La célébration des 40 ans du CHUV l’ automne passé a fourni l’ occasion pour chacune des spécialités médicales de se retourner sur leurs activités au cours des quatre décennies écoulées. L’ exercice s’ est révélé fort instructif, en tout cas pour ce qui concerne la neurologie.
A l’ instar de beaucoup de mes contemporains, lorsque j’ ai débuté ma formation post-graduée et que j’ évoquais l’ éventualité de devenir neurologue, on me rétorquait avec une certaine suffisance que c’ était certes une très belle discipline, chasse gardée de distingués cliniciens, mais qu’ elle était essentiellement futile puisque ne conduisant à aucun traitement. Le neurologue tenait plus du botaniste classifiant ses échantillons, que du thérapeute rédigeant une ordonnance.
Si cette vision caricaturale pouvait peut-être avoir un petit fond de vérité à l’ époque, elle est désormais à ranger au placard. Jugeons-en plutôt :
De nos jours, si une personne est amenée aux urgences dans les heures qui suivent son AVC (« time is brain »), elle a de fortes chances d’ avoir un déficit significativement moindre qu’ à son entrée à l’ hôpital, voire plus de déficit du tout. Se retrouver le matin devant un patient âgé qui vous dit bonjour et vous serre la main et dont on vous explique que la veille au soir il était aphasique et hémiplégique tient presque du miracle.
Certes, il n’ existe toujours pas de traitement curatif pour la maladie de Parkinson, mais une connaissance de plus en plus fine de la pharmacopée et le développement de la stimulation cérébrale profonde permettent désormais à des patients rigides et akinétiques de remarcher, de refaire société.
Dans la sclérose en plaques, d’ immenses progrès thérapeutiques ces 30 dernières années ont permis non seulement de diminuer l’ intensité et la fréquence des poussées, mais surtout de retarder toujours davantage l’ entrée dans la phase progressive, offrant ainsi à des patients en âge AVS la possibilité de mener une vie indépendante.
Ces quelques exemples fort réjouissants, témoignent de la vitalité de notre spécialité. Mais les défis qui attendent la neurologie pour les 40 prochaines années sont à la mesure. Le neurologue sera aux premières loges pour assister au vieillissement de la population et son cortège de maladies neuro-dégénératives, pour lesquelles il n’ y a souvent pas de traitements. Et si d’ aventure ceux-ci deviennent disponibles, il est à craindre que leurs prix soient prohibitifs. L’ augmentation débridée des coûts de la santé ainsi que la contribution importante de ce secteur au désordre environnemental vont fortement impacter nos habitudes thérapeutiques (1).
Une partie de la solution passe par une excellente formation post-graduée du futur neurologue qui développera ainsi les compétences lui permettant de prescrire moins d’ examens inutiles ou de traitements futiles. Et, après des décennies où la thérapeutique fut reine, il nous faudra désormais redonner tous ses titres de noblesse à la prévention. Un exemple saisissant nous est offert par la maladie d’ Alzheimer : même si cette maladie demeure un véritable problème, le « raz-de-marée » prédit par certains ne s’ est pas vraiment vérifié. La raison ? La lutte contre les facteurs de risque cardio-vasculaire, en particulier l’ HTA, contribue significativement à la diminution observée de l’ incidence de cette maladie (2).
Pr Renaud Du Pasquier
Chef du Service de neurologie
UNIL/CHUV
Aussi bien l’ incidence que la prévalence de l’ épilepsie augmentent après 65ans. Au vu du vieillissement de la population, la prise en charge de l’ épilepsie chez la personne âgée devient un enjeu de santé publique. La prise en charge de ces patients implique de tenir en compte l’ étiologie, les comorbidités, les risques inhérents à une récidive de crise ou au traitement anticonvulsivant, ainsi que les changements pharmacodynamiques et pharmacocinétiques survenant dans l’ âge avancé.
Both the incidence and prevalence of epilepsy increase after the age of 65. In view of the ageing population, the management of epilepsy in the elderly is becoming a public health issue. The management of these patients implies taking into account the etiology, comorbidities, the risks inherent in a seizure recurrence or anticonvulsant treatment, as well as the pharmacodynamic and pharmacokinetic changes that occur in old age. Key Words: epilepsy, elderly,public health, anticonvulsant treatment
L’ épilepsie est la troisième maladie neurologique la plus fréquente >65ans, après l’ AVC et les démences, tous deux majorant le risque d’ épilepsie (1). Cette tendance va s’ accentuer au vu du vieillissement de la population, avec estimation d’ une augmentation de 60 % des personnes de > 65ans dans les prochain 15ans (2). La prise en charge de l’ épilepsie chez la personne âgée implique des considérations particulières au vu des différentes étiologies, comorbidités, risque accru d’ effets secondaires du traitement, comédications, et changements pharmacodynamiques et pharmacocinétiques. De plus, la personne âgée est particulièrement vulnérable en cas de survenue de crise épileptique : risque de lésion traumatique, perte de confiance et diminution de l’ autonomie. Malgré tout cela, l’ épilepsie est souvent diagnostiquée avec retard chez la personne âgée, et ces patients ont moins facilement accès à des centres spécialisés (3).
Epidémiologie
Quand nous parlons de crises épileptiques chez la personne âgée, il convient de bien définir trois scénarios:
1) Crises épileptiques provoquées (ou symptomatique aigues), survenant dans la phase précoce d’ une lésion cérébrale ou suite à des troubles toxico-métaboliques. L’ incidence augmente linéairement dès la troisième décade, avec risque estimé à 3.6 % à 80ans (4). Suite à une première crise il convient d’ effectuer un bilan biologique large, une imagerie cérébrale et une anamnèse détaillée à la recherche d’ un facteur favorisant. Ce type de crise ne permet pas de retenir automatiquement un diagnostic d’ épilepsie. En effet, l’ épilepsie est définie par la survenue de ≥2 crises non provoquées espacées de 24h ou une crise unique avec risque de récidive à 10ans estimé ≥60 % (par le biais des examens complémentaires, tels qu’ EEG, imagerie) (5).
2) Epilepsie ayant débuté dans le jeune âge et se poursuivant dans l’ âge avancé.
3) Epilepsie survenant de novo à l’ âge avancé (>60ans).
L’ incidence de l’ épilepsie est accentuée dans le très jeune âge et l’ âge avancé (augmentation graduelle dès 40-50ans), et est estimée à 90-150/100’000 à 65ans. Ce pattern bimodal a été répétitivement démontré aussi bien dans des pays développés que en voie de développement (3, 6). Au vu du vieillissement de la population et de l’ amélioration des soins avec survie plus longue des patients souffrant d’ épilepsie dans le jeune âge, la prévalence de l’ épilepsie suit une même courbe bimodal (5.4 % chez la personne âgée et jusqu’ à 7.5 % chez les patients en EMS (7, 8)). L’ incidence de l’ état de mal épileptique (EME), soit une crise prolongées de plus de 5 à 10 minutes, est estimée à 86/100’ 00 chez la personne âgée, soit 5x plus élevé que chez les plus jeunes (9). De plus la mortalité associée à l’ EME augmente avec l’ âge pour atteindre 38 % > 60ans (9, 10) et représente un des facteurs pronostiques principaux (11). Ces données confortent le fait que l’ épilepsie chez la personne âgée ne doit pas être considérée comme une maladie bénigne.
