Traitement combiné d’ agonistes des récepteurs GLP1 et des inhibiteurs de SGLT2

Chez un patient de 67 ans, un diabète sucré de type 2 est connu depuis 5 ans. De plus, le patient a dans ses antécédents personnels une maladie coronarienne à trois vaisseaux avec une fraction d’ éjection moyennement réduite et un état après un séminome il y a 30 ans. Le diabète est traité par insuline basale (Levemir, 20 U par jour) et NovoRapid pendant les repas (environ 7 U par jour au total). En raison d’ effets secondaires gastro-intestinaux, le patient a cessé de prendre de la metformine. En raison d’ une insuffisance cardiaque, il existe en outre un traitement par un inhibiteur du SGLT2 (Forxiga). La glycémie est bien contrôlée, l’ HbA1c est de 6.5 %. En raison de la maladie coronarienne à trois vaisseaux, un traitement par un agoniste du récepteur GLP1 (Ozempic, Sémaglutide) a été envisagé.

Les éléments importants de l’ anamnèse ­personnelle

Le patient souffre d’ une maladie coronarienne, complication de son diabète, et d’ une insuffisance cardiaque. Parmi ses facteurs de risque cardiovasculaire, facteurs de risque sont une hypertension artérielle, une dyslipidémie, l’ obésité et des antécédents familiaux positifs.

Déroulement

Après l’ introduction de l’ Ozempic, le patient a pu perdre 3 kg de poids. En outre, l’ administration de NovoRapid pendant les repas n’ était plus nécessaire. De même, la dose de Levemir a pu être réduite progressivement: sans Ozempic, le patient s’ injectait encore 20E de Levemir, avec Ozempic 0.25 mg/semaine 12E de Levemir, avec Ozempic 0.5 mg/semaine 8E de Levemir et avec Ozempic 1.0 mg/semaine Levemir pouvait être arrêté totalement. L’ HbA1c restait stable à environ 6.5 %.

Conclusions

L’ Ozempic n’ a pas entraîné une forte perte de poids, mais un très bon contrôle de la glycémie, ce qui a permis d’ arrêter l’ insulinothérapie. Le traitement combiné agoniste du récepteur GLP1/inhibiteur du SGLT2 est recommandé en raison de la maladie coronarienne, du profil de risque cardiovasculaire ainsi que de l’ insuffisance cardiaque est particulièrement bénéfique pour le patient. Il convient de mentionner que l’ inhibiteur de SGLT2 est ­spécialement indiqué sous l’ indication «insuffisance cardiaque» a été prescrit, ce qui fait qu’ une garantie de prise en charge supplémentaire pour Ozempic n’ était pas nécessaire.

Question

  • Que faire en cas de traitement combiné par des inhibiteurs du GLP1-agonistes des récepteurs/inhibiteurs du SGLT2, comment procéder étant donné qu’ elle n’ est pas automatiquement prise en charge par les caisses d’ assurance maladie?
  • Comment procéder si l’ Ozempic n’ est pas disponible dans les pharmacies en raison d’ une pénurie actuelle?
  • Quels sont les aspects particuliers à prendre en compte lors de l’ utilisation de Rybelsus (Sémaglutide oral)?

Mesures et traitement proposés

  • Outre l’ indication «diabète», l’ inhibiteur de SGLT2 peut être prescrit également en raison d’ une insuffisance cardiaque ou rénale
  • Comme alternative, le Sémaglutide sous forme orale (Rybelsus) peut être prescrit, qui n’ est pas en rupture de stock. Pour les patients qui reçoivent déjà un dosage de 1 mg d’ Ozempic, il serait possible d’ utiliser directement la dose maximale de Rybelsus, 14 mg une fois par jour. Cela correspond approximativement à la dose hebdomadaire de 0.5 mg d’ Ozempic.
  • En raison de sa faible biodisponibilité, Rybelsus doit être pris à jeun, et cela 30 minutes avant le premier repas et les autres médicaments oraux.
  • Autre: le traitement par statine doit être complété par de l’ Ézétimibe, si l’ objectif de LDL est <1.4 mmol/l.

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Cet article est une traduction de «der informierte arzt – die informierte ärztin» 04_2024

PD Dre méd. Claudia Cavelti-Weder

Clinique d’ Endocrinologie, de Diabétologie et de Nutrition clinique
Hôpital Universitaire de Zurich
Rämistrasse 100
8091 Zurich

Claudia.Cavelti-Weder@usz.ch

Les auteurs n’ont pas déclaré de conflit d’intérêts en rapport avec cet article.

Recommandations SMOB pour la priorisation du ­traitement par 2.4 mg de sémaglutide chez les patients souffrant de surpoids ou d’ obésité

Contexte

La disponibilité limitée du produit agoniste du récepteur du GLP-1 (GLP-1 RA) Wegovy® (2.4 mg de sémaglutide) exige une hiérarchisation des priorités afin de déterminer quel groupe de patients devrait en bénéficier en premier, en second, etc. Afin d’ aider les prestataires de soins de santé à prendre des décisions cliniques raisonnables et (dans la mesure du possible) fondées sur des données probantes, nous formulons les recommandations suivantes pour le processus de hiérarchisation.

Recommandations générales

1. Tous les patients souffrant de surpoids ou d’ obésité compliqués devraient bénéficier d’ une prise en charge multimodale et individuelle sur leur mode de vie, dispensés par un diététicien·ne ou un professionnel de la santé qualifié, afin de les aider à adopter un régime alimentaire sain et équilibré et à pratiquer au moins 150 minutes d’ activité physique par semaine.

2. Tous les patients ayant un IMC ≥35 kg/m2 ou un IMC ≥30 kg/m2 avec un diabète de type 2 (DT2) non contrôlé, défini par une HbA1c ≥ 8 % pendant ≥ 12 mois, et qui sont formellement qualifiés pour pouvoir bénéficier d’ une chirurgie bariatrique selon les directives SMOB (1) doivent être orientés vers un chirurgien spécialisé dans la chirurgie bariatrique-métabolique afin de recevoir des informations spécifiques à la chirurgie.

3. Les patients atteints de DT2 doivent être traités conformément aux lignes directrices de la SGED (2) qui incluent l’ utilisation de GLP-1 RA à un stade précoce de la maladie. Cependant, nous reconnaissons que l’ efficacité de la dose maximale remboursée de sémaglutide pour le traitement du DT2, c’  est-à-dire Ozempic® 1 mg s.c. par semaine et sa forme orale de 14 mg Rybelsus®, est inférieure à l’ efficacité de 2.4 mg s.c. par semaine (Wegovy®) et n’ apporte donc pas tous les bénéfices en termes de réduction de poids. Pour les patients souffrant de surpoids/obésité et de DT2, le tirzépatide (Mounjaro®) représente l’ option pharmacothérapeutique la plus efficace pour réduire le poids corporel et améliorer le contrôle de la glycémie (3). Cependant, à ce jour, le traitement des patients atteints de DT2 par Mounjaro® n’ est pas encore remboursé par l’ assurance maladie de base. En outre, contrairement au sémaglutide, il n’ existe actuellement aucune donnée sur les résultats cardiovasculaires des patients atteints de DT2 traités par tirzepatide.

4. Tous les patients pour lesquels une pharmacothérapie par GLP-1 RA est envisagée pour la prise en charge du surpoids/de l’ obésité conformément à l’ indication approuvée par Swissmedic doivent être informés des points suivants:
• En raison de la chronicité de la maladie, le traitement doit être poursuivi sur une longue période, car son arrêt entraînera très probablement une reprise du poids corporel et une aggravation des problèmes de santé connexes (4–6).
• En raison de limitation dans le temps de couverture des coûts du traitement Wegovy® pour les cas compliqués de surpoids et d’ obésité par l’ assurance maladie ordinaire, les coûts doivent être pris en charge par le patient à l’ issue du remboursement autorisé.

5. Les patients déjà traités avec succès par un médicament à base de GLP-1 RA, y compris ceux sous Saxenda® (qui ne sera plus disponible pour les adultes dans un avenir proche) et ceux sous un traitement «off label» avec Ozempic® ou Rybelsus® dans l’ indication approuvée par Swissmedic pour Wegovy® au début de la pharmacothérapie respective, devraient recevoir un traitement continu et leur traitement devrait être changé pour Wegovy® en premier lieu.

6. L’ indication du médicament Wegovy® pour la gestion du poids corporel devrait être conforme à l’ indication approuvée par Swissmedic, qui inclut les patients ayant un IMC ≥27 kg/m2 et souffrant d’ au moins une maladie liée à la surcharge pondérale. Cependant, la disponibilité limitée de 2.4 mg de semaglutide (Wegovy®) nécessite une priorisation de l’ accès au traitement. Par conséquent, nous recommandons ici trois niveaux différents de catégories de priorité.

Perspectives

Comme la disponibilité de 2.4 mg de sémaglutide (Wegovy®) est supposée augmenter continuellement, nous suggérons et soutenons qu’ avec le temps, les patients appartenant à une catégorie de priorité inférieure puissent également recevoir un traitement pharmacologique spécifique.

Déclarations finales

Nous appelons tous les professionnels de la santé à prendre en compte nos recommandations de priorisation, pour permettre d’ allouer les ressources limitées du sémaglutide (Wegovy®) aux patients qui bénéficieront probablement le plus de cette pharmacothérapie et qui présentent le meilleur rapport bénéfice/risque selon les preuves actuellement disponibles.
Le surpoids et l’ obésité sont des maladies chroniques, récurrentes et multifactorielles. Dans ce contexte, nous demandons que la pharmacothérapie des cas compliqués de surpoids et d’ obésité ne dépende pas des ressources financières individuelles. Ainsi, la prise en charge des coûts d’ une pharmacothérapie anti-obésité illimitée dans le temps est un objectif important pour l’ avenir et nécessite rapidement une réglementation claire.

