec les ouvements véganes, les défenseurs de la cause animale ou les producteurs de viande, pas plus qu’avec l’industrie alimen- taire. De plus, cet article a été rédigé en toute indépendance, sans aucune contribution financière. De même, le rapport du groupe d’ expert de la Commission fédérale de l’ alimentation a été rédigé en toute indépendance sur la base des connaissances scientifiques publiées entre 2007 et 2018.

  • Créé en 1944 en Grande-Bretagne, le végétalisme ou véganisme en tant que style de vie prône un régime exclusivement végétal considéré comme source de santé pour les humains, en rejetant toute forme d’exploitation animale par principes éthiques et philosophiques.
  • La suppression de la viande, du poisson, des oeufs et des produits lai- tiers comporte une perte de macro- et micronutriments nécessitant
    d’ être remplacés par d’ autres sources alimentaires et par supplé- mentation pour prévenir le risque de carences nutritionnelles préjudi- ciables à la santé, notamment cardiovasculaire.
  • A ce jour nous ne disposons d’aucune publication scientifique ayant évalué l’influence d’un régime végane sur la prévention primaire des MCVI. seul le risque de mortalité CV a été analysé dans trois études prospectives de cohorte qui ont produit des résultats opposés entre bénéfices et risques. Vu l’absence d’évidence scientifique suffisante, le véganisme ne figure pas dans les recommandations alimentaires pour la prévention et le traitement des MVCI.

  1. https://www.eek.admin.ch/eek/fr/home/pub/dieteveganeavantagesetinconve- nients.html
  2. Table de composition nutritionnelle suisse. http://www.sge-ssn.ch/fr/shop/produkt/ schweizer-naehrwerttabelle/pawlak R. Is vitamin B12 deficiency a risk factor for cardiovascular disease in vegetarians? Am j prev Med 2015 jun;48(6):e11-26. doi: 10.1016/j.amepre.2015.02.009
  3. schupbach R, et al. Micronutrient status and intake in omnivores, vegetarians and vegans in switzerland. European journal of nutrition. 2017;56(1):283-93.
  4. singh B, et al. Bioactive constituents in pulses and their health benefits. journal of food science and technology. 2017;54(4):858-70.
  5. Bochud M, Chatelan A, Blanco j, Beer-Borst s. Menu.ch. Anthropometric cha- racteristics and indicators of eating and physical activity behaviors in the swiss adult population Results from menuCH 2014-2015. https://www.blv.admin.ch/blv/ fr/home/lebensmittel-und-ernaehrung/ernaehrung/menuch/menu-ch-ergebnisse- essverhalten.html
  6. Van Winckel M. et al. Vegetarian infant and child nutrition. Clinical practice Re- view. Eur j pediatr. 2011;170:1489–94.
  7. Vegetarian society – Fact sheet – statistics – Number of UK Vegetarians. https:// www.vegsoc.org/sslpage.aspx?pid=753
  8. swissveg. Veg-Umfrage 2017. 2017. https://www.swissveg.ch/veg-umfrage#1 (ac- cessed 01.12.17).
  9. Zuberbühler C. Macronutrients intake from vegetarians from menuCH data 2014- 15 (24-recall, GloboDiet). 2017.
  10. Enquête suisse sur la santé 2017.Vue d’ensemble https://www.bfs.admin.ch/ bfs/fr/home/statistiques/catalogues-banques-donnees/publications.assetde- tail.6426303.html.
  11. Key Tj, Fraser GE, Thorogood M Appleby pN, Beral V, Reeves G, Burr ML, Chang-Claude j, Frentzel-Beyme R, Kuzma jW, Mann j, Mcpherson K.Mortality in vegetarians and nonvegetarians: detailed findings from a collaborative analysis of 5 prospective studies. Am j Clin Nutr 1999; 70, 516s–524s.
  12. Melina V, Craig W, Levin s.l. position of the Academy of Nutrition and Dietetics: Vegetarian Diets. j Acad Nutr Diet. 2016 Dec;116(12):1970-80.
  13. Orlich Mj, singh pN, sabaté j, jaceldo-siegl K, et al. Vegetarian dietary patterns and mortality in Adventist Health study 2jAMA Intern Med. 2013;173:1230-38.
  14. Appleby pN, Crowe FL, Bradbury KE et al. Mortality in vegetarians and compa- rable nonvegetarians in the United Kingdom. Am j Clin Nutr. 2016;103(1):218- 30.
  15. segovia-siapco G, sabaté j. Health and sustainability outcomes of vegetarian die- tary patterns: a revisit of the EpIC-Oxford and the Adventist Health study-2 co- horts. Eur j Clin Nutr. 2018 Oct 2. doi: 10.1038/s41430-018-0310-z.
  16. Yokoyama Y, Nishimura K2, Barnard ND, et a. Vegetarian diets and blood pres- sure: a meta-analysis. jAMA Intern Med.2014;174:577-87.
  17. Key Tj. Blood pressure, plasma renin activity and aldosterone concentrations in vegans and omnivore controls. Hum Nutr Appl Nutr. 1987;41(3):204-211.
  18. Van Horn L, Carson jA, Appel Lj, Burke LE, Economos C, Karmally W, Lancaster K, Lichtenstein AH, johnson RK, Thomas Rj, Vos M, Wylie-Rosett j, Kris-Etherton p. Recommended Dietary pattern to Achieve Adherence to the American Heart Association/American College of Cardiology (AHA/ACC) Guidelines: A scientific statement From the American Heart Association. Circulation. 2016;134:e505- e529. Epub 2016 Oct 27.
  19. piepoli MF, Hoes AW, Agewall s, et al. 2016 European Guidelines on cardiovas- cular disease prevention in clinical practice: The sixth joint Task Force of the Eu- ropean society of Cardiology and Other societies on Cardiovascular Disease pre- vention in Clinical practice (constituted by representatives of 10 societies and by invited experts) Developed with the special contribution of the European As- sociation for Cardiovascular prevention & Rehabilitation (EACpR). Eur Heart j. 2016;37:2315-81.