Etiologies et facteur de risque
Les maladies cérébrovasculaires sont responsable de plus d’ un tiers des épilepsie chez la personne âgée (12) avec une incidence d’ épilepsie, suite à un AVC, de 6.4-15 % (13). Les maladies neurodégénératives et les étiologies indéterminées représentent environ un quart des cas (6). Les étiologies tumorales sont responsables d’ environ 10 % (14). Plusieurs études reportent une association entre les facteurs de risque cérébro-vasculaire et la survenue d’ épilepsie (15-18). Dans la cohorte ARIC (Atherosclerosis Risk in Communities) incluant plus de 10’000 patients suivi durant une décennie, la survenue d’ épilepsie était est associée à l’ HTA, le diabète et les AVC (18). Cette observation ouvre la possibilité d’ une approche holistique permettant peut-être de réduire l’ épileptogenèse en traitant les facteurs de risque cérébo-vasculaire.
Challenge diagnostic
Les crises épileptiques chez la personne âgée sont majoritairement focales et peuvent passer inaperçues de par leur sémiologie moins « motrice » que chez le jeune. Elles peuvent se manifester uniquement par des épisodes paroxystiques d’ arrêt d’ activité, perte de contact, chute ou confusion (3). Une épilepsie n’ aurait pas été considérée initialement chez 26 % de patients âgés avec diagnostic final d’ épilepsie (19). Jusqu’ à 70 % des crises, lors d’une maladie d’Alzheimer, se présenteraient purement avec des troubles de l’ état de conscience (20). De plus, le diagnostic différentiel est très large, incluant fluctuations dans le cadre d’ une maladie neurodégénérative, syncopes, AIT ou troubles toxico-métaboliques. L’ anamnèse auprès du patient et des proches est essentielle. Il convient de chercher activement le caractère stéréotypé des épisodes, les circonstances de survenue et d’ éventuels signes associés tel que des automatismes (Tab. 1). Les patients âgés tendent à avoir une confusion post-critique ou des phénomènes de Todd prolongés (plusieurs heures, voir jours), pouvant mener au diagnostic erroné de démence ou d’ AVC (21). Le diagnostic d’ épisode fonctionnel (PNES ; Psychogenic Non epileptic Seizures) est souvent peu considéré chez la personne âgée. Toutefois dans une cohorte de 94 patients de >60ans sous monitoring EEG à but de caractérisation d’ épisode, 27 ont présenté des épisodes non-épileptiques, principalement des PNES (22). Il s’ agit souvent de sujets avec une lourde comorbidité somatique (23). L’ EEG peut évidemment aider au diagnostic. Il convient toutefois de souligner qu’ un enregistrement interictal ne présente ni une spécificité ni une sensibilité parfaite. L’ EEG détecte des anomalies irritatives interictales chez environs un tiers des patients âgés souffrant d’ épilepsie. Inversement des anomalies irritatives interictales sont rapportées, principalement dans le sommeil, chez 2 à 6 % des patients souffrant de maladie neurodégénérative, sans nécessairement d’ épisode clinique compatibles avec des crises (20). L’ anamnèse et le jugement clinique doivent donc primer. En de cas forte suspicion clinique, un traitement d’ épreuve, voire un enregistrement EEG prolongé incluant du sommeil peuvent être discutés au cas par cas.
Traitement
Bien que la majorité des personnes âgées soient libres de crises après un an sous monothérapie (6), l’ introduction d’ un traitement est potentiellement complexe, et implique de tenir en compte les changements pharmacodynamiques et pharmacocinétiques liés à l’ âge, les comédications, et les comorbidités spécifiques à chaque patient. Le choix de la médication doit être fait au cas par cas avec balance de la tolérance et de l’ efficacité. Une consultation spécialisée, au moins dans la phase initiale, est donc recommandée. La lamotrigine et le lévétiracétam (24, 25) sont les anticonvulsivants les plus utilisés, et présentent, avec la gabapentine/prégabaline, les molécules de premier choix chez la personne âgée. Le lévétiracétam pouvant engendrer des troubles du comportement, il convient d’ en informer le patient et ses proches et de les chercher activement. La lamotrigine présente un effet éveillant et stabilisateur de l’ humeur, pouvant être bénéfique. Ce traitement peut toutefois majorer les myoclonies et son schéma d’ introduction lentement progressif au vu des risques de réaction cutanées sévères, peut être difficile à suivre en cas d’ atteinte cognitive. De manière générale, les inducteurs enzymatiques sont à éviter si possible au vu de leur effet sur le métabolisme osseux et leurs interactions médicamenteuses. Les tables 2 et 3 résument les caractéristiques des anticonvulsivants les plus communs. Lors de l’ introduction d’ un traitement, il convient d’ effectuer un schéma de titration lent et de viser une dose plus faible que chez le jeune.
Relation bidirectionnelle entre épilepsie et démence
Après une première crise non provoquée, chez un patient souffrant d’ une démence d’ Alzheimer, le risque de récidive est estimé à 70 % (26), remplissant les critères diagnostic pour une épilepsie. Un risque majoré de crises épileptiques en cas de démence est connu de longue date (27). Au vu d’ études animales décrivant que l’ accumulation de β-amyloïde favoriserait la survenue de crises électriques et qu’ en retour, les crises contribueraient à la dysfonction hippocampique et donc au trouble mnésique (28), l’ intérêt pour cette relation bidirectionnelle s’ est accru récemment. Dans la cohorte Framingham on rapporte un risque de démence doublé chez les patients souffrant d’ épilepsie, et de manière similaire un risque d’ épilepsie accru en cas de démence (29). De même, dans la cohorte ARIC, on observe 3x plus de risque de démence chez les patients avec épilepsie tardive (30) et 3x plus de risque de survenue d’ épilepsie chez les patients déments (18). La physiopathologie sous-jacente reste non élucidée. Des patients avec épilepsie ayant débuté dans l’ enfance présentaient, après plus de 50ans, plus de troubles cognitif et un PET-amyloïde plus altéré que des contrôles (31). Une étude récente n’ a par ailleurs pas retrouvée d’ association entre les anticonvulsivants et des troubles cognitifs (32), mais plutôt entre la fréquence des crises et le déclin cognitif. Inversement plus de 50 % des patients avec une épilepsie tardive présentent un MCI au moment du diagnostic (33, 34). Plusieurs études anatomopathologiques chez des patients, sans démence, ayant bénéficié d’ une lobectomie temporale pour traitement de l’ épilepsie, décrivent plus d’ accumulation de β-amyloïde ou de Tau-hyperphosphorylée chez les patients souffrant d’ épilepsie que chez des contrôles (20, 35, 36). Finalement des anomalies irritatives intercritiques à l’ EEG sont associés à un mauvais pronostic cognitif dans la maladie d’ Alzheimer (29, 37). Il n’ est pas encore compris si cela est dû à des crises infra-cliniques entravant la cognition, si ces anomalies EEG sont délétères en elles-mêmes, ou si elles témoignent d’ une pathologie sousjacente plus sévère. Ceci a amené à étudier les possibilités d’ un traitement anticonvulsivant prophylactique (Fig 1). Des études animales ont montré que le lévétiracétam, en réduisant l’excitotoxicité liée au glutamate et en supprimant l’ hyperactivité neuronale hippocampique, pouvait amener à une restauration de la fonction synaptique et une diminution des dépôts de β-amyloïde. Une étude récente a randomisé des patients souffrant de maladie d’ Alzheimer entre placebo et lévétiracetam à très basse dose : chez le petit sous-groupe présentant une activité irritative à l’ EEG (9 patients !) certaines fonctions cognitives s’ amélioraient après le lévétiracetam (38).