Nous soulignons que la chirurgie bariatrique-métabolique reste un élément fondamental de la thérapie de l’ obésité sévère, car elle reste l’ option de traitement la plus efficace et la plus durable disponible.

Nous sommes convaincus que l’ avenir de la gestion du poids dans l’ obésité sera, en plus des conseils comportementaux et nutritionnels individuels, très probablement une approche modulaire avec l’ utilisation optimale ou même la combinaison de la pharmacothérapie et de la chirurgie bariatrique en fonction des circonstances physiopathologiques, des comorbidités et des préférences personnelles de chaque patient.

Enfin, indépendamment de l’ intervention thérapeutique utilisée, tous les patients traités devraient bénéficier d’ un soutien continu de la part d’ une équipe de soins qualifiée.

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Cet article est une traduction de «der informierte arzt – die informierte ärztin» 03_2024

Pr Marco Bueter 

Département de chirurgie, Hôpital de Männedorf, Männedorf

Département de chirurgie et de transplantation, Hôpital universitaire de Zurich, Université de Zurich

Dre Lucie Favre

Faculté de biologie et de médecine, Université de Lausanne

Service d’endocrinologie, diabète et métabolisme, Hôpital universitaire de Lausanne

Division d’endocrinologie, diabétologie et métabolisme, Centre Hospitalier Universitaire Vaudois, CHUV, Lausanne

Pre Katharina Timper

Clinique d’endocrinologie, de diabétologie et
de métabolisme Hôpital universitaire de Bâle
Petersgraben 4
4031 Bâle

Département de biomédecine, Université de Bâle

Les auteurs n’ ont pas déclaré de conflits d’ intérêt en rapport avec cet article.

1. SMOB.ch – Richtlinien [Internet]. [cited 2024 Jan 3]. Available from: https://www.smob.ch/de/richtlinien
2. Gastaldi G, Lucchini B, Thalmann S, Alder S, Laimer M, Brändle M, et al. Swiss recommendations of the Society for Endocrinology and Diabetes (SGED/SSED) for the treatment of type 2 diabetes mellitus (2023). Swiss Med Wkly. 2023 Apr 1;153(4):40060.
3. Frías JP, Davies MJ, Rosenstock J, Pérez Manghi FC, Fernández Landó L, Bergman BK, et al. Tirzepatide versus Semaglutide Once Weekly in Patients with Type 2 Diabetes. N Engl J Med. 2021 Aug 5;385(6):503–15.
4. Rubino D, Abrahamsson N, Davies M, Hesse D, Greenway FL, Jensen C, et al. Effect of Continued Weekly Subcutaneous Semaglutide vs Placebo on Weight Loss Maintenance in Adults With Overweight or Obesity: The STEP 4 Randomized Clinical Trial. JAMA. 2021 Apr 13;325(14):1414–25.
5. Wilding JPH, Batterham RL, Davies M, Van Gaal LF, Kandler K, Konakli K, et al. Weight regain and cardiometabolic effects after withdrawal of semaglutide: The STEP 1 trial extension. Diabetes Obes Metab. 2022 Aug;24(8):1553–64.
6. Aronne LJ, Sattar N, Horn DB, Bays HE, Wharton S, Lin WY, et al. Continued Treatment With Tirzepatide for Maintenance of Weight Reduction in Adults With Obesity: The SURMOUNT-4 Randomized Clinical Trial. JAMA. 2024 Jan 2;331(1):38–48.
7. Lincoff AM, Brown-Frandsen K, Colhoun HM, Deanfield J, Emerson SS, Esbjerg S, et al. Semaglutide and Cardiovascular Outcomes in Obesity without Diabetes. N Engl J Med. 2023 Dec 14;389(24):2221–32.
8. Kosiborod MN, Abildstrøm SZ, Borlaug BA, Butler J, Rasmussen S, Davies M, et al. Semaglutide in Patients with Heart Failure with Preserved Ejection Fraction and Obesity. N Engl J Med. 2023 Sep 21;389(12):1069–84.
9. Sharma AM, Kushner RF. A proposed clinical staging system for obesity. Int J Obes (Lond). 2009 Mar;33(3):289–95.

Perspectives et réflexions en Antalgie intégrative

La Médecine Intégrative associe les meilleurs soins de la médecine scientifique occidentale à ceux des approches complémentaires ou Interventions Non Médicamenteuses (INM), dans le but de maintenir la santé et d’ améliorer le bien-être, en intégrant toutes les dimensions de la vie. C’ est ce qui en fait son intérêt dans le syndrome multidimensionnel qu’ est la douleur. Pour cela il est nécessaire d’ innover en allant au-delà de la médecine conventionnelle, par les thérapies énergétiques et spirituelles. Cette approche apparaît d’ autant plus évidente en gériatrie. En parallèle de ces champs de prospection, l’ information/formation des soignants médicaux et paramédicaux à cette autre dimension du soin est primordiale.

Integrative Medicine combines the best care of Western scientific medicine with complementary approaches or Non-Pharmacological Interventions (NPI), with the aim of maintaining health and improving well-being, by integrating all the dimensions of life. This is what makes it so interesting in the multidimensional syndrome of pain. Yet we need to innovate by moving beyond conventional medicine towards energetic and spiritual therapies. This approach is even more obvious in geriatrics. Alongside these fields of exploration, it is vital to inform and train medical and paramedical staff in this other dimension of care.
Key Words: Integrative Medicine, Non-Pharmacological Interventions (NPI), pain, paramedical care

Antalgie intégrative

«Lorsque l’ on parle de médecine intégrative, on parle entre autres de combiner les meilleurs soins de la médecine scientifique occidentale à ceux des médecines alternatives et complémentaires (MAC) dans le but de maintenir la santé et d’ améliorer le bien-être» (1).

La médecine occidentale conventionnelle a une orientation curative: elle traite des maladies une fois qu’ elles se présentent. La médecine complémentaire vise le maintien de l’ état de bonne santé, en favorisant des changements de mode de vie importants et durables dans le comportement des patients. Ainsi, bien que les deux approches «partagent les mêmes objectifs philosophiques», elles ont des orientations temporelles différentes (2). C’ est ce qui fait la richesse de leur association dans l’ antalgie intégrative. Dans les années 80, les traitements naturels de la douleur sont répertoriés dans un livre sous la plume de José Lefort, diplômé de l’ Institut de Psychosomatique Naturelle de Lausanne, et du Dr André Passebecq, chargé d’ enseignement de naturopathie à la faculté de médecine de Paris-XIIIème (Fig. 1). L’ intérêt présenté par l’ auteur dans l’ utilisation de ces méthodes naturelles (en dehors de l’ efficacité) tient dans le titre: «Traitements naturels de la douleur: les méthodes analgésiques naturelles et orthobiologiques pour vaincre la douleur physique sans dépendance ni toxicité» (3). Sur le moteur de recherche PubMed, on atteint le chiffre de 4443 résultats en inscrivant «Pain and integrative medicine». Le nombre d’ articles publiés à l’ année sur ce thème ne cesse d’ augmenter, passant de moins de 100 en 2012 à plus de 600 en 2022. C’ est dire la place qu’ occupent les Interventions Non Médicamenteuses (INM) dans la gestion de la douleur. La raison en découle de la définition même du syndrome douloureux chronique.

Pour rappel, la douleur chronique est un syndrome multidimensionnel caractérisé par sa persistance ou récurrence, une réponse insuffisante au traitement, et une détérioration significative et progressive, du fait de la douleur, des capacités fonctionnelles et relationnelles du patient dans ses activités de la vie journalière, au domicile comme à l’ école ou au travail. Les répercussions émotionnelles de la douleur sont aussi préjudiciables que les répercussions physiques (4). La douleur est donc à l’ intersection d’ une sommation de problèmes: somatiques (lésion organique réelle ou virtuelle), psychologiques (personnalité, histoire et culture de la personne), événementiels (traumatismes débordant les défenses) et environnementaux (familial, professionnel, social) (5). (Fig. 2)
Extrêmement répandue chez les personnes âgées, la douleur chronique est associée à une morbidité importante (mobilité limitée, isolement social et dépression). Le Dr J. Schwann (université de Stanford, USA) a mis en lumière l’ importance d’ accorder chez les personnes âgées douloureuses une attention particulière aux considérations propres au vieillissement, notamment les altérations du métabolisme des médicaments et l’ évitement de la polypharmacie (6).

Il est donc logique de conclure que seule une approche thérapeutique multidisciplinaire incluant des thérapeutiques non invasives et non iatrogènes, permet de répondre à la complexité de la douleur chronique ainsi qu’ à la spécificité gériatrique. Ce que démontre M. Besson dans un article présentant trois applications de ce concept en Suisse, à travers l’ action du réseau douleur des hôpitaux universitaires de Genève (HUG) qui met l’ accent sur la synergie entre diverses professions et entre les services pour améliorer la prise en compte de la douleur au sein de l’ institution (7).