Hépatite C

L’ Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 1,34 million de personnes sont décédées d’ une hépatite virale en 2015 et que 1,75 million ont été nouvellement infectées par le VHC (1). De plus, 71 millions de patients sont infectés par le VHC dans le monde selon l’ OMS. En Suisse, le nombre de personnes chroniquement infectées est estimé actuellement à 36 000-43 000 personnes, ce qui correspond à une prévalence de 0,7 %. Cependant, seul un peu plus de la moitié des porteurs du virus ont été testés. Il faut donc supposer qu’ un grand nombre de patients n’ aient pas encore été diagnostiqués. La morbidité et la mortalité de l’ hépatite C chronique ont dépassé celles du VIH depuis le tournant du millénaire (2). Cet article présente, à travers une perspective historique, les recommandations pour le diagnostic et pour le traitement de l’ hépatite C.

Bien que la prévalence de l’ hépatite C virémique soit en baisse depuis 2000, le pic de morbidité et de mortalité ne sera atteint qu’  en 2030 (3) en raison de l’ évolution naturelle de la maladie et de sa possibilité de séquelles tardives (cirrhose et ses complications, ainsi que carcinome hépatocellulaire). Jusqu’ à l’ introduction des nouveaux traitements appelés antiviraux à action directe (directly acting antivirals, DAA) en 2011 resp. 2014, nous n’ étions pas en mesure de faire face à ce scénario. Toutefois, en 2014, seuls les patients atteints de fibrose avancée (F3) ou de cirrhose (F4) ont pu être traités. Grâce à la collaboration entre le Groupe d’ experts suisse sur l’ hépatite virale (SEVHep), l’ Office fédéral de la santé publique, les associations médicales et les personnes concernées ainsi que les ajustements de prix, une nouvelle ère a pu débuter en octobre 2017. En effet, tous les patients peuvent désormais être traités quel que soit le degré de fibrose. Ainsi, il sera maintenant possible d’ avoir une influence efficace sur les nouvelles infections et les maladies secondaires de l’ hépatite C. La coopération des différents acteurs a conduit à la mise en place de la « Stratégie suisse contre l’ hépatite » visant à réduire à 0 % d’ ici 2030 les nouvelles infections par l’ hépatite C, les carcinomes hépatocellulaires ainsi que les transplantations liées à l’ hépatite C.