Conclusion
L’ épilepsie est une maladie fréquente chez la personne âgée, et peut avoir d’ innombrables conséquences aussi bien physiques que sociales ou psychiatriques. Au vu de la relation bidirectionnelle entre l’ épilepsie et la démence, un screening rigoureux à la recherche de phénomènes cliniques évocateurs de crises épileptiques chez les patients souffrant de démence, ou de plaintes cognitives chez ceux souffrant d’ épilepsie devrait être effectué. Le diagnostic et la mise en route d’ un traitement requiert le recours à un/e spécialiste.
Copyright Aerzteverlag medinfo AG
Dre méd. Isabelle Beuchat, MD
CHUV, NLG, BH07
Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV) et université de Lausanne, Suisse ; Département des neurosciences cliniques, Service de neurologie, Unité d’épileptologie
Rue du Bugnon 46
1011 Lausanne
Isabelle.beuchat@chuv.ch
Pr Andrea O. Rossetti, MD, FAES
CHUV, NLG, BH07
Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV) et université de Lausanne, Suisse ; Département des neurosciences cliniques, Service de neurologie, Unité d’épileptologie
Rue du Bugnon 46
1011 Lausanne
Andrea.rossetti@chuv.ch
Les auteurs n’ ont pas déclaré de conflits d’ intérêt en rapport avec cet article.
◆ L’ épilepsie est plus fréquente chez la personne de plus de 65ans
que dans n’ importe quelle autre tranche d’ âge.
◆ La sémiologie des crises épileptiques est différente, avec moins de manifestations motrices ou de généralisation.
◆ Le traitement anticonvulsivant chez la personne âgée doit être adapté, avec pondération de l’ efficacité et de la tolérance, et prise en compte des comorbidités spécifiques de chaque patient.
◆ Il existe une relation bidirectionnelle entre l’ épilepsie et la démence ;
la démence représente un facteur de risque indépendant pour la
survenue d’ épilepsie, et l’ épilepsie un facteur de risque indépendant pour la survenue de démence.
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La sexualité est un facteur positif important de la qualité de vie jusqu’ à un âge avancé. Les personnes âgées pratiquent aussi régulièrement le sexe et sont majoritairement satisfaites de leur vie sexuelle. Les changements biologiques, les comorbidités existantes, les limitations fonctionnelles et les effets secondaires des médicaments sont des facteurs qui influencent négativement la satisfaction sexuelle. L’ optimisation de ces facteurs, comme les pertes fonctionnelles ou la réduction des médicaments, sont des mesures simples. Le passage d’ une forme d’ habitat autonome à une forme d’ habitat assisté peut modifier dramatiquement l’ expérience sexuelle. La qualité de vie dans de telles formes d’ habitat peut être améliorée de manière significative grâce à la détabouisation de la sexualité, à des conseils compétents et à l’ ouverture des institutions aux besoins sexuels des résidents.
Sexuality is an important contributor to quality of life even in advanced age. Older persons are regularly engaged in sexual activities and report a high level of satisfaction. Age associated biological changes, functional decline, comorbidities and medication side effects are common factors with negative impact upon sex life. Optimizing such factors and a thorough medication review are simple measures in daily practice. Moving into a logterm care facility has the risk of a significant influence on sexual life in older persons. Thus, an open minded approach respecting privacy and sexual desire of older persons in such institution may improve quality of life. Key Words: sexuality, older persons, geriatric patients
Les consultations « régulières » dans les cabinets médicaux se concentrent souvent sur des thèmes somatiques. Certains sujets tabous sont alors volontiers occultés. Même chez les jeunes patients, il est difficile d’ aborder le thème de la sexualité. Qui aime poser volontairement des questions sur la vie sexuelle d’ autrui, et qui plus est chez des personnes âgées ? Peut-on et doit-on aborder le thème de la sexualité des personnes âgées en consultation ? Nous pensons que oui et donnons dans l’ article suivant un bref aperçu des travaux récents sur ce thème souvent tabou.
Que signifie la sexualité dans le contexte du vieillissement en bonne santé ?
Le vieillissement en bonne santé a été défini en 2015 dans un document détaillé du Rapport mondial de l’ OMS sur le vieillissement et la santé (1). Il s’ agit d’ un processus qui, malgré la présence éventuelle de maladies chroniques, permet de développer ou de maintenir des capacités fonctionnelles qui vont de pair avec le bien-être. Dans cet ouvrage de plus de 200 pages, une page est consacrée à la sexualité des personnes âgées et regrette en premier lieu le peu de données disponibles, mais formule clairement que la fonction sexuelle représente un critère important de la qualité de vie des personnes âgées. Le même rapport présente des données qui montrent que jusqu’ à l’ âge de 64 ans, près des trois quarts des personnes ont encore des rapports sexuels au moins une fois par semaine et que la moitié des 65-74 ans sont également encore sexuellement actifs. Même un quart des 75-85 ans ont des relations sexuelles (avec pénétration) au moins une fois par semaine (1). Une étude récente décrit même des fréquences de 70 % chez les personnes de 75 ans et plus (2).
La société ne comprend souvent pas la vie sexuelle des personnes âgées, bien qu’ elles considèrent elles-mêmes que le sexe fait partie de leur qualité de vie personnelle. Dans une analyse récente sur le thème du sexe chez les personnes âgées, le groupe de recherche a pu identifier au total 5 thèmes importants pour l’ encadrement et le conseil des personnes âgées (3) (tab. 1).