La médecine intégrative, par la diversité et la complémentarité des thérapies qu’ elle regroupe, répond à cette demande grâce à l’ adjonction des INM aux soins conventionnels (traitements chimiques, chirurgicaux et psychologiques). Elle réadapte au monde actuel le concept de la médecine hippocratique, en intégrant toutes les dimensions de la vie: l’ environnement, le corps physique, la psyché, le mental et le spirituel, comme résumé dans le modèle d’ antalgie intégrative présenté par N. Zurron et C. Berna (8) (Fig. 3). La Plateforme universitaire CEPS (Montpellier, France) répartit les INM en 5 catégories (Fig. 4) et propose un modèle d’ évaluation scientifique adaptée aux INM qui peuvent alors faire l’ objet d’ études d’ efficacité et de leur impact sur des indicateurs de santé, de qualité de vie, comportementaux et socio-économiques (9). Les INM les plus citées en antalgie intégrative comprennent la médecine traditionnelle chinoise; les activités physiques telles que le yoga, la QI Gong et le Taï Chi, le Pilates; les thérapies nutritionnelles (jeûnes, compléments alimentaires); les thérapies manuelles (ostéopathie, massages, etc); les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), l’ hypnose et la méditation, des programmes d’ éducation thérapeutique, des médications naturelles (homéopathie, phytothérapie, aromathérapie, etc).

Les patients revendiquent aussi de plus en plus l’ accès à ces pratiques dans leur parcours de soins conventionnels. Plus de 100 millions d’ européens en utilisent. En France, 68 % des Français sont convaincus des bienfaits des MAC jugées plus naturelles (90 %) et moins nocives pour l’ organisme (88 %), contre 56 % des médecins (deux tiers des professionnels de santé disent n’ avoir jamais suivi de formation sur les MAC) (10).

De plus en plus d’ études cliniques valident l’ effet thérapeutique et l’ innocuité de thérapies jusqu’ alors reléguées au rang «d’ ésotériques». Ces INM sont de plus en plus recommandées par les autorités de santé nationales et supranationales, prescrites par les médecins, intégrées dans les parcours de soins et remboursées par des assurances et des mutuelles.

Pour une vision globale un changement de ­paradigme est nécessaire

Malgré ce développement croissant, il est nécessaire d’ étoffer les propositions thérapeutiques antalgiques en s’ ouvrant à d’ autres médecines reposant sur un paradigme autre que la physique matérialiste. Nombreuses d’ entre elles sont en cours d’ évaluation clinique suivant par un processus d’ observation et d’ expérimentation avant toute application et intégration, comme les thérapies fréquentielles instrumentales. Nous pouvons en citer quelques exemples.

En rhumatologie, la photobiomodulation (PBM) (thérapie par laser basse intensité et champ électromagnétique pulsé) révèle ses effets bénéfiques sur les douleurs articulaires du genou (11). Au CH de Valenciennes (France), le Dr Antoine Lemaire a validé son intérêt dans la prise en charge des douleurs polymorphes chez le cancéreux, où elle agit directement sur les mécanismes responsables de la douleur, sans effet secondaire et sans interaction avec les autres traitements (12). Les traitements par champs magnétiques pulsés (PMF) suscitent un intérêt croissant en tant qu’ approche thérapeutique pour plusieurs maladies neuronales. Les résultats rapportés représentent un choix thérapeutique alternatif prometteur pour la gestion de la douleur neuropathique, grâce à ses actions anti-hyperglycémique, anti-inflammatoire, anti-hyperalgésique, anti-allodynique et neuro-immunomodulatrice (13).

En soins palliatifs, il est reconnu que la spiritualité permet aux patients d’ atteindre une plus grande conscience de soi et de répondre à leurs besoins spirituels sans les connotations religieuses, dont le soulagement de la douleur (physique et spirituelle) et d’ autres symptômes (14) (15). Il existe de plus en plus de preuves en faveur de l’ inclusion des facteurs spirituels en tant que composante importante de l’ évaluation et du traitement de la douleur (16). Dans l’ étude réalisée par L. Balducci, la perspective spirituelle a été associée, entre autres, à une meilleure tolérance au stress physique et émotionnel, et a contribué à la détection et à la gestion de la douleur spirituelle. La spiritualité a également amélioré la qualité de vie et réduit le risque de maladie et de décès pour l’ aidant du patient. (17).

D’ autres pistes à explorer? Les sciences physiques au service de la médecine

Afin de pouvoir offrir d’ autres perspectives aux patients douloureux chroniques, peut-être faut-il chercher des pistes du côté de la physique ondulatoire? L’ évolution des sciences physiques depuis l’ énonciation de la théorie relativiste (Albert Einstein) ouvre une approche scientifique des thérapies énergétiques et des expériences spirituelles. Selon les récentes découvertes en physique du rayonnement appliquée à la biologie, l’ être humain est considéré comme un champ électromagnétique complexe, un système organisé de connections fréquentielles et d’ organes qui interagissent entre eux par l’ intermédiaire d’ émissions biophotoniques (18).

C’ est le Pr Fritz Albert Popp†, biophysicien allemand de l’ université de Marburg, fondateur de «l’ Institut International de Biophysique» (IIB) à Neuss (Allemagne), qui démontra l’ existence des biophotons qui sont des photons de lumière dans la gamme des ultraviolets et de la faible lumière visible qui sont générés (et émis) par un système biologique (19). Une coopération franco-suisse (Université Paris 6ème et Institut Tropicale Suisse de Bâle) réalisa en 2009 une étude qui suggéra leur implication dans une communication cellulaire différente d’ un système basé sur les molécules et les récepteurs (20). Le Pr Popp a démontré que l’ ADN des cellules vivantes stocke et libère des photons créant des «émissions biophotoniques» qui pourraient être la solution à la maladie et à la santé (21). De fait, l’ émission de biophotons (EBP) fait référence au phénomène d’ émission constante et spontanée de lumière de tous les systèmes biologiques, y compris les humains, en raison d’ activités métabolique, sans excitation ni amélioration (22) (23).

L’ effet des thérapies électromagnétiques instrumentales et autres pourrait s’ expliquer par ce modèle de communication photonique de tout organisme vivant (cellule, tissu, organe, humain). En 2013 une revue de la littérature effectuée par le laboratoire de recherche biomédicale de l’ Université de Zurich conclut que la recherche sur les principes de la communication intercellulaire non chimique et sans contact a le potentiel d’ offrir de nouvelles perspectives fondamentales sur les processus biologiques, et donc sur les traitements (24).

Conclusion

Dans la pratique multidisciplinaire du traitement de la douleur chronique, l’ ensemble des protagonistes doit avoir connaissance des pratiques de chacun. Cette information – formation de base permet la compréhension et l’ acceptation d’ une thérapie qui nous est étrangère. Le constat de la carence en dimensions humaines autres que matérialiste dans la prise en charge de la douleur et du soin conventionnel en général sera palliée en considérant les structures électromagnétique et spirituelle de l’ être tout aussi importantes que le corps physique, autant dans la formation que dans la pratique professionnelle. Parallèlement au développement technologique des thérapeutiques analgésiques instrumentales et médicamenteuses, cette ouverture est un préalable indispensable à l’ évolution thérapeutique de la prise en charge des patients douloureux chroniques, plus particulièrement pour celles et ceux qui sont à l’ automne de leur vie.

A ce jour, la recherche clinique sur les possibilités thérapeutiques qu’ ouvre la dimension électromagnétique de l’ être humain est très peu documentée. De ce fait, il est normal que les institutions médicales restent prudentes quant à leur utilisation. Des études expérimentales en laboratoire, d’ imagerie des échanges biophotoniques et bien entendu des évaluations cliniques, sont plus que nécessaires pour mieux cerner les indications d’ utilisation de ces thérapies en antalgie intégrative.

Qu’ elle se fasse par la voie scientifique de la physique du vide et/ou par la voie philosophique de la spiritualité, cette ouverture transformera l’ approche du syndrome douloureux qui pourra peut-être devenir le guide menant soignants et patients vers une libération du corps et une reconnexion de l’ âme.

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Dr Olivier Abossolo

Médecin Anesthésiste Réanimateur
Département Douleur,
Psychosomatique, Maladie Fonctionnelle
PHU Cliniques Médicales,
Hôpital St Éloi, CHU Montpellier
80 avenue Augustin Fliche
34295 Montpellier Cedex 5
France

L’ auteur a déclaré aucun intérêt avec un organisme privé industriel ou commercial en relation avec le sujet traité.

  • La Médecine Intégrative consiste en l’ association des Interventions Non Médicamenteuses (INM) aux soins conventionnels. Elle est de plus en plus appliquée dans le traitement de la douleur chronique. Son évolution à court terme pourrait passer par l’ ouverture aux thérapies énergétiques et spirituelles pour gagner en efficience.

