Recommandations pour le diagnostic et le ­traitement des symptômes de la démence (SCPD)

Les «Recommandations pour le diagnostic et le traitement des symptômes comportementaux et psychiques de la démence (SCPD)» ont été élaborées parallèlement à la Stratégie nationale suisse sur la démence 2014–2019, sous la houlette de la Société suisse de psychiatrie et psychothérapie de la personne âgée (SPPA). Elles constituent le début d’ une série de recommandations concernant les troubles psychogériatriques. Fondées sur l’ expérience clinique des experts et conçues pour être utilisées dans un contexte interprofessionnel et interdisciplinaire, elles représentent l’ état actuel des connaissances sur le diagnostic et la thérapie. Les options d’ intervention non pharmacologique et la pharmacothérapie sont discutées en détail. Cette publication est la version révisée de la publication de 2014. Elle compile les développements dans ce domaine pour la pratique clinique quotidienne.

The «Recommendations for the Diagnosis and Treatment of Behavioral and Psychological Symptoms of Dementia (BPSD)» were developed in parallel with the Swiss National Dementia Strategy 2014–2019 under the auspices of the Swiss Society of Old Age Psychiatry and Psychotherapy (SGAP) and mark the beginning of a series of recommendations for geriatric psychiatric disorders. They depict the evidence-based state of knowledge about diagnostics and therapy, based on the clinical experience of the experts, and are designed for interprofessional and interdisciplinary use. The non-pharmacological intervention options and pharmacotherapy are discussed in detail. This paper is the revised version of the 2014 publication and compiles the development in this area for everyday clinical practice.

Key Words: Dementia, BPSD, Alzheimer, Diagnostic, Therapy

Les pathologies de la démence s’ accompagnent de troubles cognitifs, mais également d’ une série de symptômes psychiatriques qui en rendent l’ évolution difficile et représentent un lourd fardeau pour les personnes concernées et pour celles qui les prennent en charge (1–3). Les symptômes comportementaux et psychiques de la démence (SCPD) comprennent des manifestations telles que l’ apathie, la dépression, l’ euphorie, l’ anxiété, l’ agitation/agressivité, le délire, les hallucinations, l’ agitation motrice, l’ irritabilité, la désinhibition (sexuelle et/ou l’ hypo-oralité/ l’ hyper­oralité) et les troubles du sommeil. Au cours de leur maladie, presque toutes les personnes atteintes d’ une démence développent divers SCPD, les plus répandus étant l’ apathie et la dépression (3). La dépression apparaît surtout dans la phase précoce de la démence et peut constituer une symptomatique prodromique. Les symptômes psychotiques surviennent plutôt dans une phase tardive. Les troubles du sommeil se manifestent par une diminution de la durée du sommeil nocturne, la fragmentation du sommeil avec davantage de phases d’ éveil, une fatigue diurne, la réduction de la phase REM et le sundowning – caractérisé par une anxiété, une agitation et un état confusionnel à l’ approche du soir. Le diagnostic et le traitement des SCPD sont rendus plus complexes par la polymorbidité et la fragilité observées dans ce groupe d’ âge, ainsi que par la polypharmacie qui en découle. Lors de la pose des indications thérapeutiques, il est donc essentiel de bien évaluer la situation et de choisir, parmi les possibilités de traitement à disposition, celles qui sont le plus adaptées, sur la base des données scientifiques.

En 2014, sous la houlette de la Société suisse de psychiatrie et psychothérapie de la personne âgée (SPPA), un groupe d’ experts interprofessionnel et interdisciplinaire a élaboré des Recommandations pour le diagnostic et le traitement des symptômes comportementaux et psychiques de la démence, en version longue et abrégée (1, 2). De 2021 à 2023, ces recommandations ont été révisées et étendues. Elles sont disponibles depuis 2024 sous forme de manuel complet (3). La présente version abrégée repose sur le manuel susmentionné. Elle propose un résumé des principaux thèmes à l’ intention d’ un large public. Les deux publications visent à exposer les principes du diagnostic et du traitement des SCPD sur la base des preuves scientifiques actuelles et de l’ expérience clinique.

Introduction

Les études contrôlées font souvent défaut pour les médicaments utilisés en psychiatrie de la personne âgée, et on enregistre très peu de nouvelles autorisations. Il faut donc pallier ce manque de données probantes par des recommandations d’ experts consensuelles – comme le propose le présent document pour les SCPD – afin d’ intégrer l’ expérience clinique dans ce domaine. C’ est avant tout pour les approches thérapeutiques non médicamenteuses que les preuves scientifiques manquent. Ces recommandations visent à les mettre en avant et à les appuyer par l’ expertise clinique. Étant donné que dans ce groupe de patients présentant des polymorbidités, les psychotropes s’ accompagnent souvent d’ effets secondaires et de risques d’ interactions, les recommandations préconisent en première intention des thérapies non médicamenteuses. Celles-ci doivent en outre se poursuivre même s’ il y a prescription de psychotropes.

Les présentes recommandations sont élaborées dans une démarche interprofessionnelle et interdisciplinaire, qui correspond à l’ approche holistique des pathologies gériatriques. L’ application des traitements – non médicamenteux surtout – et l’ évaluation standardisée nécessitent un personnel soignant, thérapeutique et médical spécialisé, qui bénéficie de formations régulières et de supervisions en psychiatrie de la personne âgée. Il convient également de disposer de divisions spécialement équipées, proposant une infrastructure adaptée aux personnes âgées et qui favorise l’ activation, la participation, le bien-être, la mobilité et l’ orientation (3). La pharmacothérapie des SCPD pose une difficulté particulière: pour les antipsychotiques p. ex., seules deux substances sont autorisées pour ces indications (halopéridol et rispéridone), et l’ utilisation d’ autres médicaments se fait hors étiquette. Cela est fondamentalement possible si le traitement est dispensé selon les règles reconnues de l’ art médical et qu’ un devoir étendu et suffisant d’ information et de documentation est respecté. Néanmoins, cette procédure est complexe. En effet, la capacité de jugement de la personne concernée est altérée en raison de sa maladie, ce qui rend son information difficile et nécessite un investissement important pour l’ établissement du plan de traitement. Dès lors, toutes les options thérapeutiques ne sont souvent pas disponibles, ce qui peut engendrer des problèmes éthiques et thérapeutiques (3).

Facteurs pathogéniques

Sphère neurobiologique

L’ apparition des SCPD est favorisée notamment par des altérations structurelles et des modifications au niveau des neurotransmetteurs (3). Dans la plupart des cas, le cortex cingulaire antérieur et le cortex orbitofrontal sont concernés. Les troubles du système fronto-limbique, relié à l’ hippocampe, à l’ amygdale, au noyau caudé et au cortex frontal, sont responsables de la dépression, tandis que les lésions du circuit cingulaire antérieur sous-cortical peuvent entraîner l’ apathie. En cas d’ agitation, on constate souvent un déficit sérotoninergique – avec une fonction dopaminergique relativement bien conservée – et une hyperactivité des neurones noradrénergiques post-synaptiques. La survenue des symptômes psychotiques est liée à la voie mésolimbique dopaminergique ainsi qu’ aux systèmes sérotoninergique et glutamatergique.

Sphère psychosociale

Parmi les facteurs psychiques internes figurent notamment les objectifs que la personne âgée n’ a pas pu réaliser dans sa vie et qui la préoccupent, ainsi qu’ une dissociation entre soi-même et l’ environnement. D’ autres facteurs liés à l’ entourage jouent également un rôle important dans l’ apparition des SCPD. Il peut s’ agir par exemple de la charge pesant sur les proches, du mode de communication des personnes s’ occupant de la prise en charge ou du manque d’ activités quotidiennes agréables et ayant du sens. Selon le modèle de comportement orienté sur les besoins dans le cas de démence, les SCPD sont considérés comme l’ expression de besoins non satisfaits. Ils peuvent aussi être des réactions à des comportements des proches aidants ou des soignants qui déclenchent stress et émotions négatives.

Infrastructure

Des éléments architecturaux et d’ autres facteurs liés à l’ environnement – design et aménagement des locaux, éclairage, bruits, odeurs, température et routines de l’ établissement – peuvent contribuer à l’ apparition de SCPD ou, au contraire, aider à les atténuer. Pour les personnes atteintes de démence, la forme d’ habitat la plus favorable semble être la cohabitation en petits groupes. Une répartition claire et simple des locaux, permettant le déplacement en toute sécurité, des espaces pour la vie sociale, des possibilités de retrait et de tranquillité, ainsi qu’ une chambre individuelle pour garantir la sphère privée constituent des mesures supplémentaires importantes.

Comorbidités

Des facteurs médicaux sont également susceptibles de provoquer des SCPD. À signaler dans ce contexte les infections urinaires, l’ anémie, l’ hypothyroïdie, la constipation, les troubles électrolytiques, l’ insuffisance rénale, l’ hypoxie, les infections, les douleurs, les accidents vasculaires cérébraux, les traumatismes, la perte auditive ou certains médicaments (en particulier les anticholinergiques et les opioïdes).

Collaboration interprofessionnelle et interdisciplinaire – base du diagnostic et du traitement

Le principe de la prise en charge centrée sur la personne tout au long de l’ évolution de la maladie, la polymorbidité, la multifactorialité des SCPD et la nécessité de recourir à des procédures d’ évaluation et à des traitements divers appellent une approche globale, interprofessionnelle et interdisciplinaire. Le succès du traitement dépend de la concertation et de la coordination au sein de l’ équipe, qui permettent d’ adapter la prise en charge en continu, en fonction de l’ observation de la personne concernée. La collaboration interprofessionnelle doit être promue dès la formation et peut être encouragée par des rotations, la supervision, la formation continue ainsi que le développement de conceptions communes et d’ une attitude éthique. Cette approche requiert le financement de la prise en charge coordonnée par des systèmes tarifaires (3).

Approches holistiques et processus structurés

Tandis que, dans la gestion des SCPD, les interventions ponctuelles n’ ont d’ effets qu’ à court terme si l’ environnement des personnes concernées n’ est pas adapté à leurs besoins, les approches holistiques ont de meilleurs résultats, car, autant que possible, elles prennent en compte tous les aspects de la vie et du vécu dans l’ entourage social, de même que les facteurs déclenchants des SCPD. Trois approches ont été étudiées de manière approfondie (3):

Approche centrée sur la personne

La méthode se définit par trois thèmes clés, chacun subdivisé en deux sous-thématiques: le lien avec la personne concernée (incluant une individualisation marquée des soins, axés sur les besoins de la personne, et la prise en compte de la dimension interpersonnelle dans l’ établissement de la relation), le lien avec la pratique (aborder la personne avec respect et empathie, préserver son autonomie et sa sphère privée, et lui accorder l’ espace nécessaire pour bien comprendre et percevoir) et enfin le lien avec les relations de pouvoir (en supprimant les relations de pouvoir inéquitables et en faisant tomber les obstacles dans la culture du travail et les conditions générales). L’ approche repose sur l’ idée que les mesures favorisant la qualité de vie et le bien-être dans les facteurs environnementaux, l’ individualisation des soins et le développement ainsi que la préservation des aptitudes et compétences en matière de soins et d’ accompagnement sont susceptibles d’ influer positivement sur les SCPD.

Le modèle comprend les domaines suivants: facteurs d’ ordre supérieur (politique sanitaire, développement du personnel et ancrage dans l’ orientation stratégique), facteurs concernant le personnel spécialisé (connaissance de soi, compétences professionnelles et motivation), environnement des soins («skill-mix» adapté, processus décisionnels communs, équipe soudée, organisation apte à soutenir et innovation), processus de soins centrés sur la personne (décisions communes, personnel travaillant dans le respect des valeurs et des convictions des personnes concernées, soignant selon une approche holistique, mettant l’ accent sur les aspects relationnels et faisant preuve d’ empathie). Ces conditions et ces processus favorisent des résultats centrés sur la personne (expérience de soins positive, bien-être et culture propice à la santé).

Modèles Eden Alternative et Green house

Ces modèles concernent avant tout les soins de longue durée. Ils visent à supprimer les hiérarchies dans l’ accompagnement, à permettre aux personnes concernées de participer aux décisions et à concevoir la vie en institution comme un environnement de type familial. Ces éléments doivent atténuer la solitude et la perte de sens. Il s’ agit de donner à l’ entourage le caractère le plus privé possible, en favorisant les contacts sociaux et la présence d’ animaux et de plantes. Le modèle Green house prévoit des logements de groupe indépendants comptant au maximum dix résidents et comprenant des locaux communs d’ habitation, un jardin, la possibilité de cuisiner – le tout encadré par un personnel qualifié.