Historique de la thérapie de l’ hépatite C

Au début des années 1990, le traitement de l’ hépatite C consistait en une monothérapie à l’ interféron alpha (3 injections par semaine pendant 24-48 semaines), avec des effets secondaires prononcés dans certains cas et un faible taux de guérison (10 %) (4). Depuis la combinaison avec la ribavirine en 1998, le taux de guérison est passé à 30-40 %. La pégylation de l’ interféron en 2001 a prolongé la demi-vie de la substance, facilitant ainsi le traitement et augmentant à nouveau le taux de guérison (45 %). En 2011, les inhibiteurs de la protéase de première génération (bocéprévir et télaprévir) ont été lancés. Ceux-ci inhibent certaines protéines virales du virus de l’ hépatite C (protéase virale NS3-4A) étant importantes pour sa réplication. Il a donc fallu combiner les inhibiteurs de la protéase de première génération avec l’ interféron pégylé et la ribavirine. Ceux-ci ont été limités au génotype 1 et ont parfois entraîné des effets secondaires cutanés graves. Toutefois, le taux de guérison a été amélioré (65 à 75 %). L’ approbation d’ autres substances (inhibiteurs de la polymérase virale NS5B et de la protéine NS5A) a finalement marqué la percée dans le traitement du VHC. En effet, pour la première fois, des thérapies sans interféron pouvaient être appliquées en combinant 2 à 3 agents du type DAA (5). En comparaison avec les thérapies à base d’ interféron, ces thérapies permettent une durée de traitement nettement plus courte (12-24 semaines), avec des taux de guérison considérablement améliorés de 90-100 % et un profil d’ effets secondaires faible.

Diagnostic de l’ hépatite C

Avec la découverte du virus de l’ hépatite C par Qui-Lim Choo, George C. Kuo et Michael Houghton en 1989, le premier test de détection des anticorps a été mis au point et, en 1990, le test de dépistage du virus de l’ hépatite C a également été introduit en Suisse (6). Cela a permis de tester les produits sanguins et de les rendre plus sûrs. L’ hépatite C, tout comme l’ hépatite B et l’ infection par le VIH, est une maladie à déclaration obligatoire en vertu de la Loi sur les épidémies (rapport de laboratoire). Le diagnostic d’ une infection active par le virus de l’ hépatite C est basé sur le test de dépistage des anticorps anti-VHC ainsi que la détection de l’ ARN du VHC dans le sérum par l’ amplification en chaîne par polymérase (« polymerase chain reaction », PCR). La détection des anticorps seule ne suffit pas pour diagnostiquer l’ hépatite C chronique. En effet, environ 20 % des personnes infectées éliminent le virus après la phase aiguë de l’ infection : il s’ agit de l’ hépatite C vécue. Au cours de l’ infection initiale, les anticorps anti-VHC deviennent détectables après sept à huit semaines en moyenne. Le test de détection des anticorps de l’ hépatite C devrait être effectué chez les personnes à risque accru. Il s’ agit notamment des personnes ayant un taux élevé de transaminases ou d’ autres maladies du foie, ayant déjà consommé ou continuant à consommer des drogues par voie intraveineuse ou intranasale, des personnes en hémodialyse, des personnes ayant reçu des produits sanguins ou des transfusions avant juillet 1992, des personnes tatouées, ayant des piercings ou ayant été soumises à des procédures invasives dans des conditions d’ hygiène précaires ainsi que des personnes atteintes du VIH ou de l’ hépatite B. Cela inclut également les partenaires de patients infectés par le VHC, les enfants de mères positives au VHC, les hétérosexuels avec plusieurs partenaires sexuels, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’ autres hommes (HSH) ainsi que les personnes ayant des contacts professionnels étroits avec le sang humain. La stratégie suisse de dépistage des hépatites B et C a été révisée en 2013 (7).
Une fois le diagnostic du VHC posé, le patient devrait être dirigé vers un spécialiste pour obtenir des éclaircissements. Les examens complémentaires comprennent des examens de laboratoire, une échographie du foie, une élastographie du foie et éventuellement une biopsie du foie. Ces examens servent à la détermination de la fibrose hépatique (stadification de la fibrose avec F0 à F4) et de la fonction hépatique qui décident de l’ urgence du traitement du VHC. En outre, les patients seront examinés pour détecter la présence de manifestations dites extrahépatiques de l’ hépatite C (p.ex. fatigue prononcée, douleurs articulaires, cryoglobulinémie mixte et vasculite leucocytoclastique, maladies lymphoprolifératives associées au VHC et maladies rénales, etc.), pouvant survenir indépendamment du stade de la fibrose et influencer la décision thérapeutique.