1. Organisation Mondiale de la Santé. 2000. «Médecine traditionnelle: définition». In «Principes méthodologiques généraux pour la recherche et l’ évaluation de la médecine traditionnelle».
2. McEwen, Laurel. «La médecine intégrative aux États-Unis et en France», Hegel, vol. 1, no. 1, 2020, pp. 52-57.
3. J. Lefort. Traitements naturels de la douleur. Les méthodes analgésiques naturelles et orthobiologiques pour vaincre la douleur physique sans dépendance ni toxicité. Editions Dangles. 1984.
4. Haute Autorité de Santé (HAS). Douleur chronique: reconnaître le syndrome douloureux chronique, l’ évaluer et orienter le patient. Consensus formalisé. 2008
5. https://www.prevention-sante.eu/actus/medecine-integrative-medecine-futur
6. Schwan J, Sclafani J, Tawfik VL. Chronic Pain Management in the Elderly. Anesthesiol Clin. 2019 Sep;37(3):547-560. doi: 10.1016/j.anclin.2019.04.012. Epub 2019 Jun 18. PMID: 31337484; PMCID: PMC6658091.
7. Besson, M., Rentsch, D., Luthy, C. et al. La multidisciplinarité, une réponse à la complexité. Exemples d’ application en Suisse. Douleur analg 25, 200–205 (2012). https://doi.org/10.1007/s11724-012-0310-z
8. N. Zurrron, C. Berna. Rev Med Suisse 2019; 15: 1259-65.
9. Ninot, Grégory. «Intervention non-médicamenteuse INM: un concept pour lever les ambiguïtés sur les médecines douces et complémentaires», Hegel, vol. 1, no. 1, 2018, pp. 2-3.
10. Sondage réalisé pour Orange, Nehs (actionnaire du «Quotidien»), Asip Santé, Sciences Po, le Figaro santé et France Inter, auprès d’ un échantillon de 290 médecins (76 généralistes, 166 spécialistes et 48 internes) interrogés par Internet du 26 décembre 2018 au 20 janvier 2019, et d’ un échantillon de 995 Français représentatif de la population française, interrogés par Internet les 19 et 20 décembre 2018.
11. E. Leal Junior, D. Scott Johnson. Adjunctive use of combination of super-pulsed laserand light-emitting diodes phototherapy on nonspecific knee pain: double-blinded randomized placebo-controlled trial. Lasers Med Sci (2014) 29:1839–1847 DOI 10.1007/s10103-014-1592-6
12. Lemaire, Antoine. (2023). Photobiomodulation: intérêt et perspectives dans la douleur multimorphe du cancer. 10.13140/RG.2.2.33862.86082.
13. Mert T. Pulsed magnetic field treatment as antineuropathic pain therapy. Rev Neurosci. 2017 Oct 26;28(7):751-758. doi: 10.1515/revneuro-2017-0003. PMID: 28599399.
14. Steinhorn DM, Din J, Johnson A. Healing, spirituality and integrative medicine. Ann Palliat Med. 2017 Jul;6(3):237-247. doi: 10.21037/apm.2017.05.01. Epub 2017 May 22. PMID: 28595441.
15. Evangelista CB, Lopes ME, Costa SF, Batista PS, Batista JB, Oliveira AM. Palliative care and spirituality: an integrative literature review. Rev Bras Enferm. 2016 Jun;69(3):591-601. English, Portuguese. doi: 10.1590/0034-7167.2016690324i. PMID: 27355311.
16. Siddall PJ, Lovell M, MacLeod R. Spirituality: what is its role in pain medicine? Pain Med. 2015 Jan;16(1):51-60. doi: 10.1111/pme.12511. Epub 2014 Aug 26. PMID: 25159525.
17. Balducci L. Geriatric Oncology, Spirituality, and Palliative Care. J Pain Symptom Manage. 2019 Jan;57(1):171-175. doi: 10.1016/j.jpainsymman.2018.05.009. Epub 2018 Jun 19. PMID: 29772281.
18. Brizhik, Larissa & Del Giudice, Ennio & Popp, F.-A & Maric-Oehler, W & Schlebusch, K.-P. (2009). On the Dynamics of Self-Organization in Living Organisms. Electromagnetic biology and medicine. 28. 28-40. 10.1080/15368370802708272.
19. Popp, Fritz-Albert. (2003). Properties of biophotons and their theoretical implications. Indian journal of experimental biology. 41. 391-402.
20. Fels D. Cellular communication through light. PLoS One. 2009;4(4):e5086. doi: 10.1371/journal.pone.0005086. Epub 2009 Apr 1. Erratum in: PLoS One. 2009;4(7). doi: 10.1371/annotation/8d99ccc5-cc76-44f4-b468-d63e42e0b9e1. PMID: 19340303; PMCID: PMC2660427.
21. Popp, FA & Nagl, W & Li, K & Scholz, W & Weingärtner, Otto & Wolf, R. (1984). Biophoton emission – New evidence for coherence and DNA as source. Cell biophysics. 6. 33-52. 10.1007/BF02788579.
22. Popp, FA & Zhang, JZ. (2000). Mechanism of interaction between electromagnetic fields and living organisms. Science in China Series C Life Sciences. 43. 507-518.
23. Popp, Fritz-Albert. (1986). On the Coherence of Ultraweak Photonemission from Living Tissues. Disequilibrium and Self-Organization. 207-230. 10.1007/978-94-009-4718-4_16.
24. Scholkmann F, Fels D, Cifra M. Non-chemical and non-contact cell-to-cell communication: a short review. Am J Transl Res. 2013 Sep 25;5(6):586-93. PMID: 24093056; PMCID: PMC3786266.

Des animaux en EMS ?

Les soins aux résidents en EMS souffrant de démence sont complexes et doivent prendre en compte les besoins médicaux, cognitifs, émotionnels, psychologiques et sociaux de chaque individu. L’utilisation d’animaux dans le cadre de soins aux personnes âgées atteintes de démence suscite un intérêt croissant, avec des approches variées telles que l’activité assistée par animal et la thérapie assistée par animal. Bien que certaines études aient suggéré des effets positifs sur le bien-être des résidents, il reste des limites méthodologiques à la démonstration de l’efficacité de ces techniques. Les avantages de la présence d’un animal en EMS doivent être équilibrés avec les risques pour les résidents et le personnel. Il est essentiel d’établir des règles institutionnelles pour assurer le bien-être de tous les animaux et personnes impliqués.

The care of residents in medical-social establishments suffering from dementia is complex and must take into account the medical, cognitive, emotional, psychological and social needs of each individual. There is growing interest in the use of animals in the care of older people with dementia, with varied approaches such as animal-assisted activity and animal-assisted therapy. Although some studies have suggested positive effects on the well-being of residents, there remain methodological limitations to demonstrating the effectiveness of these techniques. The potential benefits of having an animal in an EMS must be balanced against the risks to residents and staff, such as allergies or bites. It is essential to establish regulations to ensure the well-being of everyone involved.
Keywords: dementia, animal-assisted therapy, psyhchology, medical-social establishments

Ces dernières années, les médias ont régulièrement rapportés des pratiques de soins médiés par des animaux en établissement médicaux sociaux (EMS). Cette pratique est l’occasion d’interroger ce qui fait soins auprès des sujets souffrant de démence vivant en institution, quels sont nos relations avec les animaux, et ce que veut dire vivre et travailler en EMS.

Les soins auprès des résidant.e.s en EMS souffrant.e.s de démences sont particulièrement complexes. Ils reposent sur des principes de respect de la dignité, de respect de l’autonomie, de franchise et de respect. Ils doivent considérer la personne dans son ensemble et répondre à ses besoins médicaux, cognitifs, émotionnels, psychologiques et sociaux. Ils ont pour objet de préserver la qualité de vie et le bien être du patient souffrant de démence reconnu comme une personne. Ainsi, les soins vont être différents et uniques pour chaque personne, et auprès de chaque personne ils vont se modifier à travers le temps (1).

Les axes de soins sont multiples et combinés. Ils englobent les traitements psychosociaux (visant par exemple l’optimisation de la communication, et l’adaptation de l’environnement), l’accompagnement social, la gestion des risques, les interventions cognitives (approches visant à maintenir ou à améliorer la cognition par le biais d’activités stimulantes sur le plan mental), l’accompagnement des proches aidants, la prise en charge des maladies intercurrentes, de la douleur, la prise en charge des symptômes psycho comportementaux de la démence, les soins palliatifs … (2, 3).
Se développe ces dernières années un intérêt concernant le soin par le contact animalier auprès de sujets souffrant de démence vivant en institution. La co existence d’animaux et d’humain dans les institutions n’est pas nouvelle. On pourrait distinguer plusieurs modalités différentes de ces liens : animal privé en visite, animal privé séjournant avec le résidant, animal conduit en visite par une association, animal appartenant à la résidence (4).

Dans un certain cadre, les animaux peuvent participer, médier, contribuer à une activité avec un objectif de produire un bénéfice pour un sujet dément. Ces approches sont particulièrement hétérogènes et s’appuient sur des constructions différentes, selon l’espèce animal employé, le cadre pensé pour la technique, le rapport entre humain et animal, la formation du soignant, la conception de ce qui fait soin… Il est classique cependant de répartir ces approches en activité assistée par animal et thérapie assistée par animal. La première a pour objet d’améliorer la qualité de vie, à travers des activités/animations avec un animal, et la seconde conçoit l’animal comme un auxiliaire de thérapie conventionnelle avec un objectif de soin planifié, où l’animal est en lien avec un.e thérapeute qualifié.e et une personne démente. Les méthodes d’action de la thérapie assistée par l’animal sont diverses et comprennent : la stimulation multisensorielle, le contact physique, le jeu… Cette thérapie peut être développée en groupe ou en individuel. Les animaux les plus employés dans ce cadre sont les chiens et les chevaux.

Des recherches ont eu pour objet d’évaluer l’efficacité le soin par contact animalier (principalement des chiens) auprès des personnes démentes. Dans le cadre de recherche avec des méthodologies quantitatives, il a été mis en avant un effet positif de l’interaction avec un animal sur les variables mesurant le sentiment de solitude, de l’anxiété et de la dépression. Ces recherches recouvrent cependant des cadres de soins très différents. Les biais méthodologiques de ces études et la limitation du nombre des études rendent aujourd’hui impossible d’avoir des conclusions avec un niveau de preuve élevé sur l’efficacité des techniques de soins avec des animaux auprès de sujet âgé. Ce point est cependant à pondérer, effectivement il s’agit d’un domaine de recherche en expansion et la limitation à prouver l’efficacité, n’équivaut pas à une conclusion d’un manque d’efficacité. Par ailleurs, les méthodologies quantitatives afin de démontrer l’efficacité d’une technique de soin, font face à un obstacle important, qui est la grande variance du rapport entre un animal et un individu.

D’autres recherches avec des méthodologies qualitatives, rapportent que la présence d’un animal peut avoir un impact significatif sur la santé et le bien-être de certains résidents de maisons de retraite. Certains résidents rapportent trouver dans les interactions avec un animal plaisir et réconfort. Ce lien, semble également pour certains un moyen de maintenir une identité (en vivant avec leur animal de compagnie et prenant soin d’un animal, en vivant des expériences sensorielles et corporelles avec les animaux…), et de pouvoir investir la maison de retraite comme un « chez soi » (5, 6).