Le fait que les personnes en Suisse aient aujourd’ hui des rapports sexuels plus tôt qu’ il y a 60 ans a été mis en évidence en 2009 par la Commission fédérale pour l’ enfance et la jeunesse. Alors qu’ en 1972, environ 20 % des hommes et 30 % des femmes avaient déjà eu des rapports sexuels à 17 ans, ces chiffres sont passés à 56 % et 66 % en 2007. A notre connaissance, il n’ existe pas d’ enquête sur la question de savoir si l’ activité sexuelle a également augmenté avec l’ âge. Une tendance dans ce sens est toutefois envisageable. Le statut de la relation (seul(e) ou avec un(e) partenaire) est un critère décisif. Une enquête de 2017 a examiné la fréquence de l’ activité sexuelle et des caresses en fonction de l’ âge, du sexe et du statut de la relation (2). Les personnes en couple étaient sexuellement actives dans plus de 80 % des cas, quel que soit leur sexe, alors que la fréquence tombait à environ 5 % pour les femmes et 18 % pour les hommes lorsqu’ ils n’ avaient pas de partenaire. L’ âge croissant est en outre corrélé positivement au dysfonctionnement sexuel et négativement au désir sexuel (4). Même avec l’ âge, la sexualité ne se réduit pas à l’ aspect physique. D’ autres facteurs au moins aussi importants sont l’ attitude personnelle et les expériences antérieures en matière de sexe, leur importance subjective pour la qualité des relations ainsi que les déterminants culturels (5). La sexualité des personnes âgées est souvent considérée comme une intimité vécue de la même manière par les deux sexes. En revanche, les hommes âgés font plus souvent état de pensées et d’ activités sexuelles que les femmes. 27 % des personnes âgées de 60 à 82 ans expriment plus souvent des pensées sexuelles que la moyenne d’ une population de référence de 22 à 36 ans (6). Cela montre que le sujet est tout à fait pertinent pour la pratique quotidienne.
Qu’ est-ce qui influence notre vie sexuelle avec l’ âge ?
Le plus grand «organe sexuel» est le système nerveux central (SNC). Les impulsions provenant de différentes zones du cerveau, des nerfs crâniens et du tronc cérébral régulent et contrôlent la libido, l’ excitation et, surtout, les processus physiologiques qui mènent finalement à l’ orgasme et à la satisfaction qui en découle (7). Des zones plus ou moins similaires sont impliquées chez les deux sexes. Seul le noyau sexuellement dimorphe du thalamus contrôle la sexualité de manière différente chez les femmes et les hommes (8). De nombreux neurotransmetteurs jouent un rôle dans ce processus ; la dopamine et la sérotonine, par exemple, sont des neurotransmetteurs de la sexualité.
Les médiateurs de la satisfaction sexuelle semblent être particulièrement importants (7). Mais d’ autres formes de sexualité, telles que les câlins, les caresses ou les embrassades, sont également appréciées jusqu’ à un âge avancé comme faisant partie d’ une bonne qualité de vie. Avec l’ âge, elles deviennent plus importantes que la sexualité associée au coït. Parallèlement, les organes sexuels de la femme et de l’ homme se modifient. Chez la femme, de nombreux changements sont déclenchés dans le cadre de la ménopause. Souvent, les femmes ménopausées souffrent d’ une diminution de la production de sécrétions vaginales, ce qui peut entraîner une pénétration douloureuse. L’ introïtus se rétrécit, la paroi vaginale s’ épaissit et se raccourcit. Les femmes subissent en outre une diminution de l’ excitabilité sexuelle (arousal). La diminution de la production endogène de testostérone chez les hommes, liée à l’ âge, est beaucoup plus lente que celle de la ménopause, mais elle est également liée à des modifications de la sexualité. Outre la diminution de l’ éveil et de la quantité de sécrétion de prostate, c’ est la dysfonction érectile avec ses effets sur la tumescence, la vidange du corps caverneux et le retard de la régénérescence qui est au premier plan.
Comorbidités et médicaments
Les comorbidités existantes ont un effet négatif sur les changements physiologiques mentionnés précédemment. Elles vont de l’ arthrose aux polyneuropathies, des douleurs chroniques aux troubles psychiques ou cognitifs (dépression, démence). A cela s’ ajoutent les effets des stimulants et des addictions comme l’ alcool, la nicotine et autres drogues. Un grand nombre de médicaments agissant sur le SNC (y compris la moelle épinière) influencent par leurs effets les deux neurotransmetteurs la dopamine et la sérotonine. C’ est pourquoi l’ indication de ces substances doit toujours être vérifiée de manière critique en cas de troubles. Une réduction de la dose peut déjà entraîner une amélioration des symptômes (tab. 2).
La sexualité dans les soins de base, un tabou ?
Dans la pratique, le thème de la sexualité semble tabou. Seuls un peu plus de 20 % des femmes et près de 40 % des hommes de plus de 50 ans en parlent. Plus la personne est âgée, plus souvent « les deux parties » se taisent. Les femmes semblent particulièrement désavantagées. Une grande enquête britannique a montré que seules 68 % des femmes de plus de 65 ans ont parlé de la sexualité des personnes âgées, alors que 97 % des personnes interrogées auraient aimé en parler et qu’ une grande partie (80 %) aurait même été prête à fixer un deuxième rendez-vous sur ce thème (10). Le résultat de la même enquête montre que tant les médecins que les femmes ont certains préjugés, connaissent peu la sexualité des personnes âgées, sont pressés par le temps et réduisent souvent la sexualité aux troubles de l’ érection. D’ autre part, les patients ont honte et espèrent que le sujet sera abordé par leur « vis-à-vis » (10).
Et dans le domaine du long terme ?
En Suisse, environ 90’ 000 personnes âgées vivent dans des institutions de long séjour, dont les trois quarts ont 80 ans et plus (11). Malheureusement, la pratique de la sexualité dans ces institutions est souvent perturbée, par exemple par une intimité insuffisante, le manque de partenaire, l’ attitude (négative) des propres membres de la famille, des soignants, mais aussi des médecins de famille, ainsi que des connaissances insuffisantes sur la sexualité des personnes âgées (12).
Conseils pour la vie quotidienne
Nous n’ apprenons certaines choses que si nous les demandons activement. Cela signifie toutefois que nous devons surmonter notre propre pudeur, saisir le « bon moment » et apprendre à lire entre les lignes. Il n’ est pas rare que le thème de la sexualité soit abordé à la fin d’ une conversation. Idéalement, il devrait faire partie d’ une anamnèse « typique », même chez les personnes âgées. Il est en outre décisif de savoir qui est la personne idéale pour aborder le sujet. Il faut être conscient de sa propre attitude et de ses propres valeurs (13). Une bonne option est également de « s’ entourer d’ une personne idéale » pour aborder le sujet. Les questions directes, claires et ouvertes constituent une bonne entrée en matière : « Comment va votre vie sexuelle » ? Êtes-vous encore sexuellement actif ? » Dans le contexte des troubles psychiques et de leur médication, on peut par exemple mentionner en introduction la maladie de base ou les effets secondaires potentiels des médicaments sur la sexualité. Chez les femmes en péri-ménopause, les questions sur les troubles de la ménopause sont une bonne introduction à la thématique (13). Des questions sur l’ orientation sexuelle (si elle n’ est pas déjà connue) ou des contacts avec des travailleuses du sexe (en particulier chez les hommes) peuvent en outre aider à comprendre le problème.
Comment continuer ?