L’ approche Montessori

Le concept a pour but de maintenir et d’ améliorer l’ autonomie, l’ indépendance et la qualité de vie. L’ autocorrection des activités, dans lesquelles la personne concernée reçoit un retour sur le succès de la réalisation, en est un des éléments principaux. L’ activité est démontrée et induite, puis accomplie sans diversion. Elle doit avoir du sens et viser la satisfaction des besoins. Du matériel du quotidien y est intégré. L’ activité est mise en œuvre par étapes et un retour est donné une fois l’ activité achevée. Les lectures à voix haute ou les jeux de rôles se prêtent particulièrement bien aux activités de groupe. Il s’ agit pour les personnes concernées d’ expérimenter des sentiments positifs et des succès.

Processus structurés

Pour atténuer durablement les SCPD, il convient de trouver chez la personne concernée la cause individuelle, le déclencheur et les raisons du mode de comportement observé (3). Les processus structurés comprennent des modèles s’ appuyant sur le NDB (Need-Driven Dementia-Compromised Behavior-Model), à savoir le modèlede comportement orienté sur les besoins dans le cas de démence.

Serial Trial Intervention (STI)
L’ instrument STI est un protocole de traitement échelonné en cinq étapes: les deux premières comprennent une analyse physique et affective des besoins, la troisième consiste en interventions non pharmacologiques, la quatrième est un traitement de la douleur et la cinquième englobe des interventions pharmacothérapeutiques.

Diagnostic compréhensif
Cette approche est un processus systématique qui consiste à développer une compréhension au sein de l’ équipe interprofessionnelle et avec les proches. Deux instruments se sont avérés particulièrement utiles à cet égard: l’ analyse de comportement ABC et l’ IdA (système d’ évaluation innovant axé sur la démence). L’ analyse de comportement ABC fait partie intégrante des deux instruments. Le «A» est pour «antécédents possibles», le «B» (behavior) pour «comportement observé» et le «C» pour «conséquences/réactions».

TIME
L’ instrument TIME (Targeted Interdisciplinary Model for Evaluation and Treatment of Neuropsychiatric Symptoms – modèle interdisciplinaire ciblé pour l’ évaluation et le traitement des symptômes neuropsychiatriques) consiste en une étude de cas structurée qui se subdivise en plusieurs phases: phase d’ enregistrement et d’ appréciation, phase de réflexion guidée et phase d’ action et d’ évaluation.

DICE
L’ instrument DICE (Describe, Investigate, Create and Evaluate) recommande les étapes suivantes pour les SCPD: décrire (symptômes), investiguer (causes modifiables), élaborer (plan de traitement) et évaluer (examiner les mesures).

BPSD-DATE
Un groupe de travail formé par des cliniques universitaires suisses recommande d’ utiliser l’ algorithme BPSD-DATE pour évaluer les causes et les facteurs déclenchants des SCPD et développer l’ instrument DICE.

Évaluation multimodale

Procédures d’ évaluation psychopathologique et neuropsychologique

Pour l’ évaluation des SCPD, une procédure standardisée au moyen d’ instruments d’ hétéro-évaluation est recommandée (3). Sur les 138 outils publiés, les plus appropriés pour la clinique et la recherche sont l’ inventaire neuropsychiatrique (NPI) et le Behavioral Pathology in Alzheimer’ s Disease Rating Scale (BEHAVE-AD). Le NPI comprend 12 symptômes neuropsychiatriques: idées délirantes, hallucinations, agitation/agressivité, dépression/dysphorie, anxiété, euphorie, apathie, désinhibition, irritabilité, comportement moteur aberrant, troubles du sommeil et troubles de l’ appétit. Il comporte en outre des questions spécifiques aux symptômes. L’ avis des proches et la charge qu’ ils portent sont pris en considération. La réalisation du NPI nécessitant beaucoup de temps, un questionnaire ad hoc a été élaboré (NPI-Q). Dans cet outil, les questions spécifiques aux symptômes sont supprimées et les proches peuvent répondre de manière autonome. Pour les soins de longue durée, les instruments de relevé des besoins RAI et BESA permettent déjà des évaluations utiles dans certains cas.
L’ échelle de dépression gériatrique (EDG) est un questionnaire d’ auto-évaluation comprenant 15 questions auxquelles il s’ agit de répondre par «oui» ou par «non». Son contenu est très simple et il peut aisément être utilisé chez des personnes présentant une démence légère. L’ Inventaire d’ agitation de Cohen-Mansfield (IACM) est un outil d’ hétéro-évaluation qui permet d’ objectiver l’ agitation de manière détaillée.
L’ algorithme d’ intervention «BPSD-DATE» commence par une description des problèmes avec des indications relatives au contexte, aux facteurs déclenchants et aux aspects de sécurité. Dans une deuxième étape, la situation est analysée avec tentatives d’ explications subjectives. La troisième étape consiste à planifier et à mettre en œuvre les interventions et la quatrième à évaluer et éventuellement adapter les mesures. Cette procédure standardisée est recommandée pour améliorer la qualité de l’évaluation.

Diagnostic différentiel

Le syndrome confusionnel et la dépression du sujet âgé présentent le chevauchement symptomatique le plus fréquent avec les SCPD. Les psychoses affectives et schizophréniques, les accidents vasculaires cérébraux, les néoplasies cérébrales et les troubles du développement intellectuel sont également à prendre en considération dans le diagnostic différentiel.

Le syndrome confusionnel est le plus souvent un événement aigu avec une symptomatologie fluctuante et des troubles de la conscience, tandis que la démence est une maladie chronique sans atteinte de la conscience. Lorsque la cause de l’ état confusionnel est identifiée et traitée, la confusion s’ atténue. Les sous-types du syndrome confusionnel – hyperactif et hypoactif – se distinguent du point de vue symptomatique. En cas d’ état confusionnel, il s’ agit de faire un diagnostic de laboratoire orienté sur les causes parallèlement à l’ anamnèse exhaustive des facteurs de risques. Les outils les plus utilisés sont le Delirium Observation Scale – DOS (échelle de détection et d’ observation de la confusion) et la Confusion Assessment Method – CAM (dépistage de l’ état confusionnel aigu). S’ y ajoutent depuis peu les instruments 4AT et I-AgeD. Pour les SCPD tels que la dépression, l’ anxiété, l’ apathie et les troubles du sommeil, le diagnostic différentiel par rapport à la dépression gériatrique n’ est pas aisé. Pour cette dernière, l’ examen neuropsychologique met en évidence en priorité des troubles de la fonction exécutive, de la mémoire épisodique, de l’ attention et de la vitesse d’ exécution. Dans la démence au contraire, on constate avant tout des troubles de la mémoire primaire, des symptômes d’ aphasie et d’ apraxie constructive ainsi que des troubles de l’ orientation et des difficultés à reconnaître des personnes ou des objets.

Mesures psychosociales dans les soins

Mesures destinées à renforcer l’ équipe

La culture de l’ organisation est un facteur clé dans la gestion des SCPD (3). Il s’ agit de renforcer les équipes dans leur capacité à privilégier les mesures non pharmacologiques pour atténuer les SCPD. Les formations (conférences, ateliers – offres en ligne) montrent de bons résultats si elles sont proposées à long terme et réitérées. Elles sont de nature à accroître l’ auto-efficacité. Associés aux études de cas en tant que composantes d’ interventions pluridimensionnelles, les plans de soins et de traitement développés avec les personnes concernées et leurs proches et prenant en compte les aptitudes individuelles sont également efficaces et susceptibles de réduire la charge des soignants et des proches aidants. Le soutien des proches par des entretiens et la psychoéducation constitue le fondement des mesures psychosociales. S’ ils comprennent les causes des SCPD, les proches peuvent être intégrés de façon constructive dans la planification et la mise en œuvre du plan thérapeutique.

Mesures auprès des personnes concernées

L’ accent placé sur les aspects relationnels, des soins centrés sur la personne et un changement de culture et de processus vers des mesures psychosociales sont des conditions favorisant le succès des interventions. Il convient de les proposer selon une approche multiprofessionnelle. Des ressources suffisantes en temps et en personnel sont aussi importantes que des formations et un accompagnement dans la pratique, de façon que les soignants et les proches aidants puissent élargir leur champ d’ action auprès de personnes atteintes de démence. Ces mesures se subdivisent en trois catégories, selon leur orientation (3): orientation vers la sensorialité (soins par la musique, les arômes, la lumière, le snoezelen, le jardin sensoriel, les activités en compagnie d’ animaux, la technologie d’ assistance intelligente, les massages/le toucher, la stimulation basale, la thérapie par l’ image positive et la thérapie par les clowns) ; orientation vers la cognition (thérapie de présence simulée, méthodes orientées vers la cognition et la communication, validation) ; orientation vers le mouvement (mouvement, activités en extérieur, danse et kinesthésie). Dans toutes les catégories, il existe des éléments probants de degrés divers relatifs à l’ efficacité des mesures. Il est essentiel d’ adapter les mesures à chaque personne, en fonction de ses symptômes spécifiques et de son vécu.

Entourage

Adapter les facteurs environnementaux, en veillant à éviter aussi bien l’ excès que le manque de stimuli sensoriels, a une influence positive sur les SCPD. Pour les personnes concernées, les meilleures conditions consistent en unités d’ habitation de petite taille aménagées comme des logements, en forme de L, de H ou en carré. Le nombre de résidents ne devrait pas excéder 15. La lumière et l’ éclairage, les couleurs et les contrastes, la température, l’ acoustique, les aspects olfactifs, les installations (mains courantes, aménagement de la cuisine, salles d’ eau, etc.) et l’ intimité des locaux sont des facteurs supplémentaires qui jouent un rôle important.

Gestion de comportements spécifiques

Agressivité
Abaisser la charge des proches aidants et des soignants est déterminant pour réduire l’ agressivité. Il s’ agit de mettre suffisamment de soutien et de ressources à leur disposition. Les formations, les cours et les études de cas ont fait leurs preuves. Les groupes de vie de petite taille, la préservation de la sphère privée et intime, l’ aménagement de l’ environnement et du quotidien selon les besoins individuels, des soins corporels exempts de stress et une bonne hygiène du sommeil sont également des mesures efficaces. Les approches basées sur la musique, le mouvement, la danse, les massages/le toucher et les activités en plein air peuvent elles aussi s’ avérer utiles.

Désinhibition sexuelle
Une réflexion personnelle menée en amont sur le thème de la sexualité est nécessaire pour bien gérer ce type de comportement. Malgré cela, la désinhibition sexuelle peut être vécue par les soignants comme un harcèlement. Il convient de trouver un équilibre entre les droits individuels des personnes concernées et la protection des proches aidants et des soignants. Des formations, des études de cas et un processus structuré comprenant une analyse du comportement et des facteurs déclenchants, ainsi qu’ une planification individuelle des soins peuvent avoir un effet préventif. D’ autres mesures sont efficaces: ignorer les remarques inappropriées, détourner l’ attention, interrompre l’ activité de soins en cours, exprimer un «non» clair, maintenir une distance physique, intégrer deux soignants ou proches aidants dans les soins, donner en main un objet pour faire diversion, restreindre les activités, identifier les facteurs déclenchants, créer un espace privé et utiliser des techniques de validation.

Vocalisation disruptive
Les pertes de fonctions cognitives, la dépression, l’ anxiété, les difficultés langagières, la privation sensorielle, le manque de sommeil et les douleurs peuvent être à l’ origine de vocalisations répétitives, qui sont très difficiles à supporter pour l’ entourage. Dans ces cas, les médicaments sont inefficaces. Il s’ agit ici de procéder à une anamnèse médicale et soignante approfondie et de mettre en place un plan de soins individuel orienté sur les causes. Le détournement de l’ attention, la méthode snoezelen, le programme Namaste Care et d’ autres interventions basées sur la musique, l’ attention et le toucher peuvent aider.

Thérapies stabilisant la cognition

Bien que les études à ce sujet soient très hétérogènes, les interventions telles que la stimulation cognitive et la thérapie par la réminiscence donnent de bons résultats. En l’ occurrence, les méthodes centrées sur la personne et combinées sont à privilégier par rapport aux interventions isolées, en particulier pour le bien-être général, la cognition et les effets de transfert.

Processus psychothérapeutique

Il existe de nombreuses preuves du succès de la psychothérapie pour les affections démentielles de degré léger à moyen. Les symptômes tels que la dépression et l’ anxiété répondent particulièrement bien à ce type de prise en charge. La psychothérapie est également efficace pour traiter la dépression des proches aidants. La thérapie cognitive comportementale et les interventions ciblées sur l’ histoire de vie figurent en tête de liste des techniques éprouvées. Les interventions spécifiquement adaptées à la personne enregistrent de meilleurs résultats que les procédures standard.

Offres thérapeutiques spéciales

Musicothérapie
La musicothérapie se montre efficace en particulier pour combattre l’ anxiété et la dépression, mais son effet n’ est pas durable. Elle doit être proposée de manière régulière, au moins une fois par semaine, et s’ adapter à la structure journalière de la personne concernée. Il s’ agit de prendre en compte son vécu et ses préférences. Cette thérapie s’ associe aisément avec d’ autres interventions.