Les bénéfices de soins de la présence d’un animal en EMS pour certains sujets déments doivent être mis en regard des risques potentiels de la présence d’un animal auprès de sujets vulnérables. Dans ce cadre sont usuellement évoqués les risques de morsures, d’allergies, de transmissions infectieuses, mais également d’angoisses pour certains résidents ou soignants. Dans ce cadre, où l’institution doit mettre en place un cadre de protection pour ses résidents et ses employés, il est utile de rappeler que l’animal (quel que soit le cadre de sa présence dans le cadre institutionnel, vivant en institution, ou conduit en visite de l’extérieur) doit également être protégé de toutes maltraitances, bénéficier d’un suivi vétérinaire et d’un cadre d’assurance de responsabilité civile.

Accueillir un animal en EMS, c’est évidemment accueillir plus de vie, plus d’interactions, ouvrir chacun à de nouvelles rencontres. L’animal est d’ailleurs accueilli comme un individu avec son caractère, et n’est jamais réduit à un représentant de son espèce. Il doit faire l’objet de bienveillance et de soins de toute un chacun, et c’est finalement la rencontre de deux individus avec leurs histoires et non d’un patient dément et d’un animal qui se produit en institution. Certaines dimensions en lien avec la présence d’un animal en institution nécessitent des explorations complémentaires, comme celle de l’impact de celle-ci sur l’institution et les soignants, mais aussi sur l’animal.

Les modalités de penser la présence d’un animal en EMS sont multiples, et doivent faire l’objet de discussions préalables entre résidents, familles, personnels, directions, personnes formées dans le cadre des soins avec médiations animal. La présence d’un animal doit être en amont de son accueil faire l’objet de réglementations qui assurent à chacun résidents, personnel, mais aussi animal toutes les mesures d’un cadre d’intervention respectueux de chacun. Ces discussions préalables entre toutes les parties sont l’occasion de réaffirmer la co-construction du projet institutionnel.

Copyright Aerzteverlag medinfo AG

Dr Jean-Pierre Schuster

Service universitaire de psychiatrie de l’âge avancé
Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV)
Route de Cery 60
1008 Prilly

jean-pierre.schuster@chuv.ch

Dre Beatriz Pozuelo Moyano

Service universitaire de psychiatrie de l’âge avancé
Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV)
Route de Cery 60
1008 Prilly

Les auteurs n’ont pas déclaré de conflit d’intérêts en rapport avec cet article.

1. Académie Suisse des Sciences Médicales. Prise en charge et traitement des personnes atteintes de démence. 2017. Directives médico-éthiques.
2. Livingston G, Sommerlad A, Orgeta V, Costafreda SG, Huntley J, Ames D, Ballard C, Banerjee S, Burns A, Cohen-Mansfield J, Cooper C, Fox N, Gitlin LN, Howard R, Kales HC, Larson EB, Ritchie K, Rockwood K, Sampson EL, Samus Q, Schneider LS, Selbæk G, Teri L, Mukadam N. Dementia prevention, intervention, and care. Lancet. 2017 Dec 16;390(10113):2673-2734.
3. Schweizerische Gesellschaft für Alterspsychiatrie und Psychotherapie (SGAP). Empfehlungen zur Diagnostik und Therapie der Behavioralen und Psychologischen Symptome der Demenz (BPSD). 2014.
4. Michalon J. Panser avec les animaux. Sociologie du soin par le contact animalier. 2014. Paris : Presse de l’Ecole des Mines.
5. Batubara SO, Tonapa SI, Saragih ID, Mulyadi M, Lee BO. Effects of animal-assisted interventions for people with dementia: A systematic review and meta-analysis. Geriatr Nurs. 2022 Jan-Feb;43:26-37.
6. Orr N, Abbott R, Bethel A, Paviour S, Whear R, Garside R, Coon JT. What are the effects of animals on the health and wellbeing of residents in care homes? A systematic review of the qualitative and quantitative evidence. BMC Geriatr. 2023 Mar 25;23(1):170.

Un regard Balint sur des troubles anxieux

Recevoir un patient avec des troubles anxieux est une situation courante pour les médecins généralistes, et la gestion de l’anxiété ne nécessite pas toujours une consultation spécialisée. L’anxiété en elle-même signale un déséquilibre souvent de manière non spécifique, donc son accueil dans la consultation est crucial. Il est important pour le médecin de reconnaître et d’interpréter les signaux d’alarme de l’anxiété, plutôt que de simplement la traiter avec des médicaments anxiolytiques. Une approche d’écoute active, relayée par celle d’un groupe Balint, peut aider à comprendre et à répondre aux besoins du patient anxieux. L’anxiété, souvent liée à la peur de la mort, peut influencer la relation médecin-patient et nécessite une approche empathique et réfléchie pour être gérée efficacement.

Receiving a patient with anxiety disorders is a common situation for GPs, and managing anxiety does not always require a specialist consultation. Anxiety in itself often signals an imbalance in a non-specific way, so its reception in the consultation is crucial. It is important for the doctor to recognise and interpret the warning signs of anxiety, rather than simply treating it with anxiolytic drugs. An active listening approach, supported by that of a Balint group, can help to understand and respond to the needs of the anxious patient. Anxiety, often linked to the fear of death, can influence the doctor-patient relationship and requires an empathetic and thoughtful approach if it is to be managed effectively.

Keywords: doctor-patient relationship, anxiety disorders, anxiolytic drugs, Balint group

Recevoir un patient avec des troubles anxieux relève du quotidien du médecin généraliste, et cette pratique de l’anxiété ne demande pas de consultation spécialisée. Nous allons discuter de son accueil dans le cabinet du praticien et de l’intérêt d’un regard Balint sur cet accueil et sur les interactions médecin-malade, médecin-soignant-malade.

Accueil de l’anxiété dans la consultation

L’anxiété est un signe vague, peu spécifique, analogue à la douleur et dans ce sens, elle signale un déséquilibre sans plus de précision. Sigmund Freud décrit déjà en 1895 la multiplicité des symptômes somatiques de l’angoisse, des vertiges à la pollakiurie, des spasmes intestinaux aux maux de tête (1). C’est un signal d’alarme dit Freud, au médecin et au soignant de l’entendre et de le lire pour y voir clair.

Le médecin peut en quelques questions en savoir plus. Comme la douleur, l’anxiété peut se palper pour révéler son origine. Une question sur un deuil récent, sur l’annonce d’une maladie somatique et le médecin perçoit l’anxiété augmenter, le débit verbal s’accélérer, et les anticipations négatives arriver. Si le médecin palpe juste, il va en effet voir l’anxiété varier et pourra donc l’utiliser directement dans sa consultation. Évitons donc de l’éteindre rapidement avec un anxiolytique, car on n’y verra plus rien. Nous pouvons ici nous fier à Michael Balint qui propose dans « Comment débuter » (2) une écoute active du médecin, ouverte dans un entretien qui ne s’enferme pas dans une seule collecte anamnestique. Étonnamment simple, une pratique de l’écoute offre aussi un temps de réflexion utile pour formuler la réponse « rassurante » demandée par l’anxiété. Cette réponse vise à définir les enjeux soignants à venir et d’habitude en nommant un diagnostic, elle constitue la première action psychosomatique soignante. En effet, décrire mais surtout nommer la maladie dont souffre le patient donne une prise cognitive rassurante: connaitre le «mal» relève des mêmes mécanismes qui font le bienfait des contes qui rassurent les angoisses infantiles. Le flou symptomatique est circonscrit, ainsi désigné il fait moins peur.

Lors de la consultation, l’anxiété accompagne chaque maladie et chaque symptôme, elle est l’affect qui est forcément présent, parfois de manière cachée, refoulée, transformée par les mécanismes de défense. Cette anxiété primaire, c’est l’angoisse de mort. Avec l’angoisse issue de la libido, ce sont nos deux angoisses primaires vie-mort. L’ angoisse de mort court avec la maladie, anticipe notre fin, elle est plus ou moins contenue, elle peut aussi déborder les mécanismes de défense et déferler comme une vague, une digue est rompue.

Argan, le malade imaginaire de Molière est immergé dans l’angoisse de mort. Dans sa relation avec les médecins, il est crédule, méfiant et avide, tout en même temps, comme ceux qui savent que la mort vainc la médecine. Le médecin doit répondre à l’angoisse de mort sous-jacente, sinon les traitements s’enchainent comme chez Molière. La phase d’écoute active permet d’accueillir l’angoisse de mort qui doit être contenue comme une hémorragie par la relation soignante. Parfois, l’anxiété déborde la relation et déstabilise le système soignant. Elle ne trouve plus ni son objet ni son pourquoi. Et surtout, elle ne trouve pas ou plus une partie du corps qui la contient comme dans le trouble psychosomatique.

L’anxiété débordante

Mon patient a 88 ans. Il me dit souffrir, depuis qu’il est jeune adulte, de troubles digestifs et de céphalées d’allure tensionnelles. Il me parle de ses nuits qui sont très courtes, entrecoupées par de rares plages de sommeil s’il ne prend pas de benzodiazépines. Il en a pris jusqu’à 5 cp de Temesta par nuit. Il souffre d’une polyarthrose, ses douleurs limitent sa mobilité. Il se déplace en rollator et en chaise roulante. Il ne peut faire que quelques pas et les transferts. Il a pris beaucoup de poids et sa dyspnée s’est donc exacerbée. Il reconnaît que ses problèmes de santé, ces dernières années, ont augmenté son anxiété. Des évènements contextuels ont aggravé sa situation. Son épouse est décédée récemment. Sa fille aînée a souffert d’un burn-out; raison pour laquelle elle habite chez son père depuis un an. L’ensemble de ces facteurs de stress ont dépassé les capacités d’adaptation du patient qui a présenté des attaques de panique quasi-quotidiennes. Elles se manifestent par une dyspnée aiguë et une sensation de mort imminente ou de devenir fou. Mes consultations à domicile sont soutenues par ergothérapeute, aide à domicile, physiothérapeute, diététicienne, psychiatre mais le trouble anxieux persiste.