En levant le tabou sur la sexualité lors d’ un entretien personnel et en réaffirmant que le sexe est un facteur important de la satisfaction de la vie, même à un âge avancé, on a déjà fait beaucoup sur le plan thérapeutique. Il est tout à fait possible que les femmes reçoivent des conseils sur l’ œstrogénisation de la muqueuse vaginale ou sur les lubrifiants. Selon les troubles, un suivi gynécologique est indiqué. Chez les hommes, la dysfonction érectile peut être au premier plan des plaintes, mais la sexualité des personnes âgées ne se résume pas au Viagra. La prudence est de mise avec les substances destinées à augmenter la libido, car les effets sont anecdotiques. Dans les cas d’ hyperactivité sexuelle, on utilise parfois des anti-androgènes chez les hommes souffrant de troubles cognitifs, dont les effets sur les taux de testostérone déjà physiologiquement bas sont très discutables.
Existe-t-il des centres de consultation ou des établissements modèles ?
Malgré des recherches intensives sur Internet, nous n’ avons pas trouvé de recueil spécifique à la thématique de la sexualité des personnes âgées. La page d’ accueil Santé sexuelle Suisse (www.sante-sexuelle.ch) contient toutefois une liste de centres de conseil régionaux et de thérapeutes actifs dans le domaine de la sexualité. Pour les personnes homosexuelles, le site de l’ association www.queerAltern.ch est tout indiqué. Tant Pro Senectute Suisse que l’ association suisse des homes Curaviva traitent de cette thématique en ligne. Les institutions modèles, qui sont considérées comme un exemple de concept sexuel vécu, ne sont toutefois pas répertoriées. Les facteurs suivants peuvent toutefois contribuer à la qualité de vie « sexuelle » dans les maisons de retraite et les établissements médico-sociaux (tab. 3).
Cet article est une traduction de « der informierte arzt » 02_2023
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PD Dr méd. Thomas Münzer
Clinique gériatrique de Saint-Gall
Rorschacher Str. 94
9000 St. Gallen
Dre méd. Annette Ciurea
Age Medical – Zentrum Gesundheit im Alter
Hardturmstrasse 131
8005 Zürich
L’ auteur n’ a pas déclaré de conflits d’ intérêts en rapport avec cet article.
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Depuis le dernier article paru dans la Gazette Médicale en 2017 (01 _ 2017 _ la gazette médicale _ info@geriatrie), il y a eu un changement historique de la prise en charge de patients diabétiques de type 2 présentant une néphropathie diabétique albuminurique. En effet des études randomisées contrôlées de haute qualité ont été publiées entre 2019 et 2022 et ont changé l’ algorithme de prise en charge (1,2). Cet article a pour but de refaire le point par rapport à la néphropathie diabétique
Epidémiologie et dépistage
La prévalence de la néphropathie diabétique est en augmentation en raison du vieillissement de la population et de l’ augmentation de la prévalence du diabète de type 2. Le médecin de premier recours et le diabétologue restent en première ligne pour le dépistage de la néphropathie diabétique. Une évaluation annuelle avec une estimation de la filtration glomérulaire (eGFR selon CKD-EPI basé sur la créatinine) et un rapport albumine/créatinine urinaire sur un spot est recommandée chez tout adulte diabétique. Un stix ou sédiment urinaire sera fait pour compléter ce bilan et d’ autres causes d’ atteinte rénale seront recherchées en cas de sédiment pathologique. La fréquence des contrôles sera augmentée chez les personnes présentant déjà une néphropathie (Tab.1). On parle de maladie rénale chronique en cas d’ eGFR < 60ml/min/année et/ou lors d’ un stade A2-A3 de l’ albuminurie. Mais adapté à l’ âge, cette classification peut être affinée (si âge<40 ans <75ml/min/1.73 m2, si âge >65 ans <45ml/min/1.73 m2). Finalement tout patient avec un stade A3 de l’ albuminurie présente un déclin accéléré de la fonction rénale et nécessite une prise en charge multifactorialle intensive (contrôle glycémique, tensionnelle, lipidique, poids, tabac, adhésion au traitement…).
Algorithme de prise en charge
La prise en charge du patient avec une néphropathie diabétique est multiple et complexe. Un consensus suisse sur la néphropathie diabétique résume en détail les connaissances actuelles et la prise en charge thérapeutique (Fig.1) (2). Il y aura des objectifs chiffrés (glycémique, tensionnelle, lipidique) mais aussi des objectifs de protection rénale (IEC ou Sartan, SGLT2i, finérénone). Il sera important d’ exclure d’ autres causes d’ atteinte rénale (dans 20% des cas) et d’ adresser le patient au néphrologue en cas de doute. L’ objectif thérapeutique est d’ améliorer la qualité de vie tout en ralentissant le déclin de la fonction rénale et en diminuant le risque cardiovasculaire. La très grande majorité de patients diabétiques avec une néphropathie vont mourir de maladie cardiovasculaire avant d’ atteindre l’ insuffisance rénale terminale. La prise en charge multidisciplinaire s’ impose parfois avec un suivi médical, infirmier, diététique, pharmacien et podologique. L’ amélioration de l’ auto-soin et l’ adhésion au traitement sont aussi des facteurs qui peuvent avoir un impact positif sur le pronostic.
Médicaments néphroprotecteurs
IEC/Sartans: Le blocage du système rénine-angiotensine par les inhibiteurs de l’ enzyme de conversion ou les sartans sont en première ligne lors de néphropathie albuminurique. Les études qui remontent il y a plus de 20 ans montrent une diminution des événements rénaux. Par contre leur association (IEC, sartan, inhibiteur de la rénine) n’ est pas proposée car les études ont montré une augmentation des effets indésirables. Un dosage de la créatinine et de la kaliémie est proposé 1-2 semaines après le début du traitement qui sera mis en suspens en cas d’ élévation de la créatinine de plus de 30%. Une kaliémie élevée fera rechercher d’ autres causes favorisants comme les AINS, l’ acidose métabolique et l’ alimentation riche en potassium.
SGLT2 inhibiteurs (SGLT2i) (3,4,5,6) : Les SGLTi induisent une glucosurie en inhibant la réabsorption rénale de glucose/sodium. Ces médicaments améliorent le contrôle glycémique lors de eGFR>45ml/min/1.72 m2, diminuent le risque d’ hospitalisation pour insuffisance cardiaque (lors de eGFR > 20ml/min/1.73m2) et ralentissent le déclin de la fonction rénale et l’ albuminurie (lors de eGFR > 25ml/min/1.73m2). L’ introduction d’ un SGLT2i dès un stade KDIGO G2A3 de l’ albuminurie peut retarder la survenue de l’ insuffisance rénale terminale de plus de 10 ans. Ces médicaments de prix moyen sont pris en une prise orale par jour. La tolérance est le plus souvent bonne. Il est néanmoins important d’ informer le patient des effets secondaires, en particulier le risque de mycose génitale (5-10% de risque) et l’ importance d’ une bonne hydratation. Leur utilisation est contre-indiquée pour l’ instant chez les diabétiques de type 1 en raison du risque d’ acido-cétose. Ce risque est bas chez le diabétique de type 2 mais doit être recherché en cas de douleurs abdominales /nausées. Finalement, comme pour les bloqueurs du système rénine-angiotensine, un contrôle de la créatinine/kaliémie est recommandée 1-2 semaines après l’ introduction d’ un SGLT2i chez les personnes avec une atteinte rénale ou des antécédents d’ insuffisance rénale aigue. Il faut relever que les analyses récentes montrent une diminution du risque d’ insuffisance rénale aigue et d’ hyperkaliémie sous SGLT2i.