Art-thérapie
L’ art-thérapie se prête particulièrement bien au traitement de symptômes tels que la dépression, l’ apathie, l’ agitation et l’ agressivité. Elle est efficace pour autant qu’ elle soit adaptée aux besoins individuels et aux préférences de la personne. En tant que médium, l’ art-thérapie peut éveiller des émotions et, ainsi, réduire le stress et permettre d’ expérimenter la détente. Elle peut favoriser la communication, l’ autonomie dans les activités quotidiennes et la réminiscence.

Thérapie d’ activation/ergothérapie
Malgré des résultats d’ études très hétérogènes, l’ ergothérapie est recommandée. Elle réduit le travail médico-soignant, surtout si elle est structurée et centrée sur la personne. Elle s’ avère efficace aux stades léger à moyen de la démence.

Thérapie assistée par l’ animal
Dans la thérapie assistée par l’ animal, on opère une distinction entre interventions et activités. Il est recommandé de travailler avec des animaux ayant suivi une formation spécifique. Cette forme de thérapie a de bons résultats en cas de maladies affectives et d’ isolement social et favorise l’ autonomie dans les activités du quotidien. Elle améliore les interactions sociales, la qualité de vie et la mobilité.

Acupuncture, acupressure
Chez les personnes atteintes de démence, ces méthodes peuvent aider à combattre la dépression, l’ agitation, l’ anxiété et les troubles du sommeil, tout en améliorant la capacité à exécuter les tâches du quotidien. On note quelques rares effets secondaires, tels que saignements aux points d’ acupuncture, fatigue, somnolence ou vertiges.

Activité physique et sport
L’ inactivité fait partie des facteurs de risques de la démence qui peuvent être modifiés et des signes évidents montrent que l’ activité physique a des effets positifs sur les SCPD. On peut proposer des exercices d’ endurance – comme le jogging, la marche, les exercices d’ équilibre, le renforcement musculaire, la bicyclette ergométrique – ainsi qu’ une combinaison de toutes ces formes de mouvement. Les effets sont les plus nets sur les troubles du sommeil et la dépression. Dans ce domaine, il est aussi possible de proposer la danse combinée à la musique.

Processus de développement dans les organisations de la santé
Pour réduire durablement les SCPD, il est nécessaire de procéder à une modification participative et globale tout à la fois de la culture du traitement, de la prise en charge et des soins. L’ application du cadre de référence PARIHS (Integrated Promoting Action on Research Implementation in Health Services) du Royal College of Nursing peut renforcer les organisations du secteur de la santé. Développer de nouvelles offres et compétences, mettre en place des processus et une culture du travail plus efficaces, accroître les compétences du personnel, clarifier les rôles et en adopter une vision commune et, enfin, développer la capacité de l’ équipe constituent des facteurs importants à cet égard.

Pharmacothérapie

Principes du traitement psychopharmacologique

Si les mesures non pharmacologiques ne suffisent pas, le recours aux médicaments peut être une option pour éviter que les SCPD ne mettent en danger la personne concernée et son entourage, ainsi que pour garantir la réalisation des examens diagnostiques et la prise en charge. Il est cependant difficile d’ émettre des recommandations fondées sur des preuves, car les études contrôlées dans ce groupe d’ âge sont rares. L’ expérience ­clinique fois que pour la majorité d’  entre elles, la prescription se fait hors étiquette (3).

Lors du recours à la (psycho)pharmacologie dans ce groupe de patients vulnérables, il faut prendre en compte deux facteurs: premièrement, leur utilisation est rendue plus complexe en raison d’  altérations physiologiques et métaboliques diverses – réduction de la fonction rénale, de la motilité gastro-intestinale, de la perfusion hépatique, de la résorption intestinale et des protéines plasmatiques – ainsi que d’ une sensibilité augmentée aux psychotropes. Deuxièmement, la psychopharmacologie comporte un risque accru de mortalité, d’ accidents vasculaires cérébraux et de chutes. Il faut considérer en outre les effets secondaires cardiaques et métaboliques ainsi que les modifications de la formule sanguine et les thromboses. C’ est pourquoi la prescription de ces substances doit obéir à un certain nombre de principes (Tab. 1).

L’ administration de psychotropes doit être limitée dans le temps et se faire selon une pesée du bénéfice/risque. Elle doit être conforme aux indications, prescrite selon le dosage le plus faible possible et se faire sous surveillance. Elle doit être précédée d’ un examen clinique complet avec anamnèse (incluant la famille, l’ entourage et la médication), d’ un diagnostic de laboratoire et d’ un ECG. Le diagnostic standard en psychiatrie de la personne âgée prend en compte la polymorbidité et les altérations organiques cérébrales (Tab. 2). Il peut être complété par un EEG, une évaluation neuropsychologique, un examen du liquide céphalorachidien et une IRM. Il s’ agit de surveiller en permanence les éventuels effets secondaires et les interactions médicamenteuses. L’ examen clinique, le diagnostic de laboratoire et l’ ECG doivent être répétés régulièrement au fil du traitement. Si les SCPD s’ atténuent, il convient d’ envisager une réduction ou un arrêt de la médication.

Anti-démentiels

Les inhibiteurs de l’ acétylcholinestérase (AChE) – comme le donépézil, la rivastigmine et la galantamine – sont utilisés dans les formes légères à modérées de la maladie d’ Alzheimer, tandis que la mémantine est indiquée pour les formes modérées à sévères. Outre leurs effets stabilisateurs de la cognition durant un laps de temps limité, ces substances ont un impact positif sur les SCPD. Le donépézil est le médicament le mieux documenté. Des méta-analyses récentes montrent un effet modéré des AChE avant tout en cas d’ apathie, de dépression et d’ irritabilité, tandis que la mémantine semble efficace surtout pour les symptômes comme l’ agitation, l’ agressivité, les idées délirantes et les hallucinations. Ils sont mieux tolérés que d’ autres psychotropes en cas de SCPD et il est prouvé que les AChE réduisent le risque de mortalité. Ils permettent de réduire le recours à d’ autres psychotropes. En raison de leur profil bénéfice/risque positif et de leur bonne tolérance, ces substances sont recommandées comme médicaments de première intention en cas de SCPD. (Fig. 1)


L’ extrait standardisé de ginkgo biloba figure parmi les substances produisant des effets cognitifs et neuroprotecteurs. De par les modifications des neurotransmetteurs qu’ il induit, des effets sur les symptômes comme l’ anxiété, la dépression, l’ irritabilité, l’ agitation, les troubles du sommeil, les idées délirantes et les hallucinations ont été démontrés. Une bonne adhésion au traitement améliore son efficacité.

Antidépresseurs

La moitié des personnes atteintes d’ une affection démentielle présentent des symptômes dépressifs. Leur détection précoce et un traitement efficace peuvent contribuer à améliorer la cognition et l’ autonomie dans les gestes du quotidien. Dans les cas de démence, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), tels que citalopram/escitalopram, affichent les meilleures preuves cliniques. Ils sont utilisés comme antidépresseurs de première intention et sont également efficaces en cas d’ agitation. À noter qu’ ils font l’ objet d’ un avertissement «boîte noire» à cause de l’ allongement de l’ intervalle QTc. Des ECG réguliers sont donc nécessaires.

Les antidépresseurs tricycliques ne sont pas conseillés pour les sujets âgés, car ils comportent un risque d’ effets secondaires anticholinergiques. Vu son potentiel élevé d’ interaction avec d’ autres médicaments, la fluoxétine n’ est pas recommandée non plus. Si aucune recommandation ne peut être émise pour l’ agomélatine et la trazodone en cas de dépression, ces substances ont de bons résultats contre les troubles du sommeil. Il n’ existe pour l’ heure aucune recommandation pour la mirtazapine. En revanche, le lobémide peut être envisagé.

Lors de l’ utilisation d’ antidépresseurs, il convient de procéder à des évaluations cliniques régulières avec surveillance des effets secondaires. Si le médicament n’ est pas efficace au bout de 4 à 6 semaines, la médication peut être modifiée.

Antipsychotiques

Lorsque d’ autres traitements alternatifs ne suffisent pas, il est possible d’ envisager une intervention au moyen d’ antipsychotiques pour cibler les symptômes tels que les idées délirantes, les hallucinations, l’ agitation et l’ agressivité (3). Le recours à ces substances s’ accompagne cependant d’ un taux élevé de mortalité et d’ effets secondaires, comme le syndrome extrapyramidal (EPS) moteur, la sédation, des symptômes cardiaques, une dysrégulation orthostatique, des altérations métaboliques, une baisse des capacités cognitives et une augmentation du risque d’ accidents vasculaires cérébraux. C’ est pourquoi il convient de limiter la durée du traitement et de prescrire le dosage le plus faible possible. Le traitement doit en outre être précédé d’ une anamnèse clinique, d’ un ECG et de contrôles de laboratoire. Les interactions et les effets secondaires seront surveillés et l’ indication sera réexaminée toutes les quatre semaines.

Les antipsychotiques atypiques sont à privilégier en raison de leur meilleur profil bénéfice/risque. Les antipsychotiques typiques ne sont en effet pas recommandés pour les personnes atteintes de démence, notamment parce qu’ ils provoquent souvent des EPS et ont des effets secondaires anticholinergiques. L’ halopéridol constitue une exception. Il est utilisé dans les transitions vers l’ état confusionnel, ainsi qu’ en cas d’ agressivité persistante et de symptômes psychotiques.

La rispéridone (0.5–2 mg/j) est le seul antipsychotique atypique autorisé en Suisse pour traiter les SCPD. L’ utilisation des autres médicaments de cette catégorie se fait hors étiquette. Si la rispéridone ne peut pas être prescrite en raison de ses effets secondaires (surtout EPS), l’ aripiprazole, la quétiapine, l’ olanzapine et, depuis peu, le brexpiprazole constituent des solutions de rechange. Lors du recours à ces substances, il y a lieu de prendre en compte les critères tels que le spectre d’ action (pouvoir sédatif/effet antipsychotique élevé), le faible effet anticholinergique, le profil d’ effets secondaires et les comorbidités. Autant que possible, il convient de les administrer en monothérapie. Si, lors de la vérification de l’ indication au bout de quatre semaines, l’ arrêt du traitement est décidé, celui-ci doit se faire après communication avec la personne concernée/ses proches et de manière graduelle. La réapparition de SCPD doit être surveillée toutes les 2 à 4 semaines durant cette étape.

Benzodiazépines et hypnotiques analogues

Les benzodiazépines et hypnotiques analogues peuvent provoquer une série d’ effets secondaires, tels que la sédation, les troubles psychomoteurs et un ralentissement des fonctions exécutives. Ces substances peuvent également être à l’ origine des états confusionnels, causer des chutes et entraîner une addiction si le traitement est administré sur une longue durée. C’ est la raison pour laquelle elles ne sont pas recommandées en cas de SCPD (3). Si ces médicaments doivent tout de même être prescrits en cas d’ urgence – agitation extrême, agressivité ou risques suicidaires –, ils seront administrés pendant une durée limitée (au max. 3 à 4 semaines, car ensuite il se développe une accoutumance) à titre de réserve et non comme traitement régulier. Du fait du risque de cumul, il ne faudrait en principe prescrire que des substances présentant une demi-vie brève (lorazepam, oxazepam). Les benzodiazépines ne sont pas indiquées en cas de troubles du sommeil. Pour les hypnotiques de type benzodiazépine, il existe certes une indication pour les troubles chroniques du sommeil, mais pour les personnes atteintes de démence, les restrictions associées aux benzodiazépines s’ appliquent.

Substances à action hypnotique

En cas d’ insomnie – en particulier si une administration à long terme paraît nécessaire –, d’ autres substances peuvent être utilisées, sous réserve de prendre en compte l’ image psychopathologique dans son ensemble, ainsi que le profil des effets secondaires (3). Les antidépresseurs inducteurs de sommeil, tels que la trazodone, la mirtazapine et l’ agomélatine, sont indiqués en particulier pour les troubles du sommeil associés à une dépression préexistante. Il convient d’ éviter les préparations ayant des effets secondaires anticholinergiques. Les antipsychotiques tels que la quetiapine et la pipampérone sont souvent utilisés en raison de leur effet sédatif. En pareil cas, il s’ agit de respecter les principes de la thérapie psychopharmacologique et de limiter la durée du traitement.

Les agonistes des récepteurs de la mélatonine, la prégabaline et la gabapentine semblent donner de bons résultats pour les troubles du sommeil chez les personnes atteintes de démence. Le chloralhydrate, le clomethiazol, la diphénhydramine, la doxylamine et la promethazine ne devraient pas être administrés en cas de démence. De nouvelles substances, telles que les antagonistes des récepteurs de l’ orexine, sont en cours de développement.