L’approche Balint

Issus des travaux de Michael Balint, les groupes Balint (3) sont organisés pour échanger sur des situations soignant-soigné, animés par un superviseur, habituellement un psychiatre/psychanalyste. On y présente 1 ou 2 cas sans notes ni dossier et une question est posée au groupe par le présentateur. Les échanges se concentrent sur la relation thérapeutique elle-même: son début et éventuel héritage de relation soignante passée, l’évolution, la situation actuelle. La richesse des associations et des questions des pairs ouvre le champ. Le superviseur veille à ce que le groupe reste sur la thématique relationnelle sans se perdre dans l’analyse du patient ou du médecin. Si la potentialité positive placebo de la relation est bien connue, le pouvoir nocebo d’une relation soignant/soigné est à notre sens insuffisamment mise en avant. Nous assistons pourtant souvent à des symétries poussant d’un côté à l’augmentation des symptômes et de l’autre à une accumulation d’examens.

En effet, l’anxiété se propage comme le feu qui prend possession du patient puis des proches et des soignants. Le médecin est désigné comme l’un des acteurs qui doit éteindre le feu. Il s’arme des défenses qu’il connait, il nomme, distingue, classifie et souvent propose une médication. Mais, s’il est contaminé par l’angoisse, il peut se sentir obligé de prescrire des traitements inappropriés parfois iatrogènes. Appliquée aux troubles anxieux, la méthode Balint produit du nouveau dans la prise en charge. Le médecin pris dans le brouillard anxieux reçoit des avis, des conseils et des validations de son travail et de ses attitudes. Exposer la relation amène une clarification des rôles et de la dynamique que l’anxiété avait brouillé entre les acteurs de la situation. Dans son chapitre dédié (4), Balint parle des rapports de spécialistes, y compris ceux des psychiatres, qui tendent à dessaisir le médecin omnipraticien de la dimension existentielle de la demande du patient, à savoir gérer l’angoisse de mort. Il peut s’ensuivre une multiplication de réponses «physiques» qui en fait laissent libre cours à la propagation anxieuse parfois même en l’amplifiant.

Un regard Balint

En soumettant l’exemple décrit précédemment à un regard Balint, on voit apparaitre de nouveaux choix d’intervention:
• Rencontrer le corps dans la relation, tenir une main, le toucher pour apaiser l’anxiété, réexaminer son patient.
• Trouver une manière de finir les consultations qui inclut l’anxiété soulevée par la séparation: savoir prévoir le vide et penser dès le début au message de la fin: vous serez peut-être plus angoissé quand je partirai, voici ce que je vous propose de faire (écrire qq mots, dessiner, tél à qqn, …)
• Être avec, marcher avec: être disponible pour que le moment de la consultation soit agréable, pouvoir se réjouir de voir le patient angoissé car je vais l’aider par ma présence.
• Organiser, structurer la journée, les rendez-vous, moments de rencontre. Pour chaque moment de la journée, trouver une réponse aux questions angoissées du patient. Que va-t-il se passer? Où vais-je me retrouver?
• Faire un réseau pour soutenir le tissu relationnel soignant et contenir l’angoisse diffuse. Ce tissu entre thérapeutes et famille forme comme un filet de sécurité qui a été désorganisé par l’angoisse.
Ces propositions visent à reprendre la main sur l’angoisse de mort circulante dans la situation. Parler de l’angoisse de mort, trouver un bon lieu (cela peut être une promenade avec le patient) et le bon moment pour l’aborder est essentiel. Alors, nous nous sommes déplacés de la position de guérir le symptôme à tout prix à la gestion commune de l’angoisse.

Actions psychosomatiques soignantes

S’il existe des maladies psychosomatiques, il existe aussi des actions psychosomatiques soignantes qui fonctionnent comme des moments psychothérapeutiques. La première d’entre elles consiste en nommant l’émotion, ici l’angoisse, et la légitimer. Il faut trouver les mots pour expliquer la force de cette émotion partagée et ces mots diffèrent pour chaque relation soignante. On peut parler de feu, d’inondation ou de tempête de l’angoisse, en tous les cas nommer ce qui emporte la relation et ses acteurs sans qu’ils puissent y échapper.

Dans la vignette, l’action psychosomatique sera d’arrêter la propagation du feu anxieux pour éviter le risque de la spirale iatrogénique. Pour réinstaller un cadre de traitement, on s’appuie sur le contexte soignant tout entier en organisant la temporalité des soins et le message délivré par les soignants. Dans la relation, on peut utiliser des médiations différentes de la parole comme le dessin (dessiner l’angoisse dans le corps), parfois une musique partagée ou un jeu. L’être avec peut devenir marcher avec, et le médecin choisit sa technique de relaxation (hypnose, méditation).

Beaucoup de médecins sont encore trop inhibés devant l’utilisation de ces actions soignantes et empêchent eux-mêmes leur créativité alors qu’elle est nécessaire devant le risque de chronicisation et de fatigue compassionnelle. Les groupes Balint et la supervision individuelle Balint (5) ainsi que les formations continues (SoPSOc) sont là pour lutter contre les résistances à cette approche.

Conclusion

L’incipit de la citation de Molière reflète sa position naturaliste, l’homme doit accepter son impuissance devant la maladie et la mort. On peut l’entendre aussi comme un message de fraternité Balintien. Ce qui compte c’est l’autre le frère, la personne du médecin et non ce qu’il prescrit; comme le dit Balint le médecin doit se prescrire lui-même. L’anxiété est une hémorragie, et une défaite pour le Moi dont le rôle est de réguler les stimuli et les instances, il n’en peut plus et donc se manifeste par l’anxiété. La nommer, la faire parler, par exemple des crocodiles sous le lit, cette mise en mot rassure. Comment l’accueillir sans agir, lui donner sa place et suivre son cours et éventuellement remonter à la source et la transformer en discours sur la séparation, l’impuissance, le deuil, la peur de la mort, le désir. L’anxiété se met alors à parler au travers de la relation au médecin, et la peur trouve son objet.

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Dr Matthias Vannotti

Médecin interne Générale FMH
rue Verdaine 8/a
1095 Lutry

mvannotti@hotmail.com

Dr Dag Söderström

FMH psychiatrie et psychothérapie, psychanalyste SSPsa
Av de la Gare 16
1800 Vevey

dsoderstrom@bluewin.ch

Les auteurs n’ont pas déclaré de conflit d’intérêts en rapport avec cet article.

1. Freud S. Qu’il est justifié de séparer de la neurasthénie un certain complexe symptomatique sous le nom de « névrose d’angoisse », Névrose psychose et perversion, Parid, PUF, 1973, pp15–38
2. Balint M, comment débuter, in Le médecin, son malade et la maladie, 1966 Payot, pp128–146
3. Voir Balint.ch
4. Balint M, La survivance de la relation maître-élève, in Le médecin, son malade et la maladie 1966, Payot, pp103–117
5. Herzig L, Söderström D: Supervision individuelle: une aide face aux patients difficiles. Primary care 2013;13:5, 86–87

Troubles du sommeil et dépression – particularités chez les personnes âgées

Les dépressions sont, avec les maladies démentielles et les maladies anxieuses, les maladies psychiatriques de la vieillesse les plus fréquentes; les troubles du sommeil sont également un symptôme fréquent chez les personnes âgées. Chez les personnes âgées, les dépressions peuvent se manifester par des symptômes atypiques, de sorte que les dépressions liées à l’ âge ne sont pas reconnues immédiatement. Souvent, des troubles physiques, des douleurs, un malaise général et des troubles cognitifs sont au premier plan et non les symptômes habituels de la dépression. En particulier, il est généralement difficile , chez les ainés, de distinguer une dépression d’ une symptomatologie dépressive dans le cadre d’ une démence débutante en raison des troubles cognitifs. Les troubles du sommeil peuvent être un symptôme de la dépression de la personne âgée. Mais d’ autres causes peuvent être à l’ origine de troubles du sommeil chez les personnes âgées, indépendantes d’ une dépression et qui, non diagnostiquées et non traitées, compliquent considérablement le traitement de la dépression.

Depression is the most common psychiatric disorders in old age, alongside dementia and anxiety; sleep disorders are also a common symptom in old age. Depression can manifest in older people through atypical symptoms, which means that old-age depression is not immediately recognized. Physical complaints, pain, general malaise and cognitive disorders are often the main cognitive disorders and not the main symptom of depression. In particular, the differentiation of depression in old age from depressive symptoms in the context of incipient dementia is usually difficult due to the cognitive disorders in old-age depression.
Key Words: Old age, depression, symptoms, cognitive disorders

La dépression chez le sujet âgé

Les causes

Des facteurs somatiques et psychiques/psychosociaux peuvent être impliqués dans l’ apparition d’ une dépression chez les personnes âgées.
En font partie la diminution des capacités physiques et mentales, l’ apparition de maladies physiques avec la peur de perdre son autonomie, le changement de rôle (profession, retraite, famille – départ des enfants) associé à une réorientation personnelle pour la période de la retraite, l’ expérience de pertes, les changements/réductions du réseau social, le départ/décès d’ amis proches et de membres de la famille, mais aussi la perte du réseau social au travail.