Finérénone (7-9) : La finérénone est un antagoniste non stéroïdien des récepteurs minéralocorticoïdes (MRA). Il se distingue des MRA stéroidiens (aldactone, eplérénone) par l’ absence d’ effets secondaires sexuels collatéraux. C’ est le premier MRA avec preuve de néphro- et cardio-protection des patients diabétiques de type 2 avec une néphropathie albuminurique. Le risque d’ hyperkaliémie est par contre un facteur limitant, ce traitement ne peut être introduit lors de kaliémie ≤4.8mmol/l et nécessite un monitoring fréquent avec retrait lors de kaliémie au dessus de 5.5mmol/l. Son utilisation chez des patients diabétiques avec une atteinte rénale (jusqu’ à 25ml/min/1.73m2) est reconnue par Swissmedic mais son prix est encore en négociation. En raison de l’ abondance d’ étude positives avec les SGLT2i, le recours à la finérénone se fera en 2ème intention, après l’ introduction des SGLT2i. Même si les études manquent, leur association pourrait être intéressante avec des effets synergiques et une diminution du risque d’ hyperkaliémie.
Cibles thérapeutiques
Contrôle glycémique : en prévention primaire de la néphropathie diabétique, une cible d’ HbA1C <6.5-7% est recommandée. Dès un eGFR<60ml/min, les cibles peuvent être assouplies, comme le risque d’ hypoglycémie augmente lors d’ atteinte rénale et de traitement d’ insuline, de sulfonyurées ou de glinides. Une personne âgée en dialyse avec une espérance de vie limitée aura une cible de <8.5%. Si les SGLT2i seront choisis en priorité chez les personnes avec une néphropathie albuminurique, ce traitement ne suffira pas toujours à obtenir un bon contrôle glycémique. En cas de BMI au-dessus de 28kg/m2, un GLP1a sera proposé comme il apporte une protection cardiovasculaire et ralentit la progression de l’ albuminurie. L’ association GLP1a et SGLT2i nécessite cependant un accord préalable de l’ assurance maladie.
Contrôle tensionnelle : chez la personne diabétique de 18-64 ans la cible est une pression artérielle systolique de 130mmHg au cabinet ou plus bas si cela est toléré. Pour les personnes de 65ans ou plus, la cible est une pression artérielle systolique de 130-139mmHg. En cas d’ atteinte rénale, la cible est de 130-139mmHg si toléré avec une cible pour la pression artérielle diastolique de 70-79mmHg.
Contrôle lipidique : lors de diabète et d’ atteinte rénale (non dialysé, selon KDIGO >G3b ou G3aA2 ou A3) le risque cardiovasculaire est considéré comme très élevé. Dans ce cas, la cible initiale est un Ldl cholesterol <1.8mmol/l avec 50% de réduction. Dans un deuxième temps, une cible <1.4mmol/l est proposée surtout en cas de maladie cardiovasculaire avérée. Les statines restent en première ligne thérapeutique lors de néphropathie diabétique.
Bilan des complications
Dès une atteinte rénale significative, un bilan plus étendu des complications est proposé, incluant le bilan de l’ anémie, l’ acidose métabolique, le bilan phosphocalcique. Une collaboration étroite avec le néphrologue est indiquée en cas d’ altérations.
Conclusions
De nouvelles thérapies efficaces dans la néphropathie diabétique albuminuriques sont à présent disponibles, comme les SGLT2i et la finérénone. Ces nouvelles thérapies diminuent le risque rénal et cardiaque chez ces patients à haut risque. La prise charge de ces patients est complexe, doit être multifactorielle et multidisciplinaire, avec un accompagnement thérapeutique pour améliorer l’ adhésion au traitement.
Dre Anne Zanchi Delacrétaz
Médecin adjoint, PD
Service d’endocrinologie, diabétologie et métabolisme
et Service de néphrologie
Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV)
Rue du Bugnon 17
CH-1011 Lausanne
L’ auteur n’ a pas déclaré de conflits d’ intérêts en rapport avec cet article.
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1. Quelle est la cause de l’ enrouement ?
A. Polype des cordes vocales
B. Parésie des cordes vocales
C. Œdème de Reinke
D. Aucun diagnostic clinique ne peut être posé.
2. Quelles sont vos prochaines étapes ?
A. Pas de traitement, contrôle dans 3 semaines
B. Laryngoscopie ou orientation vers un médecin ORL ou un phoniatre
C. CT du larynx et du cou
D. IRM du larynx et du cou
Discussion
Nous avons devant nous une femme de 58 ans, fumeuse, présentant un enrouement chronique, sans autres symptômes. L’échelle GRB est utilisée pour décrire le type d’ enrouement (G = grade de la dysphonie, R = raucité, B = breathyness/souffle). Des valeurs de 0 à 3 sont attribuées. Une voix normale est évaluée avec G0R0B0, chez notre patiente avec une voix moyennement enrouée, modérément rauque et non voilée, le score sur l’échelle GRB est de G2R2B0.
Les causes d’un enrouement sont très variées, allant de l’ infection banale à la tumeur maligne. Un diagnostic peut être posé uniquement sur la base des résultats acoustiques de la voix. Quoique l’histoire et la durée de l’enrouement permettent quelques suppositions, une laryngoscopie par un médecin ORL ou un phoniatre est indispensable. Une laryngoscopie est généralement recommandée si un enrouement nouvellement apparu persiste pendant plus de 3 semaines sans s’améliorer. L’ urgence dépend également des circonstances concomitantes (stridor, hémoptysie) et des facteurs de risque (abus de nicotine et d’ alcool).
Chez notre patiente qui a une voix rauque depuis des mois, les diagnostics suivants sont les plus vraisemblables:
Laryngite chronique (Fig. 1) :
En cas de consommation chronique de nicotine (d’autres facteurs étiologiques à envisager sont le reflux gastro-œsophagien, les allergies, l’ irritation par un air sec et poussiéreux ou des fumées corrosives, la respiration buccale ou la mise au repos de la voix manquante après une laryngite aiguë).
Carcinome des cordes vocales (Fig. 2) :
Ici, on s’ attendrait plutôt à une durée plus courte des symptômes, de 2 à 4 mois. Cependant, une dégénérescence due à une laryngite chronique avec une anamnèse plus longue serait également possible. Dans le cas d’ un carcinome des cordes vocales, la détection précoce par une laryngoscopie est importante et également possible, car même les petits carcinomes des cordes vocales se manifestent en général rapidement par un enrouement. Aux stades précoces, un pronostic favorable peut être attendu suite à une résection microlaryngoscopique seule ou par une irradiation primaire ciblée.