Traitement de l’ hépatite C

Dans le cas de l’ hépatite C, contrairement au VIH et au VHB (objectif thérapeutique : suppression de la virémie), l’ élimination du virus peut être visée. L’ ARN négatif du VHC, 12 semaines après la fin du traitement, est appelé « réponse virologique soutenue », SVR12 (« sustained virologic response »). 99 % des patients ayant atteint le résultat SVR12 restent guéris même 5 ans après. C’ est pour cette raison que le SVR12 a été accepté comme marqueur de substitution pour la guérison de l’ hépatite C par les autorités d’ enregistrement. Avant le traitement du VHC, il faut toujours exclure la présence d’ une co-infection par le VHB ou le VIH. Tout abus d’ alcool et tout syndrome métabolique doivent être recherchés et traités. Au cours du traitement de l’ hépatite C chez des patients co-infectés par le VHC et le VHB, des réactivations de l’ hépatite B en partie fatales ont parfois été rapportées. Un patient positif à l’ AgHBs doit donc aussi être accompagné par un spécialiste expérimenté durant le traitement de l’ hépatite C. En effet, le traitement de l’ infection à VHB est en général nécessaire. Les patients qui ne sont que des anti-HBc positifs (constellation « anti-HBc-only ») doivent être strictement surveillés, puisque que la réactivation du VHB est également possible dans cette situation. Tous les patients n’ étant pas immunisés contre le VHA / VHB doivent être vaccinés (8). Des recommandations thérapeutiques actualisées peuvent être trouvées auprès des sociétés spécialisées en hépatologie et infectiologie (SASL / SSI) sous forme de recommandations d’ experts (9). Une application (sous forme d’ App) très pratique pour la recherche rapide d’ options thérapeutiques se trouve sur le site www.hcv-advisor.com. Les interactions médicamenteuses peuvent être facilement extraites du Liverpool Interaction Checker à l’ adresse www.hep-druginteractions.org. Le tableau 1 montre les médicaments antiviraux directs actuellement homologués en Suisse pour l’ hépatite C (DAA).
La combinaison choisie pour la durée du traitement dépend du génotype, de la résistance virale, de la fonction rénale, de l’ étendue de la fibrose hépatique, du score de CHILD dans la cirrhose hépatique et de toute tentative de traitement antérieure. Le génotype doit être réévalué si l’ évaluation date depuis longtemps, car l’ anticorps contre l’ hépatite C ne protège pas contre de nouvelles infections.
Les patients atteints d’ insuffisance rénale importante peuvent être traités avec du grazoprevir / elbasvir ou paritaprevir / ombitasvir / dasabuvir (tous éliminés principalement par voie hépatique). Les patients atteints de cirrhose hépatique décompensée (CHILD B / C) peuvent être traités sans inhibiteurs de protéase (9).

Avènement de nouvelles thérapies

D’ autres nouvelles thérapies seront enregistrées dans les mois qui suivent et permettront de guérir les personnes n’ ayant pas pu être guéries du fait de leur résistance aux DAA existants. Les médicaments disponibles en Suisse et les indications actuelles sont continuellement évalués par des experts de SSI, SGG et SASL et sont mis à jour ainsi que publiés sur le site www.sasl.ch

Suivi après un traitement efficace contre l’ hépatite C

La présence d’ anticorps contre le virus de l’ hépatite C ne protège pas contre la réinfection. En effet, les réinfections après une thérapie réussie peuvent être observées en particulier chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et chez les personnes consommant des drogues injectables. Elles peuvent être évitées par une information et une prévention appropriées. Les personnes atteintes d’ hépatite C souffrent souvent d’ autres maladies du foie, telles que la consommation excessive d’ alcool et leurs maladies du foie associées ou la stéatohépatite non alcoolique, doivent être correctement examinées et traitées. Les patients atteints de fibrose avancée ou même de cirrhose avant le traitement doivent probablement être suivis par échographie ou autre imagerie appropriée tous les 6 mois pour le reste de leur vie, car le risque de carcinome hépatocellulaire demeure même après l’ élimination du virus de l’ hépatite C dans cette population (10, 11).