Anticonvulsifs et stabilisateurs de l’ humeur

Si la carbamazépine est efficace en cas d’ agressivité, elle n’ est pas recommandée comme médicament de première ni de deuxième intention en cas de SCPD en raison de ses effets secondaires, tels que l’ ataxie, les vertiges, l’ hypotonie, les états confusionnels, la sédation et la toxicité hépatique (3). Sa prescription se fait hors étiquette, et des contrôles de laboratoire réguliers sont nécessaires. La gabapentine et la prégabaline constituent une solution de rechange, surtout en cas de douleurs neuropathiques liées à une comorbidité. Malgré un manque de preuves scientifiques, il est également possible de recourir à la lamotrigine en raison de son faible taux d’ effets secondaires. Cependant, comme son dosage doit être augmenté progressivement, elle n’ est pas appropriée comme médication aiguë. Le topiramate peut causer des troubles cognitifs. Aucune recommandation ne peut être émise pour l’ heure concernant le lévétiracétam. L’ oxcarbazine, le valproate et le lithium ne sont pas préconisés en raison de leur profil d’ effets secondaires défavorable. Les données disponibles pour le lacosamide, le pérampanel et le brivaracetam ne sont pas suffisantes pour autoriser une recommandation.

Analgésiques

Les douleurs peuvent provoquer des SCPD ou les renforcer, en particulier l’ agitation et l’ agressivité (3), raison pour laquelle le traitement de la douleur fait partie de la prise en charge de ces symptômes. Les personnes atteintes de démence ne sont cependant pas toujours en mesure d’ exprimer leurs douleurs. Dès lors, il convient d’ élargir l’ évaluation en utilisant des outils d’ hétéro-évaluation, comme le PAINAD (Pain Assessment in Advanced Dementia Scale).

Pour le traitement des douleurs neuropathiques chez les personnes âgées, les substances suivantes sont recommandées: duloxétine comme antidépresseur, gabapentine, prégabaline et lidocaïne pour une application topique, enfin tramadol et oxycodone comme opioïdes. À noter que les opioïdes doivent être utilisés avec circonspection et de manière limitée dans le temps, en raison de leur effet sédatif et délirogène et de leur potentiel addictif. Pour les sujets âgés, les médicaments suivants devraient être évités: indométacine, acémétacine, kétoprofène, piroxicam, méloxicam, phénylbutazone, étoricoxib et péthidine. On recourt aussi de plus en plus aux cannabinoïdes, qui sont surtout efficaces contre l’ agitation.

Processus biologiques

Luminothérapie
La luminothérapie donne de bons résultats pour traiter les troubles du rythme circadien veille – sommeil, ainsi que le sundowning, marqué par une agitation à l’ approche du soir (3). On utilise la lumière blanche avec le spectre entier jusqu’ à une limite inférieure de 400 nm. L’ application est de 2500 lux pendant deux heures ou de 10 000 lux pendant 30 minutes. Pour l’ éclairage d’ une pièce, 1000 lux suffisent.

Privation de sommeil / thérapie de réveil
La privation de sommeil (nuit entière, première ou seconde partie de la nuit) est efficace en cas de dépression. Les troubles organiques cérébraux constituent cependant une relative contre-indication, car la privation de sommeil peut conduire à une aggravation générale de l’ état de santé et à des états confusionnels. C’ est pourquoi cette méthode n’ est pas recommandée.

Électroconvulsivothérapie (ECT)

Malgré le manque d’ études contrôlées, l’ ECT est considérée comme un procédé efficace pour les SCPD réfractaires aux traitements, notamment l’ agitation et l’ agressivité. En présence d’ une démence préexistante, elle n’ aggrave pas la cognition de manière durable. Les principaux effets secondaires relevés sont la confusion et des troubles cognitifs réversibles. L’ ECT peut être une option lorsqu’ il n’ est pas possible de recourir aux médicaments. Dans la plupart des cas cependant, il n’ est pas possible de recueillir le consentement éclairé de la personne concernée, raison pour laquelle le traitement doit être discuté avec les proches ou les personnes assurant la prise en charge, ce qui pose des exigences très étendues en matière de devoir d’ informer.

Stimulation magnétique transcrânienne répétitive (rTMS)
La rTMS a des propriétés neuromodulatrices et stimule la plasticité neuronale. Ce traitement est en particulier efficace pour les personnes souffrant de démence et de dépression. Les effets secondaires possibles sont des maux de tête, des vertiges, des lésions auditives et, plus rarement, des crises d’ épilepsie. Il y a une contre-indication chez les personnes porteuses de matériel ferromagnétique – comme les implants cochléaires et les stimulateurs cardiaques –, ainsi que chez les personnes ayant déjà des problèmes auditifs ou des antécédents épileptiques. Les données manquent encore pour émettre une recommandation concernant d’ autres procédés interventionnels comme la stimulation cérébrale profonde ou la stimulation du nerf vague.

SCPD et communication

Une bonne communication peut aider à améliorer le bien-être des personnes concernées ainsi qu’ à réduire leur stress et leur anxiété (3). Elle peut également contribuer à abaisser le niveau de stress des proches aidants et des personnes assurant la prise en charge. De façon générale, il y a lieu de mettre en place une communication ouverte, valorisante et tournée vers la personne. Lorsque les capacités langagières sont amoindries, la communication non verbale – comprenant des éléments comme les expressions du visage, le ton de la voix, la gestuelle, le toucher et la position corporelle – gagne en importance. Il s’ agit d’ adapter le rythme de la communication à la personne concernée et de se concentrer sur des mots clés. Si la capacité de compréhension est diminuée, il convient d’ utiliser davantage de gestes accompagnant la parole, de souligner les mots les plus importants, de rythmer l’ expression et de répéter les informations.
La thérapie d’ orientation vers la réalité, la thérapie par la réminiscence et la validation constituent des procédures validées permettant d’ améliorer l’ orientation, les souvenirs et, ainsi, de valoriser et d’ accepter la réalité subjective des personnes concernées. L’ entraînement à la communication pour les soignants et les proches aidants s’ avère lui aussi un facteur important: les connaissances théoriques sur les défis spécifiques et les techniques de communication, tout comme les exercices pratiques et les simulations sont des aides précieuses. Des procédés de télémédecine sont également testés depuis quelques années. Malgré des difficultés liées à la technique ou aux réglementations, les vidéoconférences pour des interventions centrées sur les patients et des interventions par téléphone se sont avérées efficaces auprès des proches aidants et des personnes assurant la prise en charge. Ces méthodes réduisent les SCPD et accroissent le bien-être, tout en étant bien acceptées.

Egemen Savaskan 1
Dan Georgescu 2
Stefanie Becker 3
Brigitte Benkert 4
Andreas Blessing 5
Markus Bürge 6
Ansgar Felbecker 7
Martin Hatzinger 8
Ulrich Michael Hemmeter 9
Therese Hirsbrunner 8
Stefan Klöppel 10
Gabriela Latour Erlinger 1
Finn Jacob Lornsen 10
Theofanis Ngamsri 1
Jessica Peter 10
Mathias Schlögl 11
Marc Sollberger 12
Henk Verloo 13
Samuel Vögeli 4
Franziska Zúñiga 4

1 Clinique de psychiatrie de la personne âgée, Clinique psychiatrique universitaire de Zurich
2 Clinique de psychiatrie de consultation, de psychiatrie de la personne âgée et de neuropsychiatrie, Services psychiatriques d’Argovie
3 Alzheimer Suisse
4 Sciences infirmières – Nursing Science (INS), Département Public Health, Université de Bâle
5 Cabinet de neuropsychologie, Kreuzlingen
6 BESAS Centre hospitalier bernois pour la médecine des personnes âgées, Siloah
7 Clinique de neurologie, Hôpital cantonal de Saint-Galll
8 Services psychiatriques, Hôpitaux de Soleure
9 Psychiatrische Dienste Graubünden, Chur, Psychiatrie et psychothérapie de la personne âgée, Centre de psychiatrie Appenzell, Herisau, Gérontopsychiatrie
10 Clinique universitaire de psychiatrie de la personne âgée et psycho­thérapie, Université de Berne, Services psychiatriques universitaires de Berne (UPD)
11 Service de gériatrie, Département de médecine interne, Clinique Barmelweid
12 Memory Clinic, Médecine universitaire pour les personnes âgées FELIX PLATTER/Clinique neurologique, Hôpital universitaire de Bâle
13 Service universitaire de psychiatrie de l’âge avancé, Centre hospitalier universitaire vaudois/Haute École spécialisée de Suisse occidentale HES-SO Valais

Article approuvé et validé par les auteurs suivants pour les sociétés spécialisées mentionnées:
SPPA: Société suisse de psychiatrie et psychothérapie de la personne âgée: E. Savaskan, D. Georgescu, U.M. Hemmeter, S. Klöppel
Alzheimer Suisse: S. Becker
SPSG: Société professionnelle suisse de gériatrie: M. Bürge, M. Schlögl SSN: Société suisse de neurologie: A. Felbecker, M. Sollberger
SSBP: Société suisse de psychiatrie biologique: M. Hatzinger
SMC: Swiss Memory Clinics: A. Felbecker
ASI: Association suisse des infirmières et infirmiers: T. Hirsbrunner
APSI: Association suisse pour les sciences infirmières: B. Benkert, T. Hirsbrunner, F. Zuñiga, S. Vögeli
La Société Suisse de psychiatrie et psychothérapie (SSPP) soutient les présentes recommandations.

Abréviations utilisées dans l’ article
AChE Inhibiteurs de l’ acétylcholinestérase
ALT Alanine aminotransférase
AST Aspartate aminotransférase
BEHAVE-AD Behavioral Pathology in Alzheimer’ s Disease Rating Scale
BESA Système de saisie et de décompte des résidents
CAM Confusion Assessment Method
IACM Inventaire d’ agitation de Cohen-Mansfield
CRP Protéine C-réactive
DA Démence de type Alzheimer
DICE Describe, Investigate, Create and Evaluate
DOS Delirium Observation Scale
ECT Thérapie par électrochocs
EDG Échelle de dépression gériatrique
EPS Syndrome extrapyramidal moteur
Gamma-GDT, GGT Gamma-glutamyl transférase
GLDH Glutamate deshydrogénase
i-PARIHS Integrated Promoting Action on Research ­Implementation in Health Services
IdA Système d’ évaluation innovant axé sur la démence
ISRS Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine
NDB Need-Driven Dementia-Compromised Behavior-Mode
NPI Inventaire neuropsychiatrique
NPI-Q Questionnaire de l’ inventaire neuropsychiatrique
PAINAD Pain Assessment in Advanced Dementia Scale
RAI Outil d’ évaluation des résidents
rTMS Stimulation magnétique transcrânienne répétitive
SCPD Symptômes comportementaux et psychiques de la démence
SPPA Société suisse de psychiatrie et psychothérapie de la personne âgée
TIME Targeted Interdisciplinary Model for Evaluation and Treatment of Neuropsychiatric Symptoms
TSH Thyréostimuline
VS Vitesse de sédimentation

Copyright Aerzteverlag medinfo AG

Avec l’aimable soutien de:

Pr Egemen Savaskan

Clinique de psychiatrie de la personne âgée
Clinique psychiatrique universitaire de Zurich
Minervastrasse 145
case postale
8032 Zurich

egemen.savaskan@pukzh.ch

Les auteurs n’ ont pas déclaré de conflit d’ intérêts en rapport avec cet article.

  • Les SCPD tels que la dépression, l’ apathie, l’ agitation/agressivité, les idées délirantes et les hallucinations sont pesantes pour les personnes concernées, les proches et le personnel spécialisé assurant la prise en charge. Leur traitement consiste en priorité en mesures non pharmacologiques/psychosociales. Le recours aux psychotropes peut être nécessaire selon les situations, mais dans ce groupe de patients présentant des comorbidités, il peut s’ accompagner d’ effets secondaires et présenter un risque d’ interactions.
  • Des recommandations basées sur des preuves et sur l’ expérience clinique, qui suivent une approche interprofessionnelle et interdisciplinaire, présentent les possibilités actuelles de diagnostic et de traitement.
  • Les options thérapeutiques non pharmacologiques devraient être privilégiées et se poursuivre même s’ il y a prescription de psychotropes.
  • En cas de recours aux psychotropes, il convient de respecter les normes médicales actuelles, de réévaluer régulièrement l’ indication et de veiller à limiter la durée du traitement. Si l’ utilisation de ces substances se fait hors étiquette, le traitement doit s’ orienter sur les guidelines des sociétés spécialisées.

1. Savaskan E, Bopp-Kistler I, Buerge M et al. Empfehlungen zur Diagnostik und Therapie der behavioralen und psychologischen Symptome der Demenz (BPSD). Praxis. 2014; 103(3): 135–148.
2. Savaskan E, Bopp-Kistler I, Buerge M et al. Empfehlungen zur Diagnostik und Therapie der behavioralen und psychologischen Symptome der Demenz (BPSD) – version longue. https://www.sgap-sppa.ch/fileadmin/user_ upload/Empfehlungen_zur_Diagnostik_und_Therapie_der_BPSD_-_No- vember_2014.pdf
3. Savaskan E, Georgescu D, Zuniga F (Hrsg.). Empfehlungen zur Diagnostik und Therapie der Behavioralen und Psychischen Symptome der Demenz (BPSD). Bern; Hogrefe: 2024.