Polype des cordes vocales (Fig. 3) :
Des facteurs mécaniques tels que la surcharge vocale et le tabagisme jouent un rôle causal.
L’ œdème de Reinke (Fig. 4):
Il s’agit d’un oedème des cordes vocales dans l’ espace étroit entre l’ épithélium des cordes vocales et le tissu conjonctif sous-jacent. L’ œdème de Reinke est facilement reconnaissable lors d’une laryngoscopie à la loupe comme tuméfaction vitreuse pour la plupart des deux cordes vocales (plis vocaux).
Papillomatose laryngée (Fig. 5) :
Cette maladie virale du larynx, causée par le papillomavirus humain (HPV), peut survenir à tout âge. On observe de petits papillomes ayant l’aspect d’une framboise sur les cordes vocales. Une biopsie est recommandée, d’ une part pour déterminer le type de virus (6 et 11 appartiennent au « groupe à faible risque » pour le potentiel de malignité, 16 et 18 en revanche appartiennent au « groupe à haut risque »), d’ autre part pour détecter des dysplasies déjà existantes. Les autres diagnostics différentiels sont la presbyphonie, la dysphonie fonctionnelle ou les kystes des cordes vocales.
Notre patiente avait les résultats laryngostroboscopiques suivants :
Cette tuméfaction translucide et lisse des deux cordes vocales permet clairement de diagnostiquer un œdème de Reinke. Les patients typiques sont des femmes fumeuses et communiquantes âgées de 50 à 60 ans. La dégénérescence maligne n’ est pas à craindre. Pour le pronostic, l’ arrêt de la consommation de nicotine est important. En cas de faible souffrance ou de stade initial, une certaine amélioration peut être obtenue avec la thérapie vocale logopédique et l’ arrêt de la nicotine, mais dans la plupart des cas, une ablation phonochirurgicale sous anesthésie de courte durée est nécessaire. L’ ablation est notamment indiquée lorsque de gros œdèmes entraînent déjà une dyspnée à l’effort.
Cet article est une traduction de « der informierte arzt » 07_2021
Copyright Aerzteverlag medinfo AG
Dre Andrea Rambousek
Département d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie faciale
Hôpital cantonal de Lucerne, LUKS,
6000 Lucerne 16
Dr Seo Simon Ko
médecin cadre
Département d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie faciale
Hôpital cantonal de Lucerne, LUKS,
6000 Lucerne 16
Les auteurs n’ont pas déclaré de conflits d’ intérêts en rapport avec cet article.
◆ Un enrouement persistant pendant plus de 3 semaines sans amélioration devrait être investigué par laryngoscopie, de préférence par un médecin spécialiste en ORL / phoniatrie en particulier en présence de facteurs de risque tels que l’abus de nicotine et d’alcool.
◆ Les œdèmes de Reinke se trouvent typiquement chez des femmes fumeuses âgées de plus de 40 ans ayant une charge vocale importante et une voix grave et rauque. Selon la souffrance subjective causée par la dysphonie, ils peuvent être enlevés par microlaryngoscopie.
Une « neuroprothèse » pour corriger les troubles de la parole
Il semble qu’ un grand progrès se dessine ici ! Les troubles dans le système moteur de la parole, par exemple dans le cas de maladies neurodégénératives telles que la sclérose latérale amyotrophique, les myopathies ou les AVC du tronc cérébral (dans le cas extrême d’ un syndrome d’ enfermement dit « locked-in » syndrome), peuvent contribuer de façon importante à l’ isolement et la solitude. Des électrodes implantées dans les aires du langage (intactes) peuvent enregistrer l’ activité électrique du cerveau lors d’ une tentative de parole et la transmettre à un capteur implanté sous la peau du patient. Via ce capteur, un ordinateur peut ensuite interpréter* les mots qui se forment dans le cerveau et les traduire visuellement ou vocalement via un smartphone ou un PC. La qualité de cette méthode s’ est considérablement améliorée : Il est désormais possible de prononcer environ 60 mots par minute avec un taux d’ erreur de seulement 10 % environ (1) ! Le système fonctionne indépendamment du fait que le patient essaie de prononcer un mot ou qu’ il le formule silencieusement – pour ainsi dire dans son imagination. Les nouvelles méthodes n’ utilisent plus l’ implantation transcrânienne d’ électrodes, mais – de manière moins invasive – l’ insertion d’ électrodes, qui se trouvent dans un maillage semblable à un stent, via les veines du cerveau (1). Sur le lien « youtube » indiqué ci-dessous, vous trouverez une vidéo instructive sur cette méthode fascinante (2).
*On parle de manière professionnelle d’ une interface cerveau-ordinateur dite « brain-computer-interface » ou BCI.
Acidose métabolique en cas d’ insuffisance rénale chronique ou après une transplantation rénale
En cas de maladie rénale chronique ou après transplantation de reins, ces derniers ont souvent une capacité très limitée à éliminer les acides produits par voies métaboliques. Il en résulte une acidité excessive dans le sang (acidose métabolique chronique, par définition une chute primaire de la concentration de bicarbonate dans le sang en dessous de 22 mmol/L, normalement étant autour de 25 mmol/L). Une acidose métabolique chronique en cas d’ insuffisance rénale semble accélérer la progression de la maladie, une correction de celle-ci (par le bicarbonate) peut ralentir cette progression. Malheureusement, cela ne s’ applique pas aux reins transplantés de patients adultes, selon une excellente étude multicentrique suisse. Malgré une correction documentée de l’ acidose en cas de fonction rénale réduite après transplantation rénale, l’ apport de bases n’ a pas réussi à stabiliser de manière significative le DFGe (Débit de Filtration Glomérulaire estimé) sur une période de deux ans. Donc pas d’ apport de base ? Les effets de l’ acidose sur la diminution de la masse musculaire et osseuse sont des arguments contre le renoncement, même si aucun effet sur l’ évolution du DFGe n’ a été trouvé. Le fait de se fier uniquement au DFGe, dont la précision n’ est pas parfaite, conduit à se demander si cette étude négative n’ était pas non plus biologiquement non significative. Une durée de traitement plus longue et des mesures de la clairance rénale plus précises pourraient-elles apporter d’ autres résultats ? La divergence inexpliquée par rapport à l’ effet en cas d’ insuffisance rénale chronique (sans ou avant transplantation) incite également à ne pas abandonner complètement la thérapie, mais à l’ étudier encore plus. Voir aussi ci-dessous : « Connaissances de base : En moins d’ une demi-minute… »
The Lancet 2023, doi.org/10.1016/S0140-6736(22)02606-X
Ralentissement de la démence et mode de vie
Quand on travaille depuis un certain temps dans le domaine de la médecine, on se rend compte de nombreuses découvertes plutôt éphémères. Ainsi, dans les années 90, il n’ y avait presque plus de contre-indication officielle, voire de recommandation universelle pour un remplacement des œstrogènes à la ménopause, et la consommation d’ alcool (dans des quantités difficiles à définir) était quasiment célébrée comme un facteur de longévité. Les discussions ont davantage porté sur les questions suivantes : bière, eau-de-vie ou vin, et pour ce dernier, plutôt rouge que blanc. En ce qui concerne le développement de la démence chez les personnes âgées, l’ alcool semble aujourd’ hui avoir un effet négatif. Selon une étude de cohorte chinoise prospective portant sur environ 29.000 participants âgés en moyenne de 72 ans et suivis pendant 10 ans, l’ absence ou l’ arrêt de la consommation de nicotine, en plus de l’ abstinence d’ alcool, a un effet protecteur contre l’ apparition d’ un déficit cognitif/d’ une démence. Comme on pouvait s’ y attendre, les 4 facteurs de mode de vie suivants étaient protecteurs : une alimentation « saine », des activités physiques régulières, des contacts sociaux plus actifs et des occupations cognitives initiées par l’ individu lui-même (par ex. la lecture de « medical voice »…). Il est intéressant de noter que les effets étaient également décelables en présence d’ un important facteur de risque de la maladie d’ Alzheimer (ApoE epsilon 4). L’ effet de l’ abstinence absolue d’ alcool est difficile à croire, mais c’ est ce que suggèrent les résultats sur cette population chinoise.