Afin de planifier une thérapie spécifique et individuelle efficace, il est tout d’ abord important de reconnaître la dépression dans sa manifestation et son intensité et de saisir en outre les éventuels facteurs impliqués dans son apparition et son maintien (facteurs physiques et psychosociaux).

Diagnostic de la dépression du sujet âgé

Le diagnostic de la dépression du sujet âgé nécessite donc un examen étendu psychopathologique, psychosocial et physique (y compris des examens somatiques et la détermination de paramètres de laboratoire et une imagerie (IRM)). La Société Suisse de Psychiatrie de la personne âgée (SGAP/SPPA) a présenté (1) les recommandations actuelles pour le traitement d’ une dépression à l’ âge avancé. Celles-ci sont également déterminantes pour le diagnostic différentiel d’ une démence débutante. En complément, des échelles de «rating» telles que l’ échelle de dépression gériatrique (GDS) peuvent être utilisées pour déterminer l’ intensité de la dépression.

La clarification et l’ évaluation de la suicidalité, qui est nettement plus élevée aussi bien chez les personnes âgées qu’ en cas de dépression, font partie intégrante du diagnostic. La suicidalité doit être abordée et son intensité évaluée. L’ évaluation et la discussion de la suicidalité nécessitent une certaine expérience clinique. Des échelles d’ évaluation sont à disposition également dans ce domaine (1, 2).

Traitement de la dépression du sujet âgé

Le traitement de la dépression du sujet âgé devrait, tout comme le diagnostic, s’ orienter aux recommandations de traitement de la SGAP/SPPA) (1). En principe, en cas de dépression secondaire survenant dans le cadre d’ une autre maladie de base (p. ex. trouble de la fonction thyroïdienne), il s’ agit d’ abord de traiter la maladie de base; le cas échéant, il faut cependant – même en présence d’ une autre maladie – traiter en parallèle l’ état dépressif ou les symptômes particuliers (p. ex. troubles du sommeil, agitation). En cas de dépression légère, une psychothérapie seule est préférable; en cas de dépression modérée, le traitement peut être soit médicamenteux, soit psychothérapeutique, soit combiné; en cas de dépression grave, il faut toujours associer un traitement antidépresseur médicamenteux et une psychothérapie. A cela s’ ajoutent d’ autres thérapies adjuvantes non médicamenteuses comme la luminothérapie, l’ activité physique et la thérapie sportive ainsi que l’ ergothérapie et la thérapie par l’ art.

Le traitement de la dépression devrait être effectué par un spécialiste en psychiatrie et psychothérapie, surtout chez les personnes âgées, après une tentative de thérapie infructueuse (au plus tard après deux), car une «vision psychosomatique» globale avec l’ application de stratégies psychothérapeutiques spécifiques est généralement nécessaire pour le traitement.

La psychothérapie

La psychothérapie des personnes âgées doit s’ orienter aux contenus et les thèmes décrits comme facteurs de stress pour l’ apparition de dépressions chez les personnes âgées (voir ci-dessus). Un aspect important à relever est qu’ une perspective d’ avenir doit être développée pour les patients âgés, voire parfois très âgés, même si le temps pour cet avenir est beaucoup plus court chez eux que chez les plus jeunes. Un autre aspect important qui devrait être abordé en psychothérapie est celui de «l’ acceptation». Il s’ agit ici d’ accepter la situation actuelle, par exemple la présence d’ une maladie physique (généralement chronique) qui réduit la mobilité et l’ autonomie, ou encore les erreurs déplorées lors de phases antérieures de la vie, qui ne se laissent plus corriger. Ce n’ est qu’ alors que l’ on peut travailler sur les possibilités d’ organiser l’ avenir et d’ améliorer la qualité de vie.

La plupart des résultats positifs sont disponibles pour la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), pour la thérapie interpersonnelle (TIP) et pour la thérapie focale psychodynamique. Pour les méthodes «de troisième vague», soit ACT = Acceptance and Commitment Therapy, MBCT = Mindfulness-Based Cognitive Therapy et CBASP = Cognitive Behavioral Analysis System of Psychotherapy, les données relatives à l’ utilisation chez les personnes âgées sont encore peu nombreuses. Cela ne signifie pas pour autant que ces méthodes thérapeutiques – appliquées au cas par cas – ne sont pas efficaces (1).

Le traitement médicamenteux

Si un traitement médicamenteux est nécessaire, tous les antidépresseurs autorisés sont en principe efficaces. Les antidépresseurs peuvent déjà être utilisés en cas de dépression légère à modérée avec des troubles du sommeil prononcés, en particulier lorsqu’ une psychothérapie n’ est pas possible (par ex. pas de disponibilité, troubles cognitifs prononcés). Le choix des antidépresseurs se fait alors en premier lieu en fonction du profil des effets secondaires et, le cas échéant, des co-morbidités présentes simultanément. La règle de base pour le traitement médicamenteux des personnes âgées est «start low, go slow». Il convient néanmoins de viser et d’ atteindre un dosage suffisant du médicament, qui peut être évalué à l’ aide de contrôles des taux sanguins. Les médicaments ayant des effets secondaires anticholinergiques doivent être évités.

Résistance au traitement

En cas de résistance au traitement, les étapes mentionnées dans les recommandations suisses de traitement de la dépression chez le sujet âgé ou unipolaire (changement, combinaison de médicaments, augmentation, procédés biologiques supplémentaires) devraient être appliquées (1, 3).
Il convient de noter ici que si une augmentation de la dose d’ une substance n’ est pas possible en raison de l’ apparition d’ effets secondaires, une combinaison avec un deuxième antidépresseur à une dose également faible à moyenne peut être utile. pour minimiser des effets secondaires. La prise en charge d’ une dépression du sujet âgé résistante au traitement doit être effectuée par un spécialiste en psychiatrie et psychothérapie. Des troubles du sommeil persistants peuvent être une raison pour l’ absence de réponse à un traitement antidépresseur.

Les troubles du sommeil chez les personnes âgées

Comme nous l’ avons déjà mentionné, les troubles du sommeil peuvent être un symptôme de la dépression. Mais il existe de nombreuses autres raisons qui peuvent être à l’ origine de troubles du sommeil, en particulier chez les personnes âgées.

La régulation du sommeil

Pour comprendre les troubles du sommeil, il est nécessaire de connaître la régulation du sommeil.

Les enregistrements EEG effectués pendant le sommeil nous donnent une indication de l’ activité électrophysiologique pendant la nuit. L’ analyse de ces enregistrements montre une alternance de sommeil non paradoxal et de sommeil paradoxal (cycle de sommeil) avec un sommeil non paradoxal profond en début de nuit et un sommeil non paradoxal léger en fin de nuit (dans les cycles de sommeil ultérieurs). Ces phases de sommeil sont également associées à une libération régulière de différentes hormones, qui présentent chacune un schéma caractéristique (4, 5, cf. fig. 1).

Le modèle à deux processus (6) fournit une explication pour la régulation du sommeil. Le sommeil est lié au rythme clair-obscur de la journée de 24 heures imposé par le soleil et est donc soumis à un rythme circadien. Celui-ci est contrôlé par un pacemaker endogène dans le diencéphale (nucleus suprachiasmaticus) (= processus C – circadian). Parallèlement, indépendamment du rythme lumière/obscurité du soleil, la durée de l’ éveil précédent influence notre sommeil en augmentant la pression de sommeil (processus S – pression de sommeil), (cf. fig. 2). Plus on reste éveillé longtemps, plus le sommeil de la nuit suivante est profond (processus de pression de sommeil S). On attribue au sommeil profond non REM une fonction de récupération ­physique et psychique ainsi qu’ une fonction de stimulation de la mémoire, notamment en raison de la réduction de l’ activité neuronale corticale et de la modification de l’ activité de certaines hormones et du système immunitaire. Le sommeil paradoxal est moins influencé par la variation de la durée d’ éveil précédente, mais plutôt lié au rythme circadien (5).

D’ après les connaissances des dernières décennies, il importe de viser avec le traitement un sommeil sain, naturel, avec des phases suffisantes de sommeil profond et de phases de sommeil non paroxysmale (sommeil REM) stables. De manière physiologique, chez la personne âgée, le sommeil se raccourcit et devient globalement plus léger. De plus, le processus C de la régulation du sommeil (composante circadiane) subit des changements, en particulier avec une montée plus précoce de la cortisole dans la deuxième partie de la nuit (réf 4, 5, 7, cf. aussi fig. 1).

Raisons des troubles du sommeil chez les ­personnes âgées

Outre ces modifications physiologiques qui entraînent un sommeil plus léger avec un rythme circadien affaibli pour la température corporelle centrale, la mélatonine et le cortisol avec une avance de phase (phase advance) d’ environ une heure, on trouve chez les personnes âgées comme conséquence de ces modifications du sommeil liées à l’ âge et de la sécrétion hormonale associée au sommeil (en particulier aussi le cortisol) une sensibilité accrue aux troubles du sommeil dus à des facteurs exogènes (facteurs de stress). Les facteurs de stress qui peuvent influencer le sommeil chez les personnes âgées sont analogues à ceux mentionnés pour la dépression liée à l’ âge (voir ci-dessus). En tant que facteurs de stress spécifiques à l’ âge ils peuvent conduire plus rapidement et plus intensément à une insomnie prononcée en raison du sommeil plus léger des personnes âgées (5).

Les maladies physiques jouent un rôle important dans le développement de l’ insomnie, surtout chez les personnes âgées. Il s’ agit notamment des troubles du sommeil spécifiques du «Restless Legs Syndrome» (syndrome des jambes sans repos) et des troubles respiratoires liés au sommeil (arrêts respiratoires, apnée du sommeil), qui sont tous deux plus fréquents avec l’ âge avançant et qui restent généralement non diagnostiqués pendant longtemps, malgré les troubles du sommeil déjà existants.