Dr Daniel Hagara

Fondazione Epatocentro Ticino
Via Soldino 5
6900 Lugano

daniel.hagara@hin.ch

Prof. em. Dr. med.Thomas Cerny

Rosengartenstrasse 1d
9000 St. Gallen

thomas.cerny@kssg.ch

Les auteurs ont déclaré avoir aucun conflit d’ intérêts en relation avec cet article.

  • Près de 30 ans après la découverte du virus de l’ hépatite C, l’ hépatite C chronique est aujourd’ hui quasiment guérissable à 100 % grâce à une thérapie orale, dont la durée habituelle est de 12 semaines et généralement exempte d’ effets secondaires.
  • Avec cette thérapie, la progression de la maladie peut être évitée chez de nombreux individus.
  • Il reste le défi de repérer et de traiter en temps opportun les cas pas encore diagnostiqués. La Stratégie suisse contre l’ hépatite (www.hepatitis-schweiz.ch), soutenue par la Confédération suisse, tente de s’ attaquer à ce problème avec l’ objectif à long terme d’ éliminer complètement les hépatites B et C chroniques.
  • Le médecin de famille est en charge de la mise en œuvre de la stratégie de dépistage existante, du diagnostic et du traitement des patients avec le spécialiste ainsi que de l’ élimination du virus de l’ hépatite C.
  • Il est important d’ assurer un suivi adéquat commençant par des informations individualisées au patient et surveillant en particulier le risque de réinfection, le développement de carcinomes hépatocellulaires et les pathologies hépatiques existantes.

Rérérences :
1. WHO | Global hepatitis report, 2017. Available from: http://www.who.int / hepatitis / publications / global-hepatitis-report2017 / en /
2. Situationsanalyse zu Hepatitis B und C in der Schweiz. 2017. Available from: https://www.bag.admin.ch / bag / de / home / service / publikationen / forschungsberichte / forschungsberichte-uebertragbare-krankheiten / situationsanalyse-hepatitis.html
3. Müllhaupt B et al. Modeling the Haelth and Economic Burden of Hepatitis C Virus in Switzerland. PLoS ONE 10(6): e0125214. https://doi.org / 10.1371 / journal.pone.0125214
4. Davis G L et al. Treatment of chronic hepatitis C with recombinant interferon α. A multicenter randomized, controlled trial. Hepatitis Interventional Therapy Group. N Engl J Med 1989; 321(22):1501-6
5. Solbach P, Wedemeyer H The New Era of Interferon-Free Treatment of Chronic Hepatitis C Viszeralmedizin 2015; 31(4):290-6
6. Choo QL, et al. Isolation of a cDNA Clone Derived from a Blood-borne Non-A, Non-B Viral Hepatitis Genome, Science 1989; 244: 359–362
7. Fretz R et al. Hepatitis B and C in Switzerland – healthcare provider initiated testing for chronic hepatitis B and C infection. Swiss Med Wkly. 2013; 143:w13793.
8. David Semela. Hepatitis C – Diagnostik und Therapie. Therapeutische Umschau (2017), 74(3), 101-108
9. Müllhaupt B et al. Treatment of Chronic Hepatitis C – November 2017 Update, SASL-SSI Expert Opinion Statement. Available from:
https://sasl.unibas.ch / guidelines / SASL-SSI_HepC_EOS20.Nov17.pdf
10. Baumert TF et al. Hepatitis C-related hepatocellular carcinoma in the era of new generation antivirals. BMC Med. 2017; 15: 52-62
11. Cerny A. Screening for liver cancer in high risk patients in Switzerland: Yes, it works, but No, we do not do it systematically! Swiss Med Wkly. 2015;145:w14231
https://doi.org / 10.23785 / Gazette.2019.01.00X