BMJ 2023, doi.org/10.1136/bmj-2022-072691
Le torasémide (Torem) ou le furosémide (Lasix) en cas d’ insuffisance cardiaque et l’ hydrochlorothiazide (Esidrex et dans différentes préparations combinées) ou la chlorthalidone (Hygroton) en cas d’ hypertension artérielle essentielle ?
Souvent, même pour des médicaments autorisés depuis longtemps, il n’ est pas clair pour les praticiens s’ il faut tenir compte des avantages ou des inconvénients des différentes substances dans la même classe. Les diurétiques de l’ anse (furosémide, torasémide) sont la base indispensable du traitement d’ une insuffisance cardiaque aiguë décompensée, tandis que les thiazides comme l’ hydrochlorothiazide ou les diurétiques apparentés aux thiazides comme la chlorthalidone (un sulfonamide) font ou devraient faire partie intégrante du traitement en cas de thérapie essentielle. Sont-ils comparables pour les indications mentionnées ou faut-il préférer l’ un à l’ autre ? Non, pour l’ indication « hypertension », les médicaments (la demi-vie d’ élimination pour l’ hydrochlorothiazide est de 6-12h et pour la chlorthalidone de 40-60 h) étaient identiques en termes de réduction des événements cardiovasculaires pendant presque 2 1⁄2 ans (1). Soulagement donc, car la chlorthalidone (Hygroton) a été retirée du marché en Suisse en 2014, sauf dans les préparations combinées. Il n’ y avait pas non plus de différence au niveau de la mortalité entre le furosémide, dont l’ action est plus courte, et le torasémide dans les 12 mois suivant une hospitalisation pour insuffisance cardiaque aiguë (2).
Le nouveau plan de vaccination suisse 2023 est publié
Le nouveau plan de vaccination a été publié fin janvier sur le site Internet de l’ OFSP (voir 1). Il peut être téléchargé en fichier PDF en allemand, français et italien. Les recommandations actuelles de vaccination contre le Covid-19 et la variole du singe doivent toutefois être consultées séparément sur les pages web correspondantes de l’ OFSP. Les vaccinations de base recommandées contre la varicelle (jeunes enfants de 9 à 12 mois, de préférence le vaccin combiné quadrivalent, ROR+varicelle – rougeole, oreillons, rubéole, varicelle) et les vaccinations de rappel (13 mois jusqu’ au 40e anniversaire) sont prises en charge par l’ assurance de base. La vaccination contre un sérotype supplémentaire de méningocoque (type B) peut/doit également être effectuée. La prise en charge est limitée à certains groupes à risque (voir chapitre 3g du document).
Quel diagnostic différentiel de la migraine poseriez-vous dans les situations suivantes ?
A Première migraine après l’ âge de 50 ans B Céphalées accompagnées d’ une vision double transitoire, d’ acouphènes pulsatiles ou d’ hypotension orthostatique C Céphalées unilatérales battantes, nausées, phonophobie et photophobie – sans aura, mais avec incapacité de travail D Céphalées bilatérales d’ une durée d’ une 1⁄2 h à plusieurs jours, non pulsatiles, sensation d’ être enserré autour du crâne, pas d’ aggravation par les activités physiques quotidiennes, pas en forme mais néanmoins apte au travail E Céphalées sévères, strictement unilatérales, avec – du même côté – larmoiement, écoulement nasal, conjonctivite ou ptose F Céphalées d’ apparition récente avec artères temporales douloureuses, taux élevé de la protéine C réactive et claudication de la mâchoire
1 Suspicion d’ une cause secondaire des céphalées 2 Céphalées de tension 3 Artérite temporale 4 Céphalées trigéminales autonomes, notamment les céphalées « en grappe » 5 Augmentation de la pression intracrânienne 6 « Migraine classique »
Les combinaisons correctes :
A1, B5, C6, D2, E4, F3
Annals of Internal Medicine 2023, doi.org/10.7326/AITC202301170
Connaissances de base : En moins d’ une demi-minute….
Comment l’ acidose métabolique peut-elle contribuer à la progression de l’ insuffisance rénale ?
La baisse progressive du taux de filtration glomérulaire et les lésions du tubule rénal qui y sont associées entraînent une limitation progressive de la capacité du rein à éliminer les acides. C’ est surtout l’ excrétion de NH3/NH4 (« ammoniaque ») qui est restreinte. En cas d’ apport ou de production d’ acides inchangés par le régime alimentaire et le métabolisme endogène, l’ excrétion d’ acide sera à un moment donné inférieure à la somme de l’ apport et de la production d’ acide. Les acides (protons) sont donc réabsorbés et « consomment » des bases, ce qui est enregistré par le taux (bas) de bicarbonate dans le sang.
La charge acide se produit naturellement aussi dans le tissu rénal et y stimule les hormones profibrotiques et vasoactives que sont l’ angiotensine II, l’ aldostérone et l’ endothéline. Il a été démontré que les quantités accrues d’ ammoniaque peuvent conduire à l’ activation du complément via la voie d’ activation alternative. En outre, l’ acidose métabolique entraîne une augmentation de toute une série de cytokines. Ensemble, l’ acidose métabolique chronique induit donc un milieu inflammatoire-profibrotique dans les reins, ce qui explique en partie la détérioration progressive de la fonction rénale (en l’ absence d’ apport de bases). On sait également que l’ acidose métabolique entraîne une hypertrophie du tissu rénal, mais son influence éventuelle sur la vitesse de progression n’ a pas encore été bien étudiée.