Le patient avec douleurs complexes en pratique

Lors des ZAIM MediDays de cette année à Zurich, le Dr Barbara Jungner, Dr Florian Käs, Dr Henrik Fredrich et Dr Daniel Friis du Service ambulatoire pour la médecine de la douleur diagnostique et thérapeutique à l ’Institut d ’anesthésiologie de l ’USZ (Hôpital universitaire de Zurich) ont présenté des exemples de cas tirés de leur pratique. Voici notre résumé.

Selon le Dr Friis, la douleur est un phénomène complexe qui peut se manifester sous des formes et des intensités très diverses. Selon l ’International Association for the Study of Pain (IASP), la dou- leur est définie comme une expérience sensorielle et émotion- nelle désagréable, associée à une lésion tissulaire réelle ou poten- tielle ou décrite comme telle.

Formes de douleur, mécanisme de la douleur

Il existe différentes formes de douleurs, chacune ayant des cau- ses et des mécanismes spécifiques:
Nociceptif: stimulus nociceptif, protection
→ Seuil d ’excitation élevé
Inflammatoire: inflammation, guérison Neuropathique: lésion du système nerveux
→ Seuil d ’excitation bas
Nociplastique: pas de stimulus nociceptif, pas de lésion neuro- pathique, pas d ’inflammation
Le traitement est multimodal et interdisciplinaire à l ’aide du modèle biopsychosocial: celui-ci comprend l ’éducation, la thé- rapie psychologique, la thérapie médicamenteuse, la thérapie physique et la thérapie interventionnelle.

Vignette clinique

L ’intervenant a présenté un patient né en 1952, adressé par son médecin de famille. Il souffre d ’un syndrome cervico-brachial gauche chronique sans déficit neurologique. Les diagnostics secondaires sont une hypertension artérielle et une maladie coro- narienne. Le patient a été adressé pour des douleurs cervicales. La clinique comprend des douleurs nucales qui s ’étendent de la région cervicale inférieure à la région scapulaire sans déficit sensitivo-moteur. La physiothérapie permet d ’obtenir une réduction des douleurs à court terme. Le patient a constaté que c ’est surtout le travail physique, comme le jardinage, qui provoque des exacerbations de la douleur.

Une IRM de la colonne vertébrale cervicale montre des modifications dégénératives multisegmentaires avec des protrusions discales au niveau C6/7, à prédominance droite. Il n ’y a pas de signes de compression de la moelle épinière ni de rétrécissement spinocérébelleux. L ’orateur a fait référence à la classification CIM-11 (OMS depuis 2023). La proposition thérapeutique pour ce cas consiste en une infiltration loco dolenti avec des anesthésiques locaux (lidocaïne/carbostésine), qui entraîne une réduction significative de la douleur. La répétition de la procédure donne le même résultat.

Le diagnostic différentiel comprend une problématique muscu- laire cervicale (muscles scalènes, sterno-cléido-mastoïdien), une problématique osseuse (clavicules, sternum), une problématique neurologique (plexus axillaire, racines nerveuses cervicales) ainsi qu ’une problématique vasculaire (vasa subclavia) et intrathoracique (poumon, plèvre).

Le syndrome du défilé thoracobrachial («TOS»)

Le TOS (de l ’anglais thoracic outlet syndrome) – également appelé syndrome de compression neurovasculaire – se manifeste à proximité du plexus brachial et des vasa subclavia, entre la clavicule et la première côte, et présente une incidence de 1–3/100 000. On en distingue trois types: Les TOS neurologiques (nTOS), qui comprennent la douleur, l ’hypo/dysesthésie, la paresthésie et la faiblesse musculaire, les TOS veineuses (vTOS), qui s ’accompagnent de gonflements, de douleurs, de thrombose, et les TOS artérielles (aTOS), qui présentent des symptômes d ’ischémie et de claudication ainsi que la formation de thrombus. Le diagnostic est difficile à établir.

L ’examen clinique comprend le test de tension des membres supérieurs (Upper limb tension test), l ’imagerie par radiographie et IRM, l ’examen neurologique (électro- neuro-myographie) ainsi que l ’infiltration locale dans la région des muscles scalènes (bloc interscalénique). Le traitement est conservateur et fait appel à la physiothérapie pour corriger la mauvaise posture et le déséquilibre musculaire. Selon besoin, une opération de décompression avec résection partielle de la première côte et scalénotomie peut être réalisée.

Vignette clinique

Le Dr Henrik Fredrich a présenté un autre cas. Il s ’agissait d ’une patiente de 17 ans, souffrant depuis environ un an de douleurs périombilicales droites, sans irrégularités fécales ni allodynie. Un épisode similaire s ’était produit il y a 6 ans. Le diagnostic avant l ’admission comprenait diverses entéro-pathies avec divers examens radiologiques, dont une IRM native et dynamique de l ’abdomen avec moyen de contraste. Ces examens n ’ont toutefois pas donné de résultats concluants.

Diagnostic/Thérapie

• L ’infiltration loco dolenti périombilicale droit a entraîné un soulagement significatif de la douleur sur une période de six heures.
• Bloc plan diagnostique du transverse de l ’abdomen à droite, nouveau soulagement significatif de la douleur pendant l ’ac- tion de l ’anesthésique local (LA).
• Bloc plan thérapeutique du transverse de l ’abdomen droit, dont l ’effet n ’a de nouveau été observé que dans la fenêtre temporelle du LA, suivi d ’une augmentation de la douleur.
→ Ceci permet d ’exclure une désensibilisation locale.

Autre thérapie

• Dans le cadre d ’une perfusion test de lidocaïne plus kétamine, on a pu observer une amélioration de l ’effet de la lidocaïne avec une réduction de la douleur d ’environ deux semaines.
• Une série de perfusions de lidocaïne suivies d ’une thérapie par radiofréquence pulsée a donc été mise en place, avec seulement une amélioration à court terme.
• Le dernier traitement a été la cryoablation du tissu douloureux abdominal et de la région périombilicale droite. Ceci a permis de supprimer les douleurs pendant un an.

Thérapie définitive

• Environ un an après la cryoablation, les douleurs se sont à nou- veau manifestées.
• Une nouvelle infiltration loco dolenti a été réalisée, avec à chaque fois une nette réduction de la douleur.
• La décision de procéder à une neurotomie chirurgicale et à une résection partielle des nerfs Th 10 et Th 11 dans la ligne axil- laire antérieure droite a été prise environ deux ans après le pre- mier contact de la patiente avec le service. Depuis, il n ’y a plus de douleurs.

A.C.N.E.S.

Le « Abdominal (anterior/acute) Cutaneous Nerve Entrapment Syndrome » se caractérise par des douleurs dans la paroi abdominale dues à un coincement de la branche cutanée antérieure des nerfs intercostaux.

Signes cliniques

• La douleur est étroitement localisée, le plus souvent dans la partie inférieure droite de l ’abdomen, mais elle peut en prin- cipe être ressentie dans toute la paroi abdominale.
• Test de pincement positif
– Exacerbation de la douleur par pincement
• Signe de Carnett positif: Exacerbation de la douleur par la contraction des muscles abdominaux
• Autres signes cliniques
– Allodynie, hypo-/hyperesthésie, hyperalgésie

Options thérapeutiques

• Infiltration à l ’endroit des douleurs (loco dolenti)
• SENT (stimulation électrique nerveuse transcutanée)
• Neurodol Tissugel
• Neurectomie
«Quand on est confronté à des douleurs abdominales, ne pas oublier ACNES».

Vignette clinique

Le Dr Florian Käs a présenté une femme de 64 ans souffrant de céphalées en grappe chroniques et de migraines. Les symptômes s ’étaient manifestés pour la première fois au cours de l ’été 2014 et étaient localisés dans la partie gauche du visage, avec une atteinte de l ’œil, de la joue et des dents. La douleur a été décrite comme lancinante et a atteint une valeur de 10/10 sur l ’échelle de notation numérique (EN, angl. NRS). La durée d ’un épisode sans traitement était de trois à quatre heures. Deux épisodes par jour ont été rapportés. Les symptômes associés étaient une photophobie, une tendance au repli sur soi et des symptômes autonomes du trijumeau se manifestant par une rougeur de l ’œil gauche, un larmoiement et une rhinorrhée. Des facteurs déclencheurs n ’ont pas pu être identifiés.

Thérapie

Les mesures thérapeutiques prises jusqu ’à présent comprenaient

Prophylaxie à long terme
• Antérieurement: Vérapamil, valproate, lamotrigine (avec réponses brèves)
• En mai 2021, début d ’un traitement avec Lithium, 660 mg en prise quotidienne, avec développement de tremblements au cours de l ’évolution. Cela a conduit à l ’arrêt du traitement.
• En 2020, une infiltration autour du nerf occipital majeur a été effectuée sans effet.
• De 2019 à mai 2023, Aimovig® (antimigraineux) 140 mg s. c. tous les mois, avec réduction de la fréquence des crises par intermittence et épisodes sans crise de quelques mois, puis perte d ’efficacité.
• De juin à septembre 2023, administration de Vyepti® 300 mg i.v. (antimigraineux, anticorps monoclonal). L ’effet secondaire était une urticaire.
• Début du topiramate, qui a été arrêté au bout de trois jours en raison de malaise et de vertiges.

Prophylaxie à court terme
• Antérieurement: 2 x glucocorticothérapie par voie IV pendant cinq jours avec une bonne efficacité.
• Depuis l ’été 2023, les glucocorticoïdes sont utilisés p.o., avec une dose actuelle de 12 mg de Spiricort® par jour.

Thérapie aiguë
• L ’oxygénothérapie a parfois permis de réduire la douleur à au moins 5/10 (EN).
• L ’administration de sumatriptan (par voie nasale) n ’a entraîné qu ’une réduction de 30 % de la douleur.
• L ’administration d ’Imigran® (sumatriptan) a parfois permis de réduire la durée des épisodes à 10–30 min.

Y a-t-il d ’autres possibilités de traitement pour ce genre de maux de tête ? Dans les Guidelines de l ’European Academy of Neurology on the Treatment of Cluster Headache, il est proposé ce qui suit: pour le traitement aigu des crises de céphalées en grappe, il est fortement recommandé d ’utiliser de l ’oxygène (100 %) avec un débit d ’au moins 12 L/min pendant 15 minutes et 6 mg de sumatriptan sous-cutané. Pour la prophylaxie des crises de céphalées en grappe, le vérapamil est recommandé à une dose quotidienne d ’au moins 240 mg (la dose maximale dépend de l ’efficacité et de la tolérance). Les corticostéroïdes sont efficaces en cas de céphalées en grappe. Le lithium, le topiramate et le galcanezumab (uniquement en cas d ’algie vasculaire de la face épisodique) sont recommandés comme traitements alternatifs. La stimulation non invasive du nerf vague est efficace en cas de céphalées épisodiques, mais pas en cas de céphalées chroniques. Le blocage du nerf occipital majeur est recommandé, mais la stimulation électrique du nerf occipital majeur n ’est pas recommandée en raison de son profil d ’effets secondaires.

Le blocage du ganglion sphénopalatin/ganglion de Meckel peut entraîner les complications suivantes: Goût amer (lidocaïne), brûlure des muqueuses, épistaxis, réaction allergique aux produits de contraste. En résumé ce concernant, on peut dire: 

Blocage du ganglion sphénopalatin
• En raison du manque d ’évidence dû à des études de qualité insuffisante, il n ’est pas possible de tirer des conclusions définitives.
• Sur la base de l ’expérience des intervenants, on peut toutefois déduire qu ’une mise en œuvre répétée (toutes les 6 à 12 semaines) d ’environ 30 à 40 % des mesures prophylactiques pertinentes permet d ’obtenir un effet.
• En ce qui concerne les autres maux de tête (migraines, céphalée de tension, névralgie du trijumeau) il y a encore moins de preuves.
• Facile à réaliser, non invasif, peu coûteux, faible profil d ’effets secondaires

Preuve de la migraine
Sur la base des guidelines et revues internationales actuelles, aucune recommandation ne peut être émise en raison du manque d ’études contrôlées randomisées (ECR) (Tzankova et al., ­Diagnosis and acute management of migraine, CMAJ 2013;195:E153-E158).

Preuve: céphalées en grappe
Le ganglion sphénopalatin est une cible prometteuse pour le traitement des céphalées en grappe par blocage, ablation par radiofréquence et neurostimulation. D ’autres études sont toutefois nécessaires (Ho KWD, Przkora R, Kumar S. Sphenopalatine ganglion: block, radiofrequency ablation and neurostimulation – a systematic review. Headache Pain. 2017 Dec 28;18(1):118).