Parmi les troubles spécifiques du sommeil, il convient également de mentionner le trouble du comportement du sommeil paradoxal, qui s’ accompagne de mouvements moteurs pendant le sommeil paradoxal, le plus souvent en deuxième partie de nuit, et qui peut être associé à une maladie neurodégénérative du groupe des synnucléinopathies (maladie de Parkinson, démence de corps de Lewy) et qui apparaît plus fréquemment avec l’ âge.

A ces troubles primaires du sommeil s’ ajoutent une multitude de maladies physiques qui peuvent avoir un effet négatif sur le sommeil. Il s’ agit en premier lieu de différents syndromes douloureux, mais aussi de maladies cardiovasculaires, pulmonaires et urogénitales, ainsi que de leur traitement médicamenteux avec des substances qui perturbent parfois le sommeil (p. ex. des préparations à base de théophylline le soir pour traiter l’ asthme) (9). En cas de co-morbidités somatiques (mais aussi psychiques) existantes, une étroite collaboration interdisciplinaire entre les disciplines médicales (médecin du sommeil, interniste, neurologiste, autres) est indiquée afin d’ obtenir un résultat optimal. Le traitement des troubles du sommeil secondaires nécessite un traitement aussi optimal que possible de la maladie de base, ainsi qu’ un ajustement médicamenteux des patients en tenant compte des propriétés perturbatrices du sommeil de certains médicaments somatiques.

Diagnostic des troubles du sommeil

En premier lieu, il convient de déterminer si les troubles du sommeil dont le patient fait état ont une valeur pathologique ou s’ il s’ agit uniquement d’ un comportement de sommeil erroné ou d’ un trouble de la perception du sommeil. Pour ce faire, il est possible d’ utiliser l’ agenda du sommeil et l’ actigraphie, en plus d’ une anamnèse personnelle et externe approfondie. Si au niveau phénoménologique un trouble du sommeil est constaté, il s’ agit alors de rechercher les causes. Il faut tout d’ abord découvrir ou exclure les causes somatiques décrites ci-dessus (co-morbidités somatiques, médicaments potentiellement perturbateurs du sommeil) et les causes psychiques (facteurs de stress, maladies psychiques).
Comme ce processus diagnostique complet peut durer longtemps selon les cas avant d’ atteindre une certaine clarté, il est souvent nécessaire de traiter l’ insomnie de manière symptomatique en parallèle.

Cela se justifie également par le fait qu’ un traitement spécifique supplémentaire de l’ insomnie est souvent nécessaire même si on trouve et traite une cause.

Il existe des options médicamenteuses et non médicamenteuses pour le traitement de l’ insomnie (9).

Traitement de l’ insomnie chez les personnes âgées (Tab. 1)

Mesures non médicamenteuses

Parmi les mesures non médicamenteuses, à relever surtout des heures de sommeil et d’ éveil constantes (renforcement du processus C), éventuellement combinées avec une restriction de sommeil et une sieste limitée (renforcement du processus S).

L’ utilisation individuellement adaptée de la luminothérapie (agit sur le processus C) ainsi que toutes les mesures d’ hygiène du sommeil (les deux processus sont concernés) sont d’ autres possibilités thérapeutiques non médicamenteuses qui agissent directement sur ces deux processus de régulation du sommeil. L’ activité physique au sens d’ une activité sportive d’ intensité moyenne a également un effet positif de soutien, tout comme les thérapies actives créatives et stimulantes sur le plan intellectuel (ergothérapie, art-thérapie). Ces activités peuvent également servir pour stabiliser le rythme circadien en les pratiquant toujours à des heures fixes de la journée. Récemment, des études contrôlées ont mis en évidence l’ effet positif de l’ activité physique et du sport sur l’ amélioration des troubles du sommeil et de la dépression. Les programmes d’ intensité moyenne avec une fréquence de trois séances d’ entraînement par semaine pendant trois à six mois étaient particulièrement efficaces. Plus de 50 % des études examinées ont montré des effets positifs sur les troubles du sommeil ainsi que sur l’ amélioration de la dépression en général (10).

Chez les personnes âgées, les activités et programmes sportifs devraient être utilisés en cas de dépression ou/et d’ insomnie, en concertation avec les médecins traitants et sous leur supervision.

Traitement médicamenteux

En cas de troubles du sommeil, il faut toujours commencer par utiliser des méthodes non médicamenteuses, mais il est parfois indispensable de recourir à des médicaments favorisant le sommeil. Les hypnotiques benzodiazépines et les analogues des benzodiazépines (les substances Z comme le zolpidem) sont les plus utilisés, mais uniquement pour une utilisation à court terme. Ils sont autorisés pour le traitement de l’ insomnie, mais doivent être administrés avec beaucoup de retenue, surtout chez les personnes âgées, en raison de leur profil d’ effets secondaires (surtout le risque de chute, les troubles cognitifs, la tolérance et les problèmes de dépendance).

Si un traitement médicamenteux prolongé de l’ insomnie est nécessaire (en cas d’ insomnie primaire ou secondaire), des substances de la classe des antidépresseurs ou des antipsychotiques peuvent être administrées (cf. tableau 2).

Lors de l’ utilisation de ces substances chez les personnes âgées, c’ est le profil d’ effets secondaires de chaque substance qui détermine le choix. En principe, aucune substance présentant des effets secondaires anticholinergiques (notamment sécheresse buccale, rétention urinaire, constipation, troubles de l’ accommodation et cognitifs) ne devrait être utilisée chez les personnes âgées; en présence de co-morbidités, il faut surtout faire attention au potentiel de déclenchement de troubles moteurs extrapyramidaux, à l’ allongement de l’ intervalle QT et à l’ induction d’ un état métabolique diabétogène ou d’ un syndrome métabolique.

Après clarification du profil d’ effets secondaires et d’ éventuelles co-morbidités, il convient d’ utiliser chez les personnes âgées avant tout des substances qui n’ induisent pas de grandes modifications de l’ architecture du sommeil et qui provoquent de préférence une augmentation du sommeil profond sans suppression du sommeil REM (comme p. ex. la trazodone, l’ agomélatine, la mirtazapine ou, dans la classe des antipsychotiques, surtout la quétiapine et le pipampérone) (cf. tab. 2). L’ utilisation de ces substances s’ oriente – comme mentionné ci-dessus au profil des effets secondaires et se voit limitée par la présence d’ éventuelles co-morbidités (5).

On oublie souvent l’ agoniste de la mélatonine Circadine, qui est autorisé pour les troubles du sommeil chez les personnes âgées et qui contrecarre la diminution de la force du processus C avec l’ âge.

Une nouvelle option de traitement est disponible depuis la fin de l’ année dernière: le daridorexant, un antagoniste des récepteurs de l’ orexine. Il entraîne une amélioration de l’ endormissement et du maintien du sommeil, une augmentation du sommeil profond et du sommeil paradoxal et se caractérise surtout par une bonne tolérance, sans dépendance physique, ce qui en fait une option de traitement sérieuse, notamment pour les patients âgés (11). Le traitement des troubles du sommeil chez les personnes âgées ne se limite toutefois jamais au seul traitement médicamenteux, il faut toujours inclure des éléments de traitement non médicamenteux. Après un diagnostic minutieux et une anamnèse du sommeil, le traitement doit être planifié et mis en œuvre de manière personnalisée en fonction de la constellation présente chez chaque patient, avec comme objectif le traitement complet du trouble du sommeil et la restauration des capacités physiques et mentales.

Nécessité de la prévention

Une insomnie non traitée entraîne un risque accru d’ apparition de maladies physiques, notamment cérébrovasculaires, cardiovasculaires et métaboliques (diabète de type II, syndrome métabolique), mais aussi de maladies psychiques, notamment des troubles anxieux, cognitifs et de dépression.

Il est donc impératif de traiter rapidement et systématiquement les troubles du sommeil ayant valeur de maladie.
Le risque d’ apparition de troubles du sommeil chez les personnes âgées peut être réduit en respectant un rythme jour-nuit régulier avec des heures de sommeil fixes ( le coucher en règle générale pas avant 22h30) et des horaires réguliers de prise de nourriture. Une sieste peut être autorisée à midi, mais au maximum une demi-heure et pas après 15 heures.

S’ y ajoutent des mesures visant à maintenir la forme physique et mentale et le respect des mesures d’ hygiène du sommeil. Toutes ces mesures comportementales jouent un grand rôle dans la prévention des troubles du sommeil et de la dépression et peuvent être appliquées par les personnes âgées elles-mêmes.

Cet article est une traduction de «der informierte arzt – die informierte ärztin 03_2024»

Copyright Aerzteverlag medinfo AG

PD Dr. med. Dr. phil. Ulrich Michael Hemmeter

Chefarzt Psychiatrie St. Gallen Nord
Zürcherstrasse 30
9500 Wil

L’ auteur n’ a pas déclaré de conflit d’ intérêts en rapport avec cet article.

1. Hatzinger M, Hemmeter U, Hirsbrunner T, Holsboer-Trachsler E, Leyhe T, Mall JF, Mosimann U, Rach N, Trächsel N, Savaskan E. Empfehlungen für Diagnostik und Therapie der. Depression im Alter. Praxis 2019; 107(3): 127–144.
2. Hemmeter U., Suidizalität erkennen und einschätzen, der informierte Arzt, 2023, 10, 13–16
3. Holsboer-Trachlser et al, Die somatische Behandlung der unipolaren depressiven Störungen: Update 2016, Teil 1, Die Akutbehandlung depressiver Episoden, SWISS MEDICAL FORUM – SCHWEIZERISCHES MEDIZIN-FORUM 2016;16(35):716–72
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