Endométriose – Généralités

Dans le cadre de cette manifestation, le Dr Barbara Lungner a fait un exposé sur l ’endométriose et les traitements de la douleur correspondants. L ’endométriose est caractérisée par la présence de tissu endométrial en dehors de l ’utérus provoquant des réactions inflammatoires chroniques et cicatricielles aux endroits atteints. L ’âge moyen au moment du diagnostic est de 28 ans, bien que l ’endométriose puisse apparaître dès l ’adolescence. Dans de rares cas, le diagnostic peut également être posé chez les petites filles. Le diagnostic n ’est souvent posé qu ’après une période de plus de cinq ans de symptômes. Sous traitement approprié (empirique), le diagnostic peut être posé de manière favorable. Une femme sur dix est touchée par cette maladie, et on observe une prévalence familiale. Il existe une forme péritonéale superficielle (prévalence d ’environ 80 %), une forme ovarienne avec des kystes (endométriomes) et une forme profonde (dans le septum recto-vaginal, la vessie et le rectum). Les atteintes peuvent être combinées. Rarement, des régions extra-péritonéales (par exemple thoraciques, ombilicales ou cérébrales) sont touchées. Le concept de traitement est présenté dans la Fig. 1.

Thérapie des douleurs

Les options thérapeutiques de la médecine de la douleur en cas d ’endométriose sont les suivantes: Psychosomatique, acupuncture, physiothérapie, SENT, IRSN, antidepresseurs tricycliques, anticonvulsivants, analgésiques non opioïdes, psychothérapie, hypnose, opioïdes, intervention et cannabis.

Parmi les méthodes psychothérapeutiques, on trouve la thérapie cognitivo-comportementale, dont l ’utilisation en tenant compte des facteurs psychosomatiques présente un effet thérapeutique statistiquement significatif. Une forte recommandation est émise à ce sujet.

La physiothérapie, la thérapie manuelle et la stimulation électrique nerveuse transcutanée (SENT) constituent des méthodes de traitement prometteuses en cas de déséquilibre du plancher pelvien ou présence de points déclencheurs. Une étude randomisée a démontré une réduction significative de la douleur et une amélioration de la qualité de vie. Un traitement de ce type est recommandé.

Dans le cadre d ’une étude pilote, l ’efficacité des anticonvulsivants a été examinée sur une période de six mois chez 47 femmes avec une atteinte d ’organes pertinente. Il a été démontré que la gabapentine (300–2700 mg/j) avait un effet supérieur à placebo en ce qui concerne l ’amélioration de la qualité de vie, de la douleur et la tendance dépressive. Aucune différence n ’a été constatée en ce qui concerne les effets secondaires.

L ’étude randomisée et contrôlée a porté sur 306 femmes pendant 16 semaines. Aucune différence significative n ’a été constatée entre la gabapentine (jusqu ’à 2700 mg/d) et le placebo en termes de réduction de la douleur. Toutefois, les effets secondaires graves ont été plus fréquents dans le groupe gabapentine, raison pour laquelle un traitement limité dans le temps devrait être envisagé.

Le traitement interventionnel de la douleur est souvent sous-estimé dans la pratique médicale, bien qu ’il s ’agisse d ’une option diagnostique prometteuse pour laquelle il n ’existe toutefois pas encore de preuves suffisantes.

L ’indication comprend des stimulations nerveuses dans le petit bassin, par exemple sous la forme de blocages de nerfs et de racines nerveuses, tels qu ’ils sont utilisés dans les blocs du nerf honteux (pudendal) ou du ganglion impar. Des douleurs néuropathiques peuvent également être traitées par cette méthode. Différentes perfusions sont utilisées, dont la kétamine, les antagonistes des récepteurs NMDA et la lidocaïne, un bloqueur des canaux sodiques. L ’objectif de ce traitement est la modulation de la douleur. → Le traitement peut être envisagé

Pr Walter F. Riesen

riesen@medinfo-verlag.ch

Mise à jour sur la migraine et les céphalées

Lors de l’assemblée de printemps de la Société Suisse de Médecine Interne Générale de cette année (SSMIG) à Bâle, le Pr Andreas Kleinschmidt a donné un aperçu des derniers développements dans le domaine de la migraine et des céphalées. Les connaissances dans ce domaine ont connu un développement remarquable ces dernières années.

Une meilleure compréhension des mécanismes conduit à un traitement plus efficace

La compréhension de la pathophysiologie de la migraine progresse rapidement. Une meilleure caractérisation et un meilleur diagnostic de ses caractéristiques cliniques ont permis de considérer la migraine comme un dysfonctionnement complexe et variable du système nerveux et pas seulement comme une céphalée vasculaire. Des études récentes ont apporté de nouvelles informations importantes sur ses causes génétiques, ses caractéristiques anatomiques et physiologiques et ses mécanismes pharmacologiques.

L’identification de nouveaux gènes associés à la migraine, la visualisation des régions du cerveau activées dans les premiers stades d’une crise de migraine, une meilleure compréhension du rôle potentiel des nerfs cervicaux et la reconnaissance du rôle crucial des neuropeptides font partie des progrès qui ont conduit à de nouveaux objectifs pour le traitement de la migraine. Le traitement futur de la migraine sera en mesure d’adapter les traitements en fonction des différents mécanismes de la migraine qui affectent les patients individuels, a expliqué le Professeur Andreas Kleinschmidt, directeur de la clinique de neurologie du HUG.

L’orateur a indiqué que les informations actuellement disponibles indiquent une activation du réseau intracrânien qui culmine avec la sensibilisation du système trigémino-vasculaire, la libération de marqueurs inflammatoires et l’initiation d’une réaction inflammatoire méningée perçue comme un mal de tête. La phase postdromique, la moins étudiée, pourrait être le résultat de la poursuite de l’activation du tronc cérébral.

Traitement de la migraine: les trois grands ­principes

• Suppression des facteurs déclenchants
– Psychologique («stress»)
– Environnement («espace de travail propice à la migraine»)
– Endogène
• Traitement non pharmacologique
• Médication
– Aiguë («rescue»)
– Préventif («prophylaxie»)
Sur le plan thérapeutique, l’acide acétylsalicylique a permis d’éliminer la douleur après 2 heures chez 23.8 % des patients contre 11.5 % sous placebo. Le diclofénac a permis d’atteindre cet objectif dans 24.7 % des cas contre 10.7 % et l’ibuprofène dans 26.2 % des cas contre 12.3 %. Le nerf trijumeau et ses projections sur le système vasculaire intracrânien – le système trigémino-vasculaire – sont au cœur de la migraine. L’identification des mécanismes qui déclenchent des signaux dans ce système a conduit à des traitements ciblés et à des thérapies préventives pour la migraine. Les anticonvulsivants valproate de sodium et topramate ne sont pas autorisés en Suisse pour cette indication. La flunarizine, un bloqueur des canaux calciques, n’est plus commercialisée et l’onabotulinumtoxine A n’est autorisée que pour la migraine chronique.

Médicaments de secours anti-migraineux ­spécifiques: triptans

Le traitement de la migraine se fait par étapes. Au début, on utilise des analgésiques traditionnels (p. ex. ibuprofène, paracétamol). Au fur et à mesure de l’évolution du traitement, on passe aux triptans et aux géants. Les triptans se lient aux récepteurs de la sérotonine et provoquent une vasoconstriction dans le cerveau, ainsi qu’une réduction de l’inflammation. Ils peuvent être utilisés sous différentes formes, par exemple sous forme de spray nasal pour les personnes souffrant de vomissements pendant la crise de migraine.

Traitement préventif de la migraine

Médicaments classiques (small molecules)
• Antihypertenseurs: bêtabloquants, sartans
• Bloqueurs des canaux calciques: fluranizine
• Anticonvulsivants: topiramate, valproate
• antidépresseurs: amitryptiline, venlafaxin

­Anticorps monoclonaux CGRP («Biologic») dans la ­prévention de la migraine

Ces médicaments ont un début d’action rapide et entraînent peu d’événements indésirables, les plus fréquents étant des réactions au site d’injection telles que l’érythème et la douleur. L’érénumab, le fremanezumab et le galcanezumab se sont également avérés bénéfiques chez les patients qui ne répondent pas aux autres classes de médicaments préventifs. Dans une étude de prolongation ouverte de 5 ans, l’érénumab est resté sûr chez les patients souffrant de migraines épisodiques. L’effet maximal est atteint avec ces médicaments après 24 h.
En cas de traitement par atogépant, les variations par rapport à la valeur initiale sur 12 semaines ont été de –3.7 jours avec 10 mg d’atogépant, –3.9 jours avec 30 mg d’atogépant, –4,2 jours avec 60 mg d’atogépant et –2.5 jours avec un placebo. Les différences moyennes par rapport au placebo en termes de variation par rapport à la valeur initiale étaient de –1.2 jour avec l’atogépant 10 mg (intervalle de confiance à 95 % [IC], –1.8 à –0.6), –1.4 jour avec l’atogépant 30 mg (IC à 95 %, –1.9 à –0.8) et –1.7 jour avec l’atogépant 60 mg (IC à 95 %, –2.3 à –1.2) (P < 0.001 pour toutes les comparaisons avec le placebo).

L’atogépant pris par voie orale une fois par jour a efficacement réduit le nombre de jours de migraine et de céphalées sur une période de 12 semaines. Parmi les événements indésirables figuraient la constipation et les nausées. L’intervenante a présenté un algorithme de traitement pour la prise en charge clinique de la migraine (Ashina M. N Engl J Med 2020).

Le gépant pendant un prodrome – sauvetage ou prophylaxie?

La bonne approche se situe-t-elle entre les deux? Rimegepant offre un bénéfice préventif selon les besoins (Edwinsson et al, CGRP as the target of new migraine therapies – successful translation from bench to clinic. Nature Rev Neurol 2018).

Pr Walter F. Riesen

riesen@medinfo-verlag.ch

  • Beaucoup de nouveautés dans les médicaments de secours et ­préventifs
  • Pas de miracle
  • Approche par essais et erreurs
  • Ne pas négliger les options non pharmacologiques
  • Rester conscient des coûts – mais aussi des coûts globaux

Depression im Alter

Depression ist im Alter eine häufige und oft übersehene Erkrankung. Auf Grundlage der Schweizer Empfehlungen für die Diagnostik und Therapie der Depression im Alter diskutiert der Artikel ihre Diagnostik und Therapie. Die Diagnostik stützt sich auf die klinische Exploration, ergänzt um die Abklärung von Differentialdiagnosen. Unbedingt zu beachten ist die erhöhte Suizidgefährdung bei Depression im Alter. Therapeutisch kommt in erster Linie Psychotherapie zum Einsatz, bei schwereren Verläufen zusätzlich auch Pharmakotherapie. Therapiebegleitend können psychosoziale Interventionen und Spezialtherapien durchgeführt werden. Weitere biologische Therapieverfahren wie Schlafentzug, Lichttherapie und Hirnstimulationsverfahren stehen im spezialisierten Therapiekontext zur Verfügung.

Late-life depression is a frequent and underdiagnosed condition. This article discusses its diagnosis and treatment based on the Swiss Therapy Recommendations for Diagnosis and Treatment of Depression in Old Age. The diagnosis rests on the clinical exploration and the differential diagnostic process. Due to the elevated risk of suicide, the exploration of suicidality is imperative in late-life depression. Psychotherapy is the mainstay of treatment. In more severe cases of depression, it is complemented by pharmacotherapy. Psychosocial interventions and other specialist therapies can be useful add-ons. Biological therapies, such as sleep deprivation, bright light therapy and various brain stimulation methods are mainly used in specialized treatment contexts.
Depression im Alter, Psychotherapie, Antidepressiva

Diagnosestellung

Für die Diagnose der Depression im Alter (DiA) gibt es keine spezifischen Diagnosekriterien. Die Diagnose wird also wie beim jüngeren Erwachsenen anhand der – rein klinischen – ICD-10-Kriterien für die depressive Episode (F32) bzw. rezidivierende depressive Störung (F33) gestellt und auch so kodiert. Ebenso wenig gibt es eine klare Altersgrenze, wobei in der Schweiz von DiA meist bei Personen > 65 Jahren gesprochen wird (1).

Depression ist bei Personen > 65 Jahre häufig. Gemäss der Schweizer Gesundheitsbefragung 2022 hatten 4 % der Personen > 65 Jahren mittelschwere bis schwere Depressionssymptome (2). In institutionellen Kontexten wie Alters- und Pflegeheimen liegt die Prävalenz deutlich darüber. Dies hat einerseits Konsequenzen für das Gesundheitsversorgungssystem als Ganzes, das sich mit der Bevölkerungsalterung auf eine Zunahme der Fallzahlen einstellen muss. Andererseits bedeutet dies auch, dass in jedwedem medizinischen Versorgungskontext eine hohe Ausgangswahrscheinlichkeit besteht, dass ein Patient > 65 Jahre an einer DiA leidet. Dies spiegelt sich z. B. darin, dass 12.3 % der Hausarztkonsultationen älterer Personen in den USA 2012 in der Verschreibung eines Antidepressivums mündeten (3). In der Schweiz werden 46.9 % der Antidepressiva durch Hausärzte verschrieben, davon am meisten in der Altersgruppe > 65 Jahre (4).

Trotz – oder gerade wegen – ihrer Häufigkeit ist die DiA unterdiagnostiziert. Dies liegt u. a. daran, dass sich die DiA «atypisch» präsentieren kann, z. B. durchaus mit somatischen Beschwerden als Präsentationssymptom. Um einen diagnostischen Verdacht zu erhärten, ist ein vertiefendes Gespräch notwendig, das vor den zeitlichen Zwängen des übrigen Praxis- oder Klinikbetriebs geschützt werden muss. Auch spezifische Skalen für das Screening können im diagnostischen Prozess hilfreich sein. Zum Screening ist die Selbstbeurteilungsskala GDS-15 (Geriatric Depression Scale) gut geeignet – auch für den Einsatz in Altersheimen (1). Die GDS bietet den zusätzlichen Vorteil einer Einordnung des Schweregrads der Depression.

Differentialdiagnosen, Komorbiditäten und Komplikationen

Nicht selten finden sich bei älteren Patienten komplexe Mischbilder aus Multimorbidität und Alltagsbeeinträchtigungen, psychologischen und sozialen Belastungsfaktoren (z. B. Verlusterleben und Vereinsamung). Hier die Ursachen von den Folgen sowie die Komorbiditäten von den Komplikationen abzugrenzen, kann anspruchsvoll sein. Die Schweizer Empfehlungen für die Diagnostik und Therapie der DiA bieten hierzu ergänzende Informationen zum Zusammenspiel von DiA und u. a. Demenz, Schlaf, Schmerz und wichtigen somatischen Komorbiditäten (1). Krankheitsbilder, die zu depressionsähnlichen Symptomen führen können, müssen differentialdiagnostisch berücksichtigt werden (Tab. 1). Besonders erwähnenswert ist die mögliche depressiogene Wirkung vieler Pharmaka (5).

Suizidalität

Die Gefahr des Suizids kann bei Depression nicht deutlich genug betont werden. Im Jahr 2022 starben 958 Personen durch Suizid (ohne assistierten Suizid), entsprechend 1.3 % aller Todesfälle (6). Die Suizidrate steigt mit dem Alter stark an, wobei der Anstieg zum grössten Teil durch Suizide bei älteren Männern bedingt ist (6). Anhand sog. «psychologischer Autopsien», d. h. der Untersuchung der Vorgeschichte von Suiziden bei Senioren, konnte gezeigt werden, dass in der Mehrzahl (in einer Studie bis 87 %) von einer DiA ausgegangen werden muss (7). Es ist also falsch, bei Suiziden im Alter von sog. «Bilanzsuiziden» auszugehen.

Zur Abklärung der Suizidalität werden zunächst allfällige Suizidgedanken erfragt und dann ggf. die Exploration vertieft. Bestehen Suizidabsichten oder sogar konkrete Suizidpläne? Welche Risikofaktoren weist der Patient auf? Hierzu zählen (neben dem bereits erwähnten höheren Lebensalter, männlichen Geschlecht und DiA): Suizidalität in der Vorgeschichte und im sozialen Umfeld, psychische und somatische Komorbiditäten, Schmerzen, Einschränkungen bei Alltagsfunktionen, Lebensereignisse (z. B. der Verlust des Partners), soziale Isolation, Gefühl der Hilf- oder Hoffnungslosigkeit und die Verfügbarkeit von Suizidmethoden im Haushalt (z. B. Schusswaffen). Das Fehlen solcher Risikofaktoren darf in der Akuteinschätzung jedoch nicht automatisch zur Entwarnung führen: Sie spiegeln statistische Risiken, d. h. eine Risikoerhöhung in Personengruppen über einen längeren Zeitraum hinweg, haben für die momentane Situation eines individuellen Patienten also nur begrenzte Aussagekraft.

Auf Grundlage der Exploration ist das Suizidrisiko zu beurteilen und zu dokumentieren. Sollte hierbei die Einschätzung entstehen, dass akute Selbstgefährdung vorliegt, und kann diese nicht durch andere Maßnahmen sicher abgewendet werden, muss auch bei älteren Patienten eine fürsorgerische Unterbringung erwogen werden.

Therapie

Die Therapie der DiA entscheidet sich an Akuität, Leidensdruck und Schweregrad der Symptomatik, Verfügbarkeit und Umsetzbarkeit von Therapieangeboten und Behandlungspräferenzen des Patienten. Der Einbezug des Umfelds und die Vernetzung der verschiedenen Hilfsangebote ist immer sinnvoll. Für die Therapie stehen Interventionen aus vier Bereichen zur Verfügung: Psychosoziale Interventionen und Spezialtherapien, Psychotherapien i. e. S., Psychopharmakotherapie und biologische Therapieverfahren.

Psychosoziale Interventionen und ­Spezialtherapien

Psychosoziale Interventionen und Spezialtherapien begleiten die spezifische psychotherapeutische und pharmakologische Behandlung (1). Hierzu zählen die sog. angeleitete Selbsthilfe (eigenverantwortliche Durchführung von Interventionen unter punktueller therapeutischer Anleitung), Psychoedukation, sog. Problemlösetraining, Rekreationstherapie (d. h. der Aufbau einer befriedigenden ­Freizeitgestaltung), physische Aktivierung, Entspannungsverfahren, sog. soziales Kompetenztraining und die Spezialtherapien Ergotherapie und kunsttherapeutische Verfahren.

Aufgrund Ihrer Evidenz ragen die Rekreationstherapie (8) und die physische Aktivierung (9) heraus. Beiden Verfahren ist gemeinsam, dass sie konkret den Alltag der Patienten mit aktivierenden Elementen anreichern, die positive Erfahrungen ermöglichen. Körperliche Aktivierung scheint höhere Wirksamkeit aufzuweisen, wenn sie unter Anleitung durchgeführt wird und mehrmals wöchentlich erfolgt (z. B. drei Trainingseinheiten pro Woche jeweils mit 10-minütigem Aufwärmen, 30 Minuten wandern oder joggen und 5 Minuten abkühlen).

Psychotherapie

Gemäss den Schweizer Empfehlungen ist Psychotherapie bei DiA Therapie der ersten Wahl und wird bei schweren Formen in Kombination mit Pharmakotherapie empfohlen (1). Es können sowohl Gruppen- wie auch einzeltherapeutische Verfahren angewendet werden. Pflegende Angehörige weisen selbst ein hohes Risiko für Depression auf und müssen im Rahmen des Therapiekonzepts berücksichtigt werden (1).

Unter den verschiedenen psychotherapeutischen Verfahren weist die kognitive Verhaltenstherapie die größte Evidenz auf. Auch kurzzeitige psychodynamische Behandlungen verfügen über eine gute Evidenzbasis (1). Weitere Verfahren, die zum Einsatz kommen, sind die Reminiszenztherapie (eine Methode des Lebensrückblicks mit dem Ziel, eine positive Perspektive des eigenen Lebensverlaufs zu erlangen), die interpersonale Therapie sowie andere Verfahren der sog. «Dritten Welle der Psychotherapie» (1).

Pharmakotherapie

Die Pharmakotherapie der DiA ist eine wirksame Behandlungsform, die v. a. bei mittel- und schwergradiger Ausprägung zum Einsatz kommt und die Psychotherapie als Therapie der ersten Wahl ergänzt (1). Metaanalytisch wurde bei der DiA ein Ansprechen auf Pharmakotherapie («response», d. h. 50 % Rückgang der Symptomatik) bei etwa 50 % der Patienten belegt (10).

Die Pharmakotherapie der DiA erfordert die Berücksichtigung der psychiatrischen und somatischen Komorbiditäten, der sonstigen Medikation und ein sorgfältiges Therapiemonitoring (inkl. Routinelabor und EKG vor Therapiebeginn) bzgl. Wirkung und unerwünschten Arzneimittelwirkungen (UAWs). Die Pharmakotherapie erfolgt nach dem Prinzip «Start low, go slow (but go!)», d. h. es erfolgt eine einschleichende Dosierung, die jedoch im Verlauf unbedingt bis in den therapeutisch wirksamen Bereich erhöht werden muss. Bei Ausbleiben einer Wirkung können Arzneimittelspiegel bei der Dosisfindung hilfreich sein. Für einen suffizienten Behandlungsversuch ist neben ausreichender Dosierung auch eine ausreichende Dauer erforderlich. Dies sind in der Regel zunächst 4–6 Wochen. Bei Ausbleiben der Wirkung kann der Therapieversuch bis auf 12 Wochen ausgedehnt werden («late responder»). Eine Übersicht über die verfügbaren Substanzen bietet Tab. 2.

In Abwägung von Wirksamkeit, Verträglichkeit und möglichen Arzneimittelinteraktionen erfolgt die Auswahl der Wirksubstanz. Unter den SSRIs können z. B. (Es-) Citalopram oder Sertralin gut geeignet sein (1, 11). Für die Wirksamkeit und Verträglichkeit von Ketamin und Esketamin bei DiA gibt es zwar zunehmend Evidenz (12), ihr Einsatz unterliegt aber verschiedenen Restriktionen und sollte aktuell nur durch den Spezialisten in genau begründeten Fällen erfolgen. Die pharmakologische Erhaltungstherapie, Rezidivprophylaxe sowie die Behandlung therapierefraktärer Depressionen gehen über den Rahmen dieses Artikels hinaus.

Biologische Verfahren

Zu den biologischen, nicht-pharmakologischen Verfahren zählen u. a. der therapeutische Schlafentzug (Wachtherapie), die Lichttherapie und Hirnstimulationsverfahren (EKT, rTMS und weitere). Diese Therapieverfahren weisen z. T. eine sehr gute Wirksamkeit gegenüber der DiA auf. Sie sind aber in der Regel einem spezialisierten Behandlungskontext vorbehalten oder kommen v. a. bei anderweitig therapierefraktären Krankheitsverläufen zum Einsatz (EKT, rTMS).

Copyright Aerzteverlag medinfo AG

Dr. med. Florian Riese

Universität Zürich
Forschungsgruppenleiter:
«Lebensqualität bei Demenz»

florian.riese@bli.uzh.ch

Der Autor hat keine Interessenskonflikte im Zusammenhang mit diesem Artikel deklariert.

  • Depression im Alter ist häufig und unterdiagnostiziert.
  • Mögliche Suizidgefährdung muss erkannt werden.
  • Psychotherapie ist die Therapie der ersten Wahl.
  • Bei schwereren Verläufen werden zusätzlich Antidepressiva eingesetzt.
  • Geeignet sind z. B. SSRIs (Evidenzgrad A, Empfehlungsgrad 1), hierunter v. a. (Es-)Citalopram und Sertralin.

1. Hatzinger M, Hemmeter U, Hirsbrunner T, Holsboer-Trachsler E, Leyhe T, Mall JF, et al. Empfehlungen für Diagnostik und Therapie der Depression im Alter. Praxis (Bern 1994). 2018;107(3):127-44.
2. Bundesamt für Statistik. Mittelschwere bis schwere Depressionssymptome, 2022 2024 [Available from: https://www.bfs.admin.ch/bfs/de/home/statistiken/gesundheit/gesundheitszustand/psychische.assetdetail.30505730.html.
3. Maust DT, Bloww FC, Wiechers IR, Kales HC, Marcus SC. National Trends in Antidepressant, Benzodiazepine, and Other Sedative-Hypnotic Treatment of Older Adults in Psychiatric and Primary Care. J Clin Psychiatry. 2017;78(4):e363-e71.
4. Schweizer Gesundheitsobservatorium. Psychopharmaka in der Schweiz. Obsan Bulletin 01/2022.
5. Qato DM, Ozenberger K, Olfson M. Prevalence of Prescription Medications With Depression as a Potential Adverse Effect Among Adults in the United States. JAMA. 2018;319(22):2289-98.
6. Bundesamt für Statistik. Suizid nach Alter und Geschlecht (ohne assistierten Suizid), 2019-2022 2023 [Available from: https://www.bfs.admin.ch/bfs/de/home/statistiken/gesundheit/gesundheitszustand/sterblichkeit-todesursachen/spezifische.html.
7. Conwell Y, Thompson C. Suicidal behavior in elders. Psychiatr Clin North Am. 2008;31(2):333-56.
8. Cuijpers P, van Straten A, Warmerdam L. Behavioral activation treatments of depression: a meta-analysis. Clin Psychol Rev. 2007;27(3):318-26.
9. Klil-Drori S, Klil-Drori AJ, Pira S, Rej S. Exercise Intervention for Late-Life Depression: A Meta-Analysis. J Clin Psychiatry. 2020;81(1).
10. Gutsmiedl K, Krause M, Bighelli I, Schneider-Thoma J, Leucht S. How well do elderly patients with major depressive disorder respond to antidepressants: a systematic review and single-group meta-analysis. BMC Psychiatry. 2020;20(1):102.
11. Ishtiak-Ahmed K, Musliner KL, Christensen KS, Mortensen EL, Nierenberg AA, Gasse C. Real-World Evidence on Clinical Outcomes of Commonly Used Antidepressants in Older Adults Initiating Antidepressants for Depression: A Nationwide Cohort Study in Denmark. Am J Psychiatry. 2024;181(1):47-56.
12. Balaram KvD, L. I.; Wilkins, K. M.; Maruca-Sullivan P. E. A New Solution to an Age-old Problem: A Review of Ketamine and Esketamine for Treatment-resistant Depression in Late Life. Current Geriatrics Reports. 2023;12:93-102.

Ausgewählte Studien zu soliden Tumoren

Hormonelle Empfängnisverhütung und Brustkrebsrisiko bei Trägerinnen von Keimbahnmutationen in BRCA1 und BRCA2

Ausgangslage

Es ist unklar, ob und in welchem Ausmass hormonelle Verhütungsmittel das Brustkrebsrisiko für Keimbahnträgerinnen mit BRCA1- oder BRCA2-Mutation erhöhen. Dieser Frage ging eine kürzlich publizierte Studie (Quelle) nach.

Methoden

Anhand gepoolter Beobachtungsdaten aus vier prospektiven Kohortenstudien wurde der Zusammenhang zwischen der Anwendung hormoneller Verhütungsmittel und dem Brustkrebsrisiko für nicht betroffene BRCA1- und BRCA2-Mutationsträgerinnen mittels Cox-Regression untersucht.

Ergebnisse

Von 3882 BRCA1- und 1509 BRCA2-Mutationsträgerinnen hatten 53 % bzw. 71 % mindestens ein Jahr lang hormonelle Verhütungsmittel anwendet (mediane kumulative Anwendungsdauer: 4.8 bzw. 5.7 Jahre). Insgesamt entwickelten 488 BRCA1- und 191 BRCA2-Mutationsträgerinnen während einer mittleren Nachbeobachtungszeit von 5.9 bzw. 5.6 Jahren ein BC. Obwohl bei BRCA1-Mutationsträgern weder die derzeitige noch die frühere Verwendung hormoneller Verhütungsmittel für mindestens ein Jahr statistisch signifikant mit dem BC-Risiko verbunden war (Hazard Ratio [HR], 1.4 [95 % CI, 0.94 bis 2.08], P = 0.1 für die derzeitige Verwendung; 1.16 [0.8 bis 1.69], P = 0.4, 1.4 [0.99 bis 1.97], P = 0.05, und 1.27 [0.98 bis 1.63], P = 0.07 für früheren Konsum vor 1–5, 6–10 bzw. > 10 Jahren), und jeder Konsum war mit einem erhöhten Risiko verbunden (HR, 1.29 [95 % CI, 1.04 bis 1.6], P = 0.02). Darüber hinaus stieg das BC-Risiko mit längerer kumulativer Anwendungsdauer an, mit einem geschätzten proportionalen Anstieg des Risikos von 3 % (1 %–5 %, P = 0.002) für jedes zusätzliche Jahr der Anwendung. Bei BRCA2-Mutationsträgern gab es keine Hinweise darauf, dass die aktuelle oder frühere Anwendung mit einem erhöhten BC-Risiko verbunden war (HR, 0.7 [95 % CI, 0.33 bis 1.47], P = 0.3 bzw. 1.07 [0.73 bis 1.57], P = 0.7).

Schlussfolgerung

Hormonelle Kontrazeptiva sind mit einem erhöhten BC-Risiko für BRCA1-Mutationsträgerinnen verbunden, insbesondere wenn sie über einen längeren Zeitraum angewendet werden. Bei der Entscheidung über ihre Anwendung bei Frauen mit BRCA1-Mutationen sollten die Risiken und Vorteile für jede einzelne Person sorgfältig abgewogen werden.

Literatur
Phillipps KA et al.Hormonal Contraception and Breast Cancer Risk for Carriers of Germline Mutations in BRCA1 and BRCA2. Journal of Clinical Oncology https://doi.org/10.1200/JCO.24.00176

Wirkung der Umstellung des Histamin-1-Rezeptor-Antagonisten Clemastin auf Cetirizin in Paclitaxel-Prämedikationsregimen: Die H1-Switch-Studie

Allen Patienten, die mit einer Paclitaxel-Chemotherapie behandelt werden, wird eine Prämedikation mit einem Histamin-1-Rezeptor (H1)-Antagonisten empfohlen, um das Auftreten von Überempfindlichkeitsreaktionen (HSR) zu verringern. Die wissenschaftliche Grundlage für diese Prämedikation ist jedoch nicht solide, so dass es Möglichkeiten zur Optimierung gibt. Die Substitution eines intravenös verabreichten H1-Antagonisten der ersten Generation durch einen oral verabreichten H1-Antagonisten der zweiten Generation könnte die Nebenwirkungen verringern und die Effizienz und Nachhaltigkeit verbessern. Diese Studie untersucht die Wirksamkeit und Sicherheit des Ersatzes von intravenösem Clemastin durch orales Cetirizin als Prophylaxe für Paclitaxel-induzierte HSRs.

Methoden

In dieser prospektiven Nichtunterlegenheitsstudie wird eine historische Kohorte, die ein Prämedikationsschema mit intravenösem Clemastin erhielt, mit einer prospektiven Kohorte verglichen, die orales Cetirizin erhielt. Primärer Endpunkt der Studie ist HSR-Grad ≥ 3. Der Unterschied in der Inzidenz wurde zusammen mit dem 90 %-KI berechnet. Wir legten fest, dass der zweiseitige 90 %-KI der Inzidenz von HSR-Grad ≥ 3 in der oralen Cetirizin-Kohorte im Vergleich zur intravenösen Clemastin-Kohorte nicht mehr als 4 % höher sein sollte (d. h. die Nichtunterlegenheitsgrenze).

Ergebnisse

Zweihundertzwölf Patienten wurden in die orale Cetirizin-Kohorte (Juni 2022 und Mai 2023) und 183 in die intravenöse Clemastin-Kohorte eingeschlossen. Die Inzidenz von HSR- Grad ≥ 3 betrug 1.6 % (n = 3) in der intravenösen Clemastin-Kohorte und 0.5 % (n = 1) in der oralen Cetirizin-Kohorte, was einer Differenz von –1.2 % (90 % CI, –3.4 bis 1.1) entspricht.

Schlussfolgerung

Eine Prämedikation mit oralem Cetirizin ist bei der Verhinderung einer Paclitaxel-induzierten HSR-Grad ≥ 3 ebenso sicher wie eine Prämedikation mit intravenösem Clemastin. Diese Ergebnisse könnten dazu beitragen, die Versorgung der Patienten zu optimieren und die Effizienz und Nachhaltigkeit zu verbessern.

Literatur
Malmberg R et al. Effect of Switching the Histamine-1 Receptor Antagonist Clemastine to Cetirizine in Paclitaxel Premedication Regimens: The H1-Switch Study. JCO Oncology Practice2024 ;20, Number 9. https://doi.org/10.1200/OP.24.00110

Prof. Dr. med. Beat Thürlimann

Brustzentrum, Kantonsspital St. Gallen
Rorschacher Strasse 95
9007 St.Gallen

SAKK 66/22 (INVINCIBLE-4-SAKK)

Früher triple-negativer Brustkrebs: Injektion der Substanz INT230-6 direkt in den Tumor

10–20 % aller Patientinnen und Patienten mit Brustkrebs haben einen triple-negativen Tumor (TNBC). TNBC haben nicht nur einen ungünstigeren Verlauf und eine höhere Mortalität als andere Formen von Brustkrebs, sondern betreffen auch häufiger jüngere Menschen. Aus diesem Grund wird nach spezifischen Therapieformen für TNBC gesucht. Eine Möglichkeit ist eventuell die Substanz INT230-6.

Studien zeigen, dass bei TNBC das Erreichen eines pathologisch kompletten Ansprechens (pCR) mittels neoadjuvanter Therapie ein prognostisch wichtiger Faktor ist. In der Phase-II-Studie SAKK 66/22 wird untersucht, ob die neoadjuvante Gabe der Prüfsubstanz INT230-6 bei der Behandlung von TNBC die Rate von pCR im Primärtumor und in den befallenen Lymphknoten erhöht (primärer Endpunkt). Sekundäre Endpunkte sind unter anderem die Verträglichkeit von INT230-6, das radiologische Ansprechen und die Rate der brusterhaltenden Tumoroperationen nach der Anwendung von INT230-6.

Was ist INT230-6?

INT230-6 besteht aus einer Kombination von Cisplatin und Vinblastin sowie einem Molekül, das die Verteilung der Chemotherapeutika im Tumorgewebe und deren Eindringen in die Tumorzellen erleichtert. In Mausmodellen überlebten Tiere, die mit INT230-6 behandelt wurden, länger als Tiere ohne INT230-6-Therapie. Bisher gibt es erst wenige klinische Studien mit INT230-6, doch die Daten sind vielversprechend. Die Substanz wurde bei Patient:innen mit verschiedenen Krebsarten geprüft und es zeigte sich, dass sie gut verträglich und antitumoral wirksam ist. Bisher ist INT230-6 in keinem Land zugelassen.

54 Teilnehmende …

An der Studie SAKK 66/22 können 54 Personen mit frühem TNBC teilnehmen (cT2-4c N0-3 M0). Sie werden in zwei Gruppen randomisiert:
• Experimenteller Arm: Die Teilnehmenden erhalten im Abstand von acht Tagen zwei Injektionen mit INT230-6 direkt in den Tumor. Vor der zweiten Injektion wird eine Biopsie entnommen, nach der zweiten Injektion wird ein MRI durchgeführt. Danach folgt eine Standardtherapie: neoadjuvante Chemo-Immuntherapie wie in der Studie Keynote-522, dann Tumoroperation.

• Kontrollarm: Die Teilnehmenden erhalten keine Injektionen in den Tumor, sondern beginnen gleich mit der Standardbehandlung.
Im Anschluss an die Tumoroperation folgt ein Follow-up von 36 Monaten. In dieser Zeit werden die Teilnehmenden mit lokalen und systemischen adjuvanten Therapien nach Wahl der behandelnden Ärzt:innen behandelt (Abb. 1).

… in 15 Studienzentren

Die Studie wird in rund 9 Behandlungszentren in der Schweiz und in sechs Behandlungszentren in Frankreich durchgeführt. Eine erste Datenanalyse erfolgt, wenn alle Teilnehmenden operiert worden sind; die abschliessende Datenanalyse erfolgt, wenn alle Teilnehmenden ein Follow-up von mindestens 36 Monaten nach der Tumoroperation erreicht haben.

Eckdaten zur Studie

Studientitel

Intratumoral INT230-6 followed by neoadjuvant Pembrolizumab and chemotherapy in patients with early triple-negative breast cancer (TNBC). An open-label randomized two-cohort phase 2 clinical trial. INVINCIBLE-4-SAKK (SAKK 66/22)

Teilnehmende Zentren

Schweiz: Tumorzentrum Aarau – Hirslanden TZA, Claraspital, IOSI (Istituto Oncologico della Svizzera Italiana), Kantonsspital Graubünden Chur, Kantonsspital Baselland Liestal, Kantonsspital St. Gallen, Tumor- und BrustZentrum Ostschweiz, Kantonsspital Winterthur, Universitätsspital Zürich

Ab Januar 2025 werden folgende Zentren in Frankreich die Studie eröffnen: Angers/ICO Site Paul Papin, Dijon/CGFL Centre Georges François Leclerc, Lyon/Centre de lutte contre le ­cancer Léon Bérard, Plérin/Hôpital Privé des Côtes d’Armor – Centre Cario-HPCA, Rennes/Centre Eugène Marquis, ­Saint-Herblain/ICO – Site René Gauducheau

Coordinating Investiagator
Prof. Dr. med. Markus Joerger MD-PhD ClinPharm,
wKantonsspital St. Gallen

Supporting Coordinating Investigator
Dr. med. Ursina Zürrer, Kantonsspital Winterthur

Clinical Project Manager SAKK
Jana Musilova, SAKK Kompetenzzentrum Bern,
trials@sakk.ch

Clinicaltrials.gov link
NCT06358573

SAKK-Website
www.sakk.ch/de/studie/SAKK_66_22

Prof. Dr. med. Miklos Pless

Winterthur
SAKK Präsident

miklos.pless@ksw